Pour les Houria Bouteldja et Rokhaya Diallo, la France est un pays irréductiblement colonialiste envers les populations d'origine étrangère, l'État français structurellement raciste et sa dette envers les descendants d'esclaves ou de colonisés, inextinguible.
L'immigration arabo-africaine est donc devenue le prix à payer, et quiconque s'oppose à la fin souhaitée de cette France blanche est invité à la quitter !
Ils se définissent comme indigénistes, décolonialistes voire racialistes. Ils veulent abolir « le privilège racial blanc » - en fait la France éternelle, celle qui s'est faite sans eux - et établir une sorte de non-mixité ethnoculturelle, bannir peu à peu le Blanc de l'espace public, ce qui, il faut bien l'avouer est l'aboutissement tardif mais logique de la discrimination positive. Ils ont inventé une novlangue et des expressions comme blanchité structurelle, blantriarcat oppressif se sont créés un ennemi fantasmagorique le mâle blanc. Ils veulent légitimer le grand effacement des peuples blancs historiques par des peuples exotiques d'importation. De la France aux Français à la France aux foncés Comme l'explique très clairement Rokhaya Diallo dans son ouvrage au titre très explicite : À nous la France « La France blanche a vécu et ceux qui n'aiment pas cette nouvelle France en devenir peuvent la quitter »
Aux sources de la pensée indigéniste
Plusieurs courants alimentent la pensée indigéniste.
- Le vieux courant tiers-mondiste dont le soubassement historique essentiel est la revanche contre l'homme blanc que l'on doit acculer à la repentance perpétuelle. Comme l'écrivait Frantz Fanon, «le Blanc est enfermé dans sa blancheur le Noir dans sa noirceur». L'esclave et le colonisé d'hier doivent sortir de cet état d'esprit pour s'affirmer mettre en accusation l'oppresseur lui donner mauvaise conscience comme préalable au repentir le fameux «sanglot de l'homme blanc».
- Le modèle américain de la lutte pour les droits des Noirs, à travers la figure de Malcom X, leader de la Nation of islam (qui se réjouissait de l'assassinat de Kennedy en tant qu'homme blanc), surtout pas Luther King vu comme un nègre instrumentalisé par les Juifs.
- Le déconstructivisme né de la « French Theory » Bourdieu, Foucault, Deleuze, Guattari et Derrida conceptualisent les principes de domination symbolique de la narrativité, de la déterritorialisation qui permet aux « oppressés » d'hier de se doter d'une légitimité historique. Ce discours a été repris sur les campus américains via les X-Studies développant les études liées au genre, à la race et dont le but est de détruire tous les héritages historiques et culturels enracinés, discours s'inscrivant dans une dialectique dominant/dominé étendue à tous les sujets. Penser les conditions de l'oppression minoritaire, voilà le socle idéologique qui a abouti en 1980, sur le campus de Stanford, à la fameuse controverse du curriculum studiorum : finis les programmes d'études autour de l'analyse de Dante, Platon, Darwin... Place à un module intitulé «cultures, idées, valeurs» mettant en avant la littérature féminine, africaine, asiatique et autres cultures indigènes.
Reconstruction et affirmation d’une nouvelle identité
Après 30 ans de pensée déconstructiviste, les indigénistes « Français malgré eux» se sont recréés une identité historique totalement recomposée et artificielle, qui a généré chez eux une frustration revancharde, de racisme anti-blanc, se percevant en permanence comme des descendants d'esclaves, de colonisés, de Palestiniens gazaouis... les quartiers d'aujourd'hui étant la suite logique des lieux d'exclusion que furent les plantations d'hier ! À la lutte des classes marxistes de la gauche d'hier s'est substituée la guerre des races doublée d'une sorte de téléscopie spatio-temporelle, une superposition des continents et des époques où se mélangent les cités du 93 et les townships sud-africains, Clichy et Gaza, Bobigny et la traite, une France fantasmée qu'il faut déstructurer définitivement afin d'y vivre sa différence assumée. D'où l'entretien d'un sentiment de déclassement inéluctable perpétuel alimentant un ressentiment contre la France et les Français qu'Houria Bouteldja a affublé de joli nom de Souchiens... Pour eux, c'est la fracture coloniale qui expliquerait la situation de fragilité et de marginalisation des enfants issus de l'immigration. D'où l'appel lancé en 2005 par Les Indigènes de la République : « Nous, fils et filles d'immigrés, nous sommes engagés dans la lutte contre l'oppression et la discrimination produits par la République post-coloniale. Il faut en finir avec des institutions qui ramènent les populations issues de la colonisation à un statut de sous-humanité. » Léonora Miano, autre figure de la mouvance, estime que « l'immigration africaine est la facture à payer pour la colonisation et la traite et provoquera un changement de population inéluctable, que nous le voulions ou non ».
