La Guerre des Gaules est le nom donné à la conquête des territoires Gaulois par Rome s'étalant de l'an -58 à -50 et à la fois le titre du livre de Jules César relatant de ces mêmes évènements, Bellum Gallicum en version originale. Bien que la version du Proconsul soit la plus grande source écrite d’informations que nous ayons, l’œuvre est très subjective. Mais cette guerre trouve ses causes bien des décennies auparavant, ce qui la rend un tantinet complexe, bien que de mieux en mieux documentée grâce à l'archéologie. De mon côté je me concentrerai surtout sur le déroulement du conflit en Auvergne ou sur le rôle des Arvernes.
De -125 à -121 avant JC, les Salyens, une Tribu Celtique des environs de Massilia (Marseille), soutenus par les Arvernes et les Allobroges (Savoie), attaquent la Cité Phocéenne. Cette dernière fait appel aux Romains qui s’allient aux Eduens (Bourgogne), alors rivaux des Arvernes. Les Italique sortent vainqueur de la confrontation et colonisent donc la partie méridionale des Gaules allant des Alpes aux Pyrénées alors nommée la Gaule Narbonnaise. La capitale des Salyens, Entremont, est détruite et le Roy Arverne Bituit est défait à Valence ce qui met fin à son règne. Les Romains démantèlent en partie la Confédération Arverne et imposent en Auvergne une assemblée de magistrats locaux qui leur sont politiquement favorables. Dans le Sud, Aquae Sextiae (Aix-en-Provence) et Narbo Martius (Narbonne) sont fondées.
A partir de là les Romains marchent sur les autres Cités Celtiques cherchant à résister à leur influence, et les terres des peuples vaincus sont confisquées dès -118 au profit de Rome. C’est aussi là que la mer Méditerranée devient Mare Nostrum pour les Romains.
En -113 des Germains Cimbres et Teutons déferlent sur les Gaules, menaçant à la fois les Celtes locaux et les récentes conquêtes Romaines. Les années suivantes voient de nombreuses batailles entre Gaulois et Germains, entre Romains et Germains mais aussi certaines Cités Celtiques conquises en Narbonnaise profitent du chaos ambiant pour se soulever contre Rome, qui de son côté cherche à étendre son influence sur les Gaules, la Germanie et la (Grande) Bretagne.
En -80 chez les Arvernes, Celtillos tente de restaurer la Monarchie à son profit afin de rétablir l’indépendance et la puissance de sa Cité, mais il sera exécuté par les Aristocrates pro-Romains dont son frère Gobannitio fait partie.
En -69 les Eduens (Bourgogne) se disputent les droits sur la Saône avec les Séquanes ce qui débouche sur un conflit armé. Les Séquanes (Tribu du Jura) font appel aux Arvernes et aux Germains dirigés par Arioviste, ils infligeront une sévère défaite aux Eduens à Admagetobriga (Amage, Franche-Comté).
En -53 Jules César inquiétés par les conflits armés entre pro-Romains et anti-Romains au sein de mêmes Cités Gauloises, ainsi que par les nombreuses guérillas menées un peu partout contre les soldats de Rome depuis des années, décide de renforcer ses effectifs et dirige alors 10 légions afin de pacifier les Gaules. Dans le même temps Vercingétorix, le fils de Celtillos, est chassé de Gergovie par son oncle Gobannitio pour avoir repris à son compte les ambitions Monarchiques de son père. Mais avec une poignée d’hommes il revient bouter ses ennemis hors de sa Cité et est proclamé Roi avec le soutient de son peuple. Il prépare alors en secret avec d’autres chefs une insurrection pour débarrasser les Arvernes et leurs alliés de l’oppression Romaine. César pense que la principale de ces réunions secrète aurait eu lieu dans la forêt des Carnutes, le même lieu où il dit que les Druides Gaulois se réunissaient annuellement.
