On serait tenté de dire qu’il est « l’anti-France », mais on n’ignore pas les connotations historiques de cette expression. Vaudrait-il mieux parler d’« anti-République » ? Ce serait confondre, comme le font beaucoup de politiciens, la France et la République. Or, la France n’est pas née avec la République, ce sont le christianisme et la monarchie qui l’ont construite.
À y regarder de près, on ne trouve guère chez lui d’amour de la France, ni dans sa pensée ni dans ses actes, et il s’écarte, en plusieurs occasions, des valeurs républicaines qu’il prétend incarner.
Ainsi, un de ses premiers actes fut de reconnaître officiellement le drapeau de l’Union européenne. « C’est un geste avant tout symbolique et politique », expliqua alors l’Élysée, ajoutant que « la France confirme ainsi son attachement aux symboles européens, non seulement le drapeau mais aussi l’hymne ou la journée de l’Europe ». Il avait déjà fait jouer l’Ode à la joie, le soir de son élection, et posé avec les drapeaux européen et français pour son portrait officiel. Actes symboliques, peut-être, mais qui traduisent un amour de l’Europe au moins aussi fort que l’amour de la France.
Le 4 mars 2019, il a lancé la campagne européenne dans une tribune intitulée « Pour une Renaissance européenne », diffusée dans les 28 pays membres. Preuve, s’il en fallait, que la souveraineté européenne lui tient plus à cœur que la souveraineté de la France. On l’a vu encore pendant la crise sanitaire, avec ses réticences à fermer les frontières à l’intérieur de l’espace Schengen. Et que dire de l’allocution prononcée depuis l’Élysée, quelques heures après l’intrusion de manifestants pro-Trump dans l’enceinte du Capitole, devant le drapeau français, européen et… américain ?
Un autre exemple, qui souligne bien sa mentalité. Pour favoriser le rapprochement avec l’Algérie, il n’a pas hésité à manifester une sorte de complaisance pour les anciens ennemis de la France, à tomber dans une repentance qui ne dit pas son nom. D’abord, quand il était candidat, en qualifiant, sur le sol algérien, la colonisation de « crime contre l’humanité ». Puis en déclarant, le 13 septembre 2018, que Maurice Audin, un mathématicien, communiste et anticolonialiste, disparu en 1957, avait été « torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires » de l’armée française. Enfin, récemment, en reconnaissant l’assassinat de l’avocat et militant FLN Ali Boumendjel.
Pas un mot sur les atrocités commises, pendant la guerre d’Algérie, contre des Européens et des Algériens. Pas un mot sur le « massacre oublié » d’Oran, le 5 juillet 1962, où sept cents habitants, pieds-noirs et Algériens ayant choisi la France, furent massacrés sans qu’interviennent les 18.000 militaires, confinés dans leur caserne par le général Katz, qui obéissait lui-même aux instructions venues de plus haut. On ne peut pas mettre toutes ces omissions sur le compte de la jeunesse d’un Président qui n’a pas connu cette période tragique – un Président devrait savoir l’Histoire de son pays : elles révèlent aussi un parti pris qui ne va pas dans le sens de l’amour de la France.
Macron n’aime pas la France, il n’aime pas non plus la République. Il ne la met en avant que pour légitimer son action, dont il n’est pas prouvé qu’elle serve les intérêts de la France. Il feint de se préoccuper tantôt des plus âgés, tantôt des plus jeunes, en fonction des circonstances. Il se préoccupe surtout d’élargir son électorat, quitte à se contredire ou à défendre demain le contraire de ce qu’il défendait hier. Il prétend vouloir transformer la France, mais il la rend difforme et la dissout dans l’européisme et le mondialisme. Il n’aime que lui-même.