Plus stupéfiant que les produits vendus sur les points de deal : la dernière mesure annoncée par Gérald Darmanin. Semblant partir du postulat selon lequel les forces de police ignorent où se trouvent les lieux de trafic, le ministre de l’Intérieur annonce fièrement l’ouverture d’une plate-forme – en réalité, un banal site Internet – sur laquelle chacun aura la possibilité de signaler un commerce de produits stupéfiants situé à proximité de son domicile. Le gadget hautement hallucinogène s’intitule moncommissariat.fr (pour les adeptes du képi, le service de contact numérique de la gendarmerie sera baptisé « mabrigadenumérique »).
Totalement hallucinés par l’existence d’un tel site qui tendrait à démontrer que la police vit dans un monde parallèle, les Français concernés fourniront un plan fléché menant jusqu’au lieu incriminé. Il s’agira, dans la plupart des cas, d’une cité ou d’un immeuble réputé pour ses lancers de machines à laver et de blocs de béton mais que moncommissariat.fr ne connaissait pas. Horrifié par la vision de jeunes chenapans se livrant à la revente de produits moins hallucinants que la conférence de presse de Gérald Darmanin, mais toutefois illégaux, mon commissaire à moi rentrera en son bureau et rédigera un rapport très sévère.
La partie touristique de l’opération réside en cette découverte de quartiers jusqu’alors inexplorés par les policiers. Un « Rendez-vous en terre inconnue » animé par le ministre de l’Intérieur par le biais d’un service Internet. Pour les revendeurs, le site moncommissariat.fr présente l’intérêt de pouvoir diriger les soupçons vers des lieux insignifiants et, ainsi, d’éloigner la menace. De ce point de vue, l’utilité ne fait aucun doute.
Lors d’un récent déplacement à Marseille, « monministredelintérieur.fr » avait rappelé que le « harcèlement des points deal » était un objectif. Toujours en proie à des substances non identifiables, Gérald Darmanin imagine des jeunes renoncer à des sommes astronomiques pour la simple venue de policiers, deux ou trois fois par semaine. C’est de la bonne !
Simagrées et faux-semblants en toutes circonstances. Numéros Verts et plates-formes, grigris consolateurs, ersatz de mesures, le point de deal du revendeur macronien est, lui aussi, tout à fait identifié.
Jany Leroy