”C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser” écrivait Rivarol. Les Français devraient méditer cette phrase qui s’applique parfaitement à celui qu’ils ont commis la faute de placer à leur tête. Le Chef de l’Etat d’un vieux pays riche de traditions et d’institutions doit avoir une connaissance approfondie de ses rouages et de ses pratiques. Rien n’est plus dangereux que de le soumettre brutalement à un homme dénué d’expérience, imbu de lui-même jusqu’au narcissisme, et dans le fond très ignorant au-delà d’une culture livresque dont l’étalage laisse présumer qu’elle est moins étendue et plus superficielle que la mise en scène ne le faisait supposer.
La France n’est pas une principauté récente qu’un jeune prince héritier pourrait chambouler à sa guise. C’est avec effarement que l’on prend conscience chaque jour que celui qui a été élu en 2017 avait écrit un livre dont le titre était “Révolution”. Pauvre pays que le nôtre avec son peuple de “Gaulois réfractaires” au progrès qu’il fallait transformer radicalement pour le mettre à l’heure de son époque ! Certains ont cru qu’un pareil projet ne pouvait naître que d’un cerveau puissant. Non ! Il n’était que le produit hasardeux d’une rencontre de la surestimation de soi que produit l’ENA, et plus encore l’Inspection des Finances, avec l’ignorance abyssale de celui qui a passé sa courte vie dans des cercles restreints sans affronter la réalité d’un pays.
Depuis son arrivée à l’Elysée comme secrétaire général adjoint jusqu’à la présidence avec un passage au ministère de l’économie, M.Macron n’a survolé la France qu’à haute altitude, en nourrissant à son encontre un mépris appuyé sur quelques préjugés. Ceux-ci, comme les chenilles en papillons, de sont métamorphosées en intuitions qui se voulaient géniales et qui paraîtront au mieux ridicules, au pis criminelles pour les historiens réduits à étudier cette étonnante page de non-France dont seul le caractère grotesque du président président a pu justifier l’illusion initiale.
Le bilan sera établi sur un schéma unique mécaniquement reproduit : une pauvre idée née de l’ignorance et mue par la volonté de séduire une partie du public, une mise en oeuvre cahoteuse, un résultat aux antipodes du but recherché, le tout imaginé et décidé entre soi, dans un bureau de l’Elysée, en ignorant et bousculant les capacités réelles du pays, les corps intermédiaires qui permettent à la tête de faire corps avec la nation.
Trois exemples entre mille : de façon obsessionnelle, M.Macron veut “réconcilier les mémoires algérienne et française”, alors qu’il ignore tout de l’histoire et des rancœurs imaginaires qui alimentent l’agitation des banlieues. Il veut être pour l’Algérie ce que Chirac a été pour la Shoah sans paraître s’apercevoir de l’absence totale de similitude entre les deux situations : la participation du gouvernement de fait soumis à l’Allemagne à la déportation d’une population innocente, et la répression voulue par un gouvernement légitime du terrorisme aveugle qui massacrait les Français d’Algérie, dans les autobus, à la terrasse des cafés, sur les pistes de danse. Sans en prendre conscience il prend le parti de l’étranger et confie un rapport à un historien que son trotskysme d’origine a conduit à être le thuriféraire du nationalisme algérien. Pas un mot dans le rapport sur la barbarie des attentats en Algérie et en France commis par le FLN, sur les enlèvements d’Européens, mais un réquisitoire contre la France. Non seulement cela ne va pas apaiser le pouvoir algérien qui vit du mythe d’une colonisation criminelle, mais cela va fournir des arguments identitaires et revanchards aux jeunes d’origine algérienne. Quant aux Pieds-Noirs, leur mémoire est assassinée ! Si M. Macron souhaitait s’instruire sur la guerre d’Algérie, il pouvait s’appuyer sur la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie… dont c’est le but, mais il l’a ignorée comme il a oublié Jean Sévillia, l’auteur des “Vérités cachées de la Guerre d’Algérie”. Non, il a préféré “son” auteur de référence…
La gestion chaotique de la lutte contre la pandémie repose sur le même travers. Il existe en France plusieurs organismes de grande qualité pour conseiller et aider l’exécutif en matière de santé : la Haute Autorité de Santé, le Haut Conseil de Santé publique, par exemple, des agences spécialisées également. C’est sur cet ensemble qu’il fallait s’appuyer, et en laissant les médecins user de leur savoir. Non, M. Macron s’est entouré de deux “conseils”, privés en quelque sorte, notamment ce conseil scientifique qui l’a si mal conseillé, dont nombre des membres sont touchés par des conflits d’intérêts, et qui émettent publiquement des avis que politiquement il a fini par ne plus écouter qu’à moitié.
Parmi les autres erreurs commises par celui qu’on présentait comme un as de l’économie, on pourrait citer son contre sens sur l’industrie qui l’a obligé à se contredire sur la nécessité du maintien d’une industrie classique en France, lui qui ne voulait entendre parler que de “start-up nation”. Lorsque le Covid fut venu, la France se trouva fort dépourvue : ni masques, ni tests, ni vaccins, ni même les vêtements nécessaires au travail hospitalier Mais le mot avait le brillant qui convient au personnage, et suffisait à rendre Narcisse satisfait de son discours. . Pendant cinq ans, M. Macron aura offert ses “mots” aux Français. Mais demain son successeur devra réparer les maux qui s’accumulent. Il faut d’avance lui souhaiter bon courage, un courage modeste qui ne doit réserver sa fierté qu’à la France.
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