Leur projet de société : un apartheid inversé
Les indigénistes posent problème à la gauche blanche républicaine qui milite pour l'intégration et l'assimilation dans le vaste creuset citoyen : tous Français pourvu que soit respecté le contrat social républicain. Les indigénistes, eux, prônent la dissolution du pacte républicain qu'ils estiment vicié en tant que système de reproduction des structures de domination. Aux thèses assimilationnistes républicaines, ils opposent le racialisme et le repli communautaire. La gauche antiraciste découvre ainsi avec stupeur que les affinités sociales sont désormais largement supplantées par les appartenances raciales et de genre. Une dérive de « spécialisation communautaire» entamée au sein même de la mouvance antiraciste dès le début des années 2000. Au modèle français est désormais préféré le modèle multiculturaliste anglo-saxon : la juxtaposition d'identités tribales éclatées (au nom de la désaliénation à la culture blanche dominante) et la dénationalisation de l'histoire de France pour y substituer un amoncellement ségrégatif de pratiques ethniques et religieuses déracinées. Inspiré par la radicalité des luttes raciales outre-Atlantique, et à la faveur d'une relative docilité des pouvoirs publics à leur égard (notamment des maires par lâcheté et pur électoralisme), l'indigénisme ne cesse d'amplifier sa pression sociétale. Ses militants réclament désormais la mise à disposition d'espaces de non-mixité raciale ou la ségrégation s'exerce à rebours. Cette revendication ne saurait être contestée, sauf à se voir suspectée d'ingérence raciale voire de racisme, mot incapacitant entre tous... Vaincre l'ennemi sans le combattre, en le culpabilisant, en le désarmant moralement pour le conquérir politiquement et le soumettre démographiquement.
Une offensive tous azimuts
Après l'appel des indigènes de 2005 signés entre autres par le PCF la LCR, des responsables syndicaux et associatifs, c'est dans une tribune du Monde que la classe politique stupéfaite découvre le projet signés par le footeux Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Marc Cheb Sun, les historiens François Durpaire et Pascal Blanchard, ils appellent de leurs vœux la construction d'une République multiculturelle et post-raciale. Ils récusent qu'il puisse exister une identité française héritée, inscrite dans l'histoire : « Personne n'a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu'est l'identité française. » L'indigénisme se constitue à partir d'associations et d'initiatives camp d'été décolonial (interdit aux Blancs), Brigade anti-négrophobie, Collectif contre le contrôle au faciès... Peu d'adhérents mais une bonne implantation au sein de l'université française, des médias (Delphine Ernotte, présidente de France TV n'a-t-elle pas été dans leurs sens en déclarant qu'« on a une télé d'hommes blancs de plus de 50 ans et ça, il va falloir que ça change pour qu'il y ait des femmes, des jeunes de toutes origines »), et des réseaux sociaux. Minoritaires et opprimés de tous poils, tous ensemble dans la convergence des luttes indigénistes, LGBTQ, féministe... dans la grande compétition victimaire.
Notre position
Nous, nationalistes et racialistes blancs, partageons deux choses avec eux la lutte contre le modèle républicain d'assimilation et d'intégration comme vecteur de l'idéologie du métissage, la défense de nos identités ethnoculturelles respectives. Nous ne pouvons qu'approuver leur repli communautaire qui évite les funestes mélanges. Toutefois, nous sommes chez nous, sur la terre de nos ancêtres. Le communautarisme n'est qu'une position d'attente, temporaire avant le remigration définitive et sans retour. Une véritable course contre la montre car s'il leur prenait l'envie de la partition territoriale, une jurisprudence de l'ONU pourrait s'appliquer celle du Kosovo. « Comment peut-on éviter la partition? Car c'est quand même ça qui est en train de se produire » a dit François Hollande en 2006.
Eugène Krampon Réfléchir&Agir N°66 Été 2020