Alors que l’on dit redouter l’arrivée, sur notre territoire, d’un variant anglais, danois ou sud-africain… un grand voyageur témoigne de la terrifiante désorganisation régnant dans les aéroports français.
Des obligations professionnelles vous ont conduit en Afrique. À votre retour, samedi dernier, et alors que la peur des « virus variants » monte en France, vous êtes très surpris de constater qu’aucun contrôle efficace des voyageurs n’est prévu…
En effet. Alors que les médias nous affirment que les frontières exercent leur rôle de barrière sanitaire, force est de constater une certaine porosité du dispositif.
Appelé à voyager tous les mois en direction, principalement, du continent africain, je n’ai pas vu les mesures de protection se renforcer, bien au contraire.
Ainsi, il y a encore quelques semaines, un test PCR était demandé au départ du pays où je travaillais. Cette mesure a disparu dès le mois de décembre au motif, je suppose, que le contrôle s’effectue désormais à l’arrivée.
Certes, le port du masque est exigé dans l’enceinte des aéroports de départ et de destination, et les compagnies aériennes exigent son maintien sur le visage pendant toute la durée du vol… à l’exception notable du (ou des) repas. L’étroitesse des sièges en classe économique place alors chaque passager démasqué à mois de 50 centimètres de ses voisins. Pendant le repas, où poser son masque ? La tablette est étroite, le plateau repas modeste mais encombrant. Le masque tombe alors, au choix, sur le sol ou sur les genoux du passager le plus proche…
En vol, enfin, un formulaire « COVID » est distribué à tous. Les stylos valsent de main en main, et on y inscrit, pour ceux qui savent écrire, tous les renseignements « nécessaires » pour retrouver, je suppose, les éventuels cas contacts. Les hôtesses ramassent le tout et je doute que cette masse d’informations ne vienne enrichir une quelconque base de données.
Dès le poser de l’avion à Roissy-CDG, une nouvelle annonce vient sortir le voyageur de sa torpeur. Les hôtesses tentent, en vain, de faire respecter une nouvelle mesure, à savoir le débarquement dans l’ordre des rangées afin « de respecter la distanciation »… Entre ceux qui n’ont pas compris et ceux qui cherchent toujours à sortir plus vite de l’avion, la cohue reste la même qu’autrefois, sauf, d’ailleurs, sur les lignes intérieures. Autre catégorie de passagers ? Les portes de l’appareil ne s’ouvrant pas instantanément, on se retrouve collé au passager devant soi, lequel traîne un bagage-cabine dont on se demande comment il a pu embarquer, et poussé par celui de derrière qui pense nous faire avancer plus vite, comme à l’entrée du métro parisien.
Combien de porteurs, sains ou non, ai-je croisés pendant cette équipée depuis hier soir ? Seul un test volontaire ultérieur pourra me dire si l’un d’entre eux m’aurait contaminé.
Au petit matin, plusieurs avions arrivent à la même heure et au même terminal. Foule éparse, enfin dans les couloirs de Roissy, jusqu’au moment où se forme soudainement un goulet d’étranglement. La cause ? Trois employées assurent le fameux contrôle COVID, celui qui protège le pays des virus extérieurs et de leurs variants.
L’une d’entre elles s’époumone, en français, pour diriger vers une file dédiée ceux qui ne sont pas en possession d’un test COVID. Premier « écrémage » très aléatoire car nombre des arrivants s’engouffrent sur cette voie sans avoir compris de quoi il s’agit. Pas grave, qui peut le moins peut le plus et s’ils ont le fameux document, ils pourront vraisemblablement poursuivre leur chemin.
Pour les autres, qu’ils aient compris ou non, il s’agit de présenter le résultat d’un test PCR de moins de 72 heures et son passeport.
Enfin un vrai contrôle ? Point. La foule hétéroclite et internationale fouille alors son ou ses sacs à la recherche du document, le présente, à l’endroit ou à l’envers, aux deux autres employées postées face à un bon millier d’arrivants toujours plus nombreux. Les résultats sont, évidemment, rédigés dans la langue du pays où les tests ont été effectués. Les Chinois qui m’entourent – on sait l’intérêt actuel des Chinois pour l’Afrique -, lunettes de bricolage sur les yeux, visière en plus du masque chirurgical et… combinaison intégrale de la tête aux pieds, présentent donc un document qui pourrait tout aussi bien être leur facture d’hôtel. Aucune possibilité d’y lire, dans une langue compréhensible par les employées, les mots « COVID », « Positif » ou « Négatif ». Quant au passeport, il ne s’agit bien sûr pas de vérifier que le test est bien le vôtre, juste de coller sur la couverture une gommette blanche de 5 mm de diamètre. Dans quel but ?
Les « sans-papier COVID » sont, quant à eux, acheminés vers une zone séparée pour y subir le test… Je n’ai pas personnellement expérimenté cette option, mais un camarade de voyage m’a narré son périple avec une première file d’attente, dans une salle des bagages vide, sans sièges, le prélèvement, l’attente, le résultat, le tout en une heure environ, mieux qu’en ville. Et puis, quel que soit ledit résultat, chacun reprend son chemin ou son prochain vol en correspondance.
Et le pire, selon vous, est que non seulement ce contrôle ne sert strictement à rien, mais il s’avère même potentiellement nuisible…
En effet, avec mes covoyageurs munis de papiers, positifs et négatifs, nous poursuivons notre cheminement, serpentant vers le contrôle de police, colonne par un, mais bien serrés car « ça pousse derrière ».
Enfin un premier « contrôle » étatique..
Il est tôt, tous les guichets ne sont pas encore occupés par un fonctionnaire, le débit est toutefois fluide. Je tends mon passeport ouvert à la bonne page, je retire mon masque pour permettre au policier de m’identifier et tout se passe comme d’habitude. La pastille blanche n’a pas fait l’objet, pour le moment, du moindre regard de ceux qui, toute la journée, vont manier des passeports à la chaîne, sans se « gelhydroalcooliser » entre chaque. La valse des virus peut continuer.
Outre les différents dangers que vous avez pu déceler dans mon récit, j’ai noté que le contrôle de police s’effectuait plus rapidement qu’à l’accoutumée. Volonté de ne pas rajouter de temps d’attente au temps d’attente déjà subi entre l’avion et ce point de passage ?
Ensuite, les passagers en correspondance, lesquels bénéficient d’habitude d’un itinéraire « sous douane », sans quitter la zone sous contrôle, se voient désormais obligés de suivre le chemin « COVID », lequel les mène obligatoirement à la salle des bagages où, évidemment ils n’ont pas à récupérer de valises car celles-ci transitent normalement vers leur prochain avion.
De fait, le passager se retrouve sur le parking de l’aéroport, cherchant son chemin pour rejoindre le terminal suivant et y subir à nouveau les contrôles et fouilles réglementaires, sans avoir toutefois à présenter de test CODID car, c’est bien connu, les virus n’empruntent pas les lignes intérieures…