Rassemblement pour la messe, dimanche
15 novembre, St-Maur-des-Fossés (94).
© Michel Pourny
Les catholiques manifestent devant les cathédrales et les églises pour demander la liberté de la messe. Le ministre de l’Intérieur réunit les autorités religieuses. Entre l’impératif sanitaire et l’exigence religieuse y a-t-il un compromis possible ?
De multiples rassemblements ont eu lieu à travers la France, notamment devant les cathédrales, pour demander à nouveau le retour de la messe. Parmi ces rassemblements, celui de Nice, devant Notre-Dame de l’Assomption, prenait une signification particulière, eu égard au caractère symbolique de cette basilique. On ne peut tenir pour négligeable cette demande ardente des catholiques, même si elle se traduit malaisément dans un langage areligieux. Le problème est de savoir, du point de vue du bien commun, si elle est déraisonnable. On sait que la Conférence des évêques de France n’est pas favorable à la décision brutale de fermeture des lieux de culte et qu’elle a demandé au Conseil d’État de reconnaître son bon droit. Le Conseil a donné un avis défavorable à ce recours, mais les négociations se poursuivent avec le pouvoir. Ce matin-même, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et d’ailleurs en charge des relations de l’État avec les autorités religieuses, les rassemble pour étudier, selon ses propres termes « les conditions dans lesquelles pourraient se tenir à nouveau des cérémonies dans les lieux de culte en fonction de l’évolution sanitaire ».
Donc, il n’y a pas fermeture totale du point de vue de l’État, et il faut s’attendre encore à la définition de difficiles équilibres. On sait aussi que cette question de la messe soulève dans le monde catholique de sérieuses controverses. Certains sont carrément d’avis que l’impératif sanitaire est d’une urgence absolue, et qu’une revendication d’exception est irrecevable. D’autres, ceux qui manifestent, estiment qu’il y a possibilité de concilier cet impératif avec l’exercice de la liturgie et que l’interdiction de celui-ci constitue une grave atteinte à la liberté de conscience. L’attitude de l’épiscopat semble leur donner raison, et elle s’explique en vertu de l’identité ecclésiale qui est, avant tout, eucharistique. N’est-ce pas le Père de Lubac qui nous rappelait que l’Église « corps mystique » a été appelée parfois caro mystica, c’est-à-dire « chair mystique » ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1§ novembre 2020.
Sources : https://www.france-catholique.fr/