La commission d’enquête du Sénat, sur la gestion de la crise sanitaire, dévoile ses conclusions, ce jeudi 10 décembre. Et, selon Le Monde, le directeur général de la santé (DGS) « est dans le collimateur des sénateurs ». Jérôme Salomon aurait, en effet, essayé de modifier un avis remis en août 2018 à l’agence Santé publique France (SPF) par le professeur Jean-Paul Stahl, du CHU de Grenoble.
Le rapport évalue le besoin à un milliard de masques, Jérôme Salomon en commande 100 millions
Ce rapport d’experts donne des recommandations en cas de pandémie grippale, notamment sur les masques. En partant de l’hypothèse que 30 % de la population soit atteinte, le document évaluait un besoin d’un milliard de masques.
Par un courrier daté du 26 septembre 2018, Jérôme Salomon aurait été informé que l’état des stocks de masques (et des médicaments) « ne permet pas de disposer de moyens de protection contre une éventuelle pandémie » et recommande d’œuvrer dans le but de « disposer d’un stock avant le deuxième trimestre 2019 ».
Toujours selon Le Monde, le 30 octobre 2018, Jérôme Salomon autorise Santé publique France à commander 50 millions de masques, voire 100 millions en fonction des possibilités financières, très en deçà des préconisation du rapport de Jean-Paul Stahl. Puis le DGS cherche alors « à enterrer cette partie du rapport » en proposant, notamment, de « modifier la rédaction de certaines formulations » afin de permettre « aux autorités de définir le stock nécessaire en prenant en compte notamment les disponibilités des produits sur le marché ».
Des faits « extrêmement graves »
Les sénateurs de la commission d’enquête dénoncent la « pression directe » exercée par Jérôme Salomon sur Santé publique France, « pour empêcher la publication d’un rapport d’experts qui contredirait ses décisions ».
Le jeudi 10 décembre, sur Europe 1, Bruno Retailleau a abordé cette affaire et qualifié les faits rapportés par la commission d’enquête au Sénat d’« extrêmement graves. Jérôme Salomon a fait pression sur un comité d’experts pour que celui-là modifie ses conclusions en matière de stocks de masques. »