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La nef des fous*

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Jean-Michel Salvator

Après un an de pandémie, les réseaux sociaux sont devenus les maîtres des horloges. C’est la première crise majeure dans laquelle ce nouveau média a eu tant d’influence sur l’opinion et les gouvernants. Twitter a profité de la période grâce à Donald Trump qui a comparé le Covid à une grippe saisonnière. Les complotistes étaient aux anges.

En France, les antimasques se sont déchaînés sur Facebook jusqu’à la fin de l’été pour moquer les gestes barrière et crier à la dictature sanitaire. Il y a eu aussi les campagnes anticonfinement menées contre les «enfermistes », qui accusaient le pouvoir de vouloir mettre le pays sous cloche. Puis les antivax ont mis en garde contre l’ARN messager des vaccins Pfizer et Moderna. Ils soutenaient mordicus que cette nouvelle technique menacerait gravement notre génome et nous transformerait en OGM.

Conséquence, l’Union européenne et le gouvernement français ont multiplié les précautions dans les commandes, le calendrier et la politique vaccinale. Depuis janvier, ces mêmes réseaux sociaux tournent casaque et relaient sans discernement que l’AstraZeneca a des effets secondaires comme les thromboses, même si aucun lien de causalité n’a été établi. Et tant pis si 11 millions de Britanniques ont été vaccinés avec ce sérum-là !

Sur les réseaux sociaux, le principe de précaution (par ailleurs légitime) est brandi sans nuance, comme si le vaccin était plus dangereux que le variant. Cette pression relayée par les sites Internet et les chaînes d’info finit par influencer les élus. Les pays du Nord puis l’Allemagne et la France ont suspendu lundi l’AstraZeneca. Il n’est pas certain que cette tyrannie des réseaux sociaux facilite la prise de décision de nos gouvernants, qui s’adaptent. Jean Castex se retrouve sur Twitch et Emmanuel Macron lance un défi à deux youtubeurs, McFly et Carlito, pour faire la com des gestes barrière. Une consécration !

(*) le titre est de notre rédaction

Source : Le Parisien 17/03/2021

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2021/03/17/la-nef-des-fous-6304036.html

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