On était sans nouvelles de Jean-Louis Debré. Nous voilà rassurés. Le président du Conseil supérieur des archives est sorti de son
exil : « N'en faisons pas trop, a-t-il lancé à propos des célébrations du bicentenaire de la mort de Napoléon. Ce serait vu comme une provocation. »
Courage, fuyons. Bien après sa disparition, l’ombre de l’Empereur continue à faire trembler ses ennemis. Postés tels des snipers derrière les sacs de sable de leur bonne conscience, une poignée d’entre eux - indigénistes, anticolonialistes, féministes à tous crins, anti militaristes - mènent la charge. Balayant les siècles et faisant fi de tout contexte historique, cette minorité ultra-active s’élève contre le retour programmé de ce géant sur le devant de la scène. Elle lui reproche rétrospectivement d’avoir trop aimé la guerre, rétabli l’esclavage, rabaissé la femme; sans compter son faible penchant pour la démocratie.
Napoléon, s’il veut survivre, doit expier ses crimes. L’offensive n’est pas nouvelle. La figure de l’Empereur a, de tout temps, suscité la controverse. Son œuvre de législateur, son génie militaire lui valent l’admiration; son opportunisme, le coût humain de ses batailles provoquent la réprobation. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le débat n’est pas près d’être clos ; il n’en demeure pas moins un personnage inégalable et fascinant de l’histoire mondiale.
L'ombre de l'Empereur continue à faire trembler ses ennemis
Son audace, son intelligence, la démesure de ses rêves séduisirent et séduisent encore jusqu’à ses adversaires les plus acharnés. De Stendhal à Victor Hugo, en passant par Chateaubriand, les plus grands écrivains ont nourri sa légende. A Moscou comme à Londres, les collectionneurs s’arrachent ses reliques; les Chinois en sont férus.
Napoléon demeure, pour le meilleur ou pour le pire, un symbole de l’esprit de conquête qui nous fait aujourd'hui défaut. Faire renaître son épopée ne signifie pas le béatifier. Mais battre en retraite devant les purificateurs qui voudraient le condamner au silence, à l’oubli ou à la repentance serait habiller notre lâcheté en vertu.
Source : https://www.lefigaro.fr/