Il faut bien noter que les Celtes sont divisés sur la conduite à tenir durant ces décennies où Rome s’impose peu à peu. Certains estiment que se joindre à Rome serait bénéfique pour eux tant politiquement qu’économiquement tandis que les autres tiennent à leur indépendance, et souvent au sein d’une même Tribu les tensions peuvent devenir catastrophiques : on a vu le cas de l’exécution de Celtillos par son propre frère Gobannitio en -80, on a aussi le Roy des Carnutes, Tasgetios, que César a mis à leur tête en -56, qui sera assassiné par son propre peuple en -54. Si certains Aristocrates profitent des Romains pour se maintenir au pouvoir comme chez les Arvernes ou les Eduens, d’autres couches de la population sont affaiblies par la situation, comme des propriétaires se faisant spolier des terres ou réquisitionnés de la nourriture au profit de l’Armée Romaine, ou des commerçants défavorisés volontairement au profit d’homologues Latins, plus globalement la population soumise à des prêts usuraires élevés, à des corvées pour l’occupant, voire jusqu’à la mise en esclavage pour dettes.
La Guerre des Gaules entre Vercingétorix et César débute en -52 quand les Carnutes (Tribu de la Beauce) massacrent les Romains vivant dans leur capitale Cenabum (Orléans), dont C. Futius Cita, Chevalier envoyé par le Proconsul pour l’intendance des Gaules, suivis par des Eduens faisant de même à Cabillonum (Châlons-sur-Saône, Bourgogne), ville portuaire, mettant en péril la vieille alliance entre Rome et les autres Cités Eduennes. En effet les Eduens tout au long de la guerre auront une attitude ambigue tant envers les Romains qu'envers les autres Cités Celtiques. César se met en marche avec ses troupes, appuyées par des mercenaires Germains, pour laver cet affront. Mais Vercingétorix impose la politique de la terre brûlée, c’est-à-dire que ses troupes brûlent tout ce qu’ils ne peuvent pas transporter et qui servirait à leurs ennemis à se ravitailler, ce qui a pour effet d’affamer et d’épuiser les Romains évoluant en Gaule.
Avaricum (Bourges, Berry), est la capitale des Bituriges, restée intacte, car ils ont refusés de pratiquer la politique de brûlée voulue par Vercingétorix. Les Romains affamés arrivent jusqu’à cette Cité qu’ils assiègent pendant 25 jours. Les légions l’emportent finalement, mais les Bituriges ont opposé une farouche résistance. Ils ont réussi par exemple à copier les armes de siège qu'utilisent les Romains pour riposter depuis l'intérieur de la ville. Les Arvernes ne participent pas à la bataille mais observent les techniques de guerre Romaine. Quand les légions entrent finalement dans la Cité ils massacrent la quasi-totalité de la population pour servir d'exemple à tous ceux qui ont osé défier leur puissance, et se réapprovisionnent après des semaines de privations dues à la politique de la terre brûlée menée jusque-là .Les troupes de Vercingétorix arrivent à récupérer quelques survivants qui rejoindront alors la coalition.
Jules César et ses troupes poursuivent la coalition jusqu’en Auvergne, Vercingétorix cherchant certainement à rejoindre Gergovia. Voilà qui nous amène forcément à la fameuse Bataille de Gergovie, bien que le nom soit un peu trompeur. En effet le combat n’a pas eu lieu à Gergovie même, ni spécifiquement devant ses murs, mais sur une aire qui était « encerclée » par 3 oppida : Gergovia au Nord-Ouest, Gondole au Nord-Est et Corent au Sud-Est, tous distants à moins d'à peine quelques kilomètres les uns des autres et logeant les nombreux guerriers de la coalition pour l’occasion. César est tombé dans un piège. Les Eduens envoient une troupe pour se battre aux côtés des Romains, dirigée par Litavic ou Litavicos. Cependant, ce chef n'avait pas l'intention d'aider César, il a passé tout son voyage à expliquer à ses hommes que la cause de Vercingétorix était la plus juste et que les Gaulois étaient des peuples frères, qu'il fallait combattre les ambitions du Proconsul. A la surprise générale ce groupe d'Eduens rejoint les Arvernes pour attaquer les légions.
