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Après la crise : le localisme, un impératif vital.

Ma contribution au "Petit Daudet", mensuel de la Ligue du Sud.  

La crise du Covid-19, par son ampleur et sa gravité, a mis en lumière trois éléments majeurs, complémentaires, particulièrement intéressants pour tout patriote soucieux de rompre avec le système qui nous a amené là :

  1. La révélation de l'incapacité totale des instances et institutions transnationales, internationales - qu'elles soient européennes ou mondiales - à gérer la crise. Face au danger, chaque pays s'est refermé et a mis en place ses propres règles de gestion de crise (pour me meilleur ou le pire, c'est une autre question). On a ainsi assisté au retour de l'Etat-Nation qu'on nous disait mort et enterré.

  1. La prise de conscience par une grande partie de l'opinion des méfaits, impasses et dangers de la mondialisation. Le « Village global » qu'on vendait aux peuples s'est subitement transformé en un immense centre carcéral et, aujourd'hui, le système de la globalisation libérale est remis en cause par des voix de plus en plus nombreuses et d'horizons politiques divers.

  2. La mise à jour des mensonges de prétendues « obligations économiques », elle a révélé que les politiques d'austérité imposées aux populations européennes depuis des années n'étaient nullement des fatalités, mais bien le fruit de choix et de volontés politiques. En effet, alors qu'on nous explique depuis des années que les « caisses sont vides », qu'il n'y a plus d'argent pour nos retraites ou nos services publics, qu'il faut se « serrer la ceinture » et « faire des efforts », ce sont tout à coup des milliards d'euros qui sortent de partout, voir des dizaines de milliards qui sont annoncés par les gouvernements pour « faire face à la crise ». Le président Macron parle même d'effacer la dette africaine ! Hier, il n'y avait plus un sou pour payer les retraites de nos anciens, aujourd'hui ce sont des plans de plusieurs dizaines de milliards qui sont annoncés pour soutenir les entreprises et donc sauver le système ! Quand il est en danger , le capitalisme sait trouver des ressources ! Le mensonge libéral explose donc aux grands jours, on se moque de nous depuis des années, il n'y a pas de fatalité « économique », il n'y a que des options politiques au service des intérêts de l'oligarchie.

Les trois points que nous venons d'évoquer montrent une chose : la mondialisation libérale est fragilisée. Mais la bête n'est pas morte ! Le capitalisme a une extraordinaire capacité de résilience, d'adaptation. II a montré au cours du temps qu'il savait dépasser ses propres crises internes pour non seulement survivre mais souvent se renforcer. C'est pourquoi ceux qui crient déjà victoire, qui affirment que « plus rien ne sera comme avant » se trompent lourdement et risquent de terribles déceptions. Pour l'instant rien n'est fait, rien n'est joué. Etant donné la puissance du système, il y a même actuellement de grandes chances qu'au contraire, une fois la peur apaisée, tout redevienne comme avant, comme avant et même en pire, avec davantage de précarité sociale, moins de de droit du travail et toujours davantage de contrôle et de surveillance... C'est pourquoi il ne faut absolument pas rester actuellement passifs, attendre que les choses se fassent d'elle-même et que le système tombe tout seul... Au contraire il faut redoubler d'activisme politique et métapolitique pour faire entendre une voix dissidente et imposer dans le débat publique un modèle alternatif : celui du localisme.

Qu'est ce que le localisme ? Et bien c'est le contraire du mondialisme. Un journaliste français de gauche (pléonasme?) déclarait il y a peu, sur un ton de mépris, que le « localisme » c'était « le populisme appliqué à l'économie ». Et bien c'est un peu ça, c'est en effet un modèle économique au service du peuple et de la nation et non des intérêts financiers des actionnaires et des multinationales.

Le localisme consiste donc à privilégier ce qui est local, afin de favoriser la démocratie participative, la cohésion sociale et l'économie de proximité, donc l'emploi local et la préservation de l'environnement du fait d'une moindre empreinte écologique liée au transport de personnes et de marchandises.

Le principe qui la sous-tend est celui de la subsidiarité, c'est à dire que seul ce qui qui ne peut pas être fait à l'échelon local doit être recherché à l'échelon supérieur, régional, national, puis international. Les importations sont donc limitées strictement aux « choses » qui ne peuvent absolument pas être produites sur place, pour des raisons structurelles, géographiques ou climatiques par exemple. Ce principe a pour conséquence de rompre avec l'hyper-spécialisation, notamment en matière agricole, où la polyculture vivrière doit remplacer la monoculture intensive à visée commerciale et d'exportation.

L'augmentation des coûts de production et donc de vente liée à cette relocalisation des activités économiques doit être limitée et compensée par des mesures de protectionnisme économique et d'incitation fiscale. On peut ainsi imaginer une taxation (type TVA) indexée sur la distance de production du produit consommé. Plus le produit proposé a été fabriqué loin, plus la taxe est élevée (et inversement).

Ce localisme doit également, bien évidemment, être soutenu par la volonté et l'effort des populations qui devront comprendre l'augmentation du prix de certains produits. Cela induit de repenser nos modes de consommation dans l'optique de consommer moins, mais mieux. Cela induit une forme de « sobriété volontaire », débarrassée des gadgets et des achats inutiles voire toxiques, au profit d'un investissement plus important dans des produits utiles, locaux et sains. Sans ce changement de mentalité, sans cet effort individuel et collectif, il n'y aura pas de changement réel et significatif. C'est le consommateur qui doit imposer ses choix à la structure économique. Ca ne viendra pas d'ailleurs... Car non, il n'y aura jamais de tshirt « fabriqué en France » aussi peu cher qu'un tshirt « Made in Vietnam » fabriqué par des enfants-esclaves. Et, de la même façon, la tomate bio du maraîcher du coin coûtera toujours plus cher que celle importée de l'autre bout du monde ou de l'Eurrope, cultivée à grands coups de pesticides et de produits phytosanitaires dans des serres géantes chauffées au fioul, et, qui plus est, ramassée par des migrants clandestins.

Le localisme est donc une révolution économique, mais également morale, éthique et politique. Tous nos achats sont des actes politiques, à nous de les mettre à adéquation avec nos idéaux et nos espérances.

Xavier Eman

http://amoyquechault2.over-blog.com/2020/05/apres-la-crise-le-localisme-un-imperatif-vital.html

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