Le 9 décembre prochain devrait être présenté le projet de loi sur « l’islam radical », dont l’ancien intitulé consistait à lutter contre « le séparatisme », ce qui n’est pas exactement la même chose, les islamistes radicaux n’ayant que peu à voir avec les séparatistes corses ou kanaks. En revanche, une constance demeure : préserver les éternels « principes républicains ». Et c’est évidemment là que le temps se couvre.
Tel qu’il se doit, « la haine en ligne » est dans le collimateur. Haine de quoi ou de qui ? Voilà qui n’est pas plus défini que les mêmes « principes républicains ». Puis, deux modifications du Code pénal sont encore prévues. L’une relative à « la mise en danger de la vie d’autrui par divulgation d’informations à sa vie personnelle » ; l’autre aux « pressions exercées sur les agents du service public ». On imagine que les terroristes, confirmés ou même apprentis, en tremblent à l’avance.
Et le garde des Sceaux d’affirmer : « Trop de personnes qui n’ont rien à voir avec la presse viennent profiter du bouclier de la loi de 1881 qui protège la liberté d’expression pour distiller des discours en rupture avec les valeurs de la République. » Une fois décrypté ce salmigondis, il est licite de penser que les autorités font référence à la décapitation de Samuel Paty, jeté en pâture sur les réseaux sociaux avec le résultat qu’on sait. Mais si tel est le cas, pourquoi ne pas le dire clairement au lieu de tourner autour du pot de thé à la menthe ?
En revanche, il est clair, là, qu’il n’est fait nulle part référence à l’immigration de masse, pourtant vivier évident de ces terroristes, ce qui aurait pourtant été un bon début. De même, Éric Dupond-Moretti aurait pu aussi évoquer ce laxisme judiciaire, en grande partie à cause duquel des voyous multirécidivistes et jamais condamnés finissent, faute de repères, par tomber dans cet islamisme de combat donnant souvent un sens à une vie qui n’en a pas. Mais il est vrai qu’à lui comparé, Christiane Taubira, c’était Raymond Marcellin.
Bref, le gouvernement peine à nommer les choses, incluant manifestement dans cette « haine en ligne » d’autres « haines », réelles ou arbitrairement tenues pour telles ; celle de « l’extrême droite », pour ne citer que ce seul exemple. « Aujourd’hui, le plus grand nombre des attentats qui sont commis en Europe ne sont pas des attentats islamistes, mais des attentats d’extrême droite », assurait Jean-Luc Mélenchon, ce lundi 26 octobre, sur France Inter. Propos passablement délirants, mais qui ne font, finalement, que refléter le discours des plus hautes instances européennes.
Ainsi, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler pointe-t-elle ces parallèles en trompe-l’œil, dans Le Point de ce 18 novembre. De quoi s’agit-il ? Tout simplement des travaux financés par le Programme-cadre pour la recherche et le développement économique (PCRD), lesquels sont soigneusement sélectionnés : « Il faut répondre à des appels de projets par des fonctionnaires obsédés par le politiquement correct, qui ne veulent stigmatiser personne. Par exemple, le djihadisme ne peut être abordé que si l’on promet d’étudier également un autre radicalisme, même s’il ne lui est pas lié. Ainsi, pour évoquer la question du devenir des djihadistes et de leurs enfants restés sur zone, la Commission a rédigé un appel intitulé “Appel à projets pour le désengagement et la réintégration des délinquants extrémistes et des individus radicalisés à l’extrême droite violente et à l’extrémisme islamiste. »
Au final ? « Ce système a entraîné l’émergence de réseaux transnationaux (universitaires, experts, ONG) rompus à l’exercice. Ces spécialistes en projets européens vont régulièrement téter à la mamelle européenne pour financer leurs projets inclusifs sur l’immigration, l’intégration et le djihadisme. »
Il serait intéressant d’entendre ce que pensent Éric Dupond-Moretti et ses collègues de cette question, même s’il est à craindre que nous n’ayons pas fini d’attendre, tant ils sont aveuglés par une autre haine : celle de la réalité.