Les Gaulois remporteront une éclatante victoire, obligeant les Romains à battre en retraite.
César rallie Labienus, chef des troupes Romaines combattant les Celtes Parisii (Paris), qui venait de l’emporter sur leur Roi Camulogène. Ils se retrouvent à Agedincum (Sens, Cité des Sénons) puis avec l’armée reconstituée tentent de rejoindre la Gaule Narbonnaise afin de grossir leurs rangs. Mais Vercingétorix lui coupe la retraite et envoie sa cavalerie pour l’attaquer près d’Alésia (Alise-Sainte-Reine), qui est un oppidum des Mandubiens. Les Romains remportent la bataille et la coalition se réfugie dans Alésia, qui était en fait préparée à un siège. Une armée de secours composée des guerriers de différentes Cités alliées à Vercingétorix était déjà convoquée avant l’affrontement de cavalerie, afin d’encercler les Romains qui assiègeraient l’oppidum. Le but final était d’écraser les légions entre Alésia et l’armée de secours, façon « marteau et enclume ». La coalition avait tendu un deuxième piège à César.
Les Romains assiègent Alésia comme prévu. Ils dressent une double palissade : une autour de l’oppidum, une autre autour des légions afin de les protéger des agressions extérieures.
L’armée de secours tarde à arriver, et les effectifs sont bien moindres à ce qui était espéré par Vercingétorix. De plus la politique de la terre brûlée appliquée pendant des mois les a affectés autant que les Romains. Pour couronner le tout, les défenses des légions sont plus que performante. Certains auteurs avancent d’autres explications comme le manque d’organisation de l’armée de secours ou les rivalités entre ses chefs, voire l’inaction d’une partie des guerriers au moment décisif à cause d’augures défavorables. Toutes les hypothèses pourraient même se compléter, mais il n’y a pas de sources sûres pour le confirmer. En tous les cas l’assaut final n’arrive pas à venir à bout de César.
Après cette défaite, Vercingétorix réuni le Conseil Armé, peut-être pour leur faire part de sa décision de se rendre aux Romains contre la vie des habitants d’Alésia et des guerriers de la coalition. A moins que ce soit le Conseil qui ait livré leur chef à César, en tous les cas le fils de Celtillos déposera les armes aux pieds de César selon un vieux rituel nommé le Devotio ou sacrifice du chef. Les prisonniers de guerre Arvernes et Eduens auraient été libérés tandis que les autres combattants auraient été offerts comme esclaves aux légionnaires, un Celte par soldat. Vercingétorix sera enfermé à Bibracte (Mont-Beuvray), la capitale des Eduens où César prendra ses quartiers et écrira Bellum Gallicum, puis le chef Arverne sera livré à Rome.
C’est officiellement la fin de la Guerre des Gaules, et l’organisation de ces territoires comme provinces Romaines, qui amène à la Pax Romana et le début de l’ère Gallo-Romaine. Pourtant les années qui suivent verront nombre de soulèvements des divers peuples récemment soumis, ces troubles s’ajoutant à la Guerre Civile à Rome entre les partis de César et de Pompée qui commence en -50 et dont certaines Cités Celtiques mais aussi Ligures, et Massilia prendront prétexte pour se rebeller contre celui qui vient de Pacifier les Gaules. Mais les Arvernes ne s’en mêleront pas cette fois-ci. Cela dit l'Histoire montre que contrairement à la légende, Vercingétorix n'a jamais pu réunir tous les Gaulois sous sa bannière, et que la Pax Romana n'a de paix que le nom.
http://nationarverne.hautetfort.com/archive/2020/09/08/la-guerre-des-gaules-6261950.html