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Mon opposant est un criminel : une idée politique qui marche fort

opposants anarcho-tyrannie

Lorsqu’on a appris qu’une enquête judiciaire sur Génération identitaire était confiée à « l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH) » (sic) de la Gendarmerie on a cru à un gag (in)digne des gendarmes de Saint-Tropez. Mais quand on sut que cette officine politique avait entendu subito presto la dangereuse « terroriste » Thaïs D’Escufon, on a eu confirmation du changement de nature du régime. Là où la démocratie repose sur le libre débat, l’anarcho-tyrannie s’impose sur la démonisation des adversaires.

Polemia a repris cet article du professeur Philippe Salazar qui s’était récemment exprimé sur la notion d’anarcho-tyrannie. À l’heure des opérations « Black lives matter » et « Me too » le terrorisme intellectuel, sinon physique, se porte bien.

La prison et l’exil forcé, qui est une prison par bannissement dans des contrées désolées parmi des gens incultes, aiguise l’esprit et donne des idées. Platon prisonnier en Sicile pense à une cité idéale, la République (comme on dit mal). Ovide, sur l’affreux rivage de la mer Noire peuplé de cannibales, écrit ses plus beaux poèmes. Même Hugo, millionnaire il est vrai, fulmine depuis Guernesey. Mais, plus près de nous, et au plus près de la politique puisqu’il fut probablement le plus original, le plus érudit et le plus en prise sur les affaires publiques des théoriciens du droit politique depuis Grotius au XVIIe siècle : Carl Schmitt (1888-1985). Membre du parti nazi et dignitaire universitaire nazi comme Martin Heidegger, qui, lui, eut droit à la gentillesse des occupants français. Schmitt, pour son malheur, et le bonheur des idées, est tombé dans le secteur américain de Berlin.
Jeté donc en taule par les Américains victorieux après « l’invasion » de la Normandie (« invasion » en anglais, pas notre indolore « débarquement »), Carl Schmitt est questionné par un professeur de pédagogie allemand qu’il traite, avec ironie, de Maître. Pourquoi ce choix ?

Les Américains sont des techniciens roués, qui croient, même dans le domaine des idées, au fordisme, bref à la chaîne d’assemblage. Donc, s’est dit le Gouvernement militaire, puisque Schmitt est professeur, il faut demander à un autre professeur qui, lui, détient le levier du mécanisme et comprend les rouages de la machine : l’Éducation. Car le Herr Professor en question, chargé de l’interrogatoire, a développé une classification empirique des types humains, le genre d’étiquetage qui plaît beaucoup aux militaires et aux services de renseignement car ça leur permet de faire des rapports qui paraissent intelligents. Les professeurs en éducation arrivent souvent, aussi, à traverser toutes les crises puisqu’ils n’enseignent rien, donc savent tout, et ont donc toujours des idées sur comment enseigner tout sans savoir ce qu’est le savoir. Or, justement, le professeur en question, qui donc ne sait rien en dépit de ses théories empiriques, pose à Schmitt cette question : « Qui êtes-vous ? »

On imagine la jubilation de Schmitt. Il écrit : « Eh bien je peux lui faire une radiographie, comme ça je deviendrai transparent. » Évidemment le professeur de pédagogie appliquait un questionnaire fourni par les Yankees et qui commence par une question de base, dans un tribunal ou quand on monte une machine : déclinez votre identité ou quelle est la première pièce ? Imaginez le Tribunal révolutionnaire, le Nuremberg de la Révolution, demandant à Condorcet (†1794) : « Qui es-tu ? » C’est le genre de détail dont ne s’embarrasse pas dans l’armée américaine. Schmitt rétorque : « Qui êtes-vous ? » On passe à la question suivante et Schmitt, lui, à mettre sur le papier ce qui suit.

De Nuremberg à #balancetonporc

Car c’est le début d’un remarquable mémoire, passé en catimini grâce à un jeune médecin militaire américain de Boston. La médecine est encore une rare profession où « professeur », si galvaudé par ailleurs, est quasiment un titre de noblesse. Il faut y ajouter le prestige de l’université allemande dans le patriciat éduqué américain depuis le XIXe siècle. On saisit la déférence du jeune docteur en médecine pour Herr Professor Dr Schmitt. Le document, quasiment écrit sur du papier hygiénique, s’intitule, en latin, genau : Ex Captivitate Salus. De la prison le salut.
Dans ce document, se trouve une idée saisissante, une idée profondément politique, au sens où il s’agit d’un mécanisme-cadre de la terreur politique qui sévit de nos jours. Je traduis librement cette phrase, écrite dans un cachot, avec un bout de crayon : « La contamination réciproque du juridique et du politique est un poison. Elle exacerbe à leur maximum les conflits en transformant les moyens et méthodes du droit en moyens et méthodes d’annihilation. Les juges siègent alors en tant qu’ennemis. Les tribunaux révolutionnaires et les tribunaux populaires ne sont pas établis pour éteindre la terreur mais pour la rendre plus efficace. Les diffamations et incriminations faites en public, les “murs des cons” publics ou secrets, les déclarations qu’Untel est l’ennemi du peuple, de l’État ou de l’humanité n’ont pas pour but de donner aux opposants le statut juridique d’un ennemi au sens d’une partie belligérante. Tout au contraire, ces actions ont tout but de lui refuser ce droit. Il en résulte sa privation radicale de droits au nom du droit. La haine devient si absolue que même la distinction ancienne et sacrée entre un ennemi et un criminel se dissout dans un paroxysme d’arrogance moralisatrice. Douter de celle-ci devient une trahison. Prêter attention aux arguments de l’opposant devient une perfidie. Ouvrir un débat c’est passer à l’ennemi. »

Faut-il faire un dessin et transposer 1945 en 2021 ?

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https://fr.novopress.info/221604/mon-opposant-est-un-criminel-une-idee-politique-qui-marche-fort/

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