En tant que vice-président de Barack Obama, Joe Biden s’était rendu pas moins de six fois en Ukraine. Il y était allé autant pour créer une nouvelle crise avec la Russie que pour ses intérêts personnels. À Kiev, Biden est chez lui. Il s’y est illustré en faisant virer un procureur qui ne lui revenait pas et en plaçant son fils, Hunter, au conseil d’administration du plus grand producteur de gaz naturel du pays, Burisma Holdings, où il gagnait 50.000 dollars par mois. De nouveau à la Maison-Blanche, en tant que président cette-fois, Biden a indiqué que l’Ukraine était une « préoccupation vitale » des États-Unis et son nouveau secrétaire d’État, Antony Blinken, a déjà promis de livrer des armes létales à Kiev et de former l’armée ukrainienne.
Trump avait laissé de la latitude au président ukrainien Zelensky pour rompre avec les méthodes de l’oligarque va-t-en-guerre Porochenko, relancer l’économie et négocier la paix au Donbass, mais son bilan, au bout de deux ans, est hélas bien maigre. Biden ne laissera pas à Kiev les coudées franches. Il veut que l’Ukraine soit un coin dans les relations entre la Russie et l’Europe et a déjà montré qu’il durcirait le ton. Le président ukrainien avait promis la paix au Donbass, mais aujourd’hui, poussé par Biden, il prépare la guerre. La guerre permet de détourner l’attention et de passer sous silence tant de priorités mal gérées. Zelensky s’est donc hâté de dépoussiérer son gilet pare-balles pour se rendre sur la ligne de front avec quelques diplomates occidentaux, il y a quelques jours. Il vient de faire interdire également trois chaînes de télévision de son opposition russophone et menace les leaders de l’opposition sans que les chancelleries occidentales ne lui fassent un seul reproche sur le respect de la liberté d’expression ou de la démocratie. Curieux, non ? Zelensky a acheté aussi les fameux drones turcs Bayraktar TB2 qui ont permis à Bakou de nettoyer ethniquement l’Artsakh arménien, l’automne dernier. Et, en ce moment, l’OTAN organise des manœuvres militaires en mer Noire. Certains en concluent que l’hypothèse d’une blitzkrieg à l’azerbaïdjanaise n’est pas à exclure au Donbass.
Trump voulait laisser de l’autonomie aux Européens, pas Biden. Trump parti, Biden en profite pour souffler de nouveau sur les braises de la guerre en Europe. Moscou voit ce changement d’un mauvais œil et a rappelé où était la ligne rouge en soulignant que la Russie n’abandonnerait jamais les russophones d’Ukraine. L’Union européenne et la Russie n’ont rien à gagner d’une guerre froide qui pourrait redevenir chaude, l’Ukraine encore moins. La France comme l’Allemagne sont signataires des accords de Minsk II pour le Donbass, mais par leur inaction, elles laissent Washington (qui n’est pas signataire) décider à leur place. On nous assène que l’Union européenne, c’est la paix, mais cela dépend, en réalité, de qui est l’hôte de la Maison-Blanche. Joe Biden, quant à lui, a déjà montré qu’il préférait l’épée à la paix.
Nikola Mirkovic
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