Après le Général de Division Didier Tauzin aux élections présidentielles en 2017, le Général d’Armée et ancien CEMAT Bertrand Ract-Madoux aux élections législatives en 2017, le Général de Corps d’Armée Bertrand de la Chesnais aux élections municipales en 2020, c’est le Général de Division Antoine Martinez qui vient d’annoncer sa candidature aux prochaines élections présidentielles de 2022. Est-ce la fin du mythe de la « grande muette » ? L’heure est-elle si grave que les militaires soient obligés de reprendre en main les destinées de la France ?
Les militaires ont une place de choix dans la société pour observer avec attention la désagrégation de notre nation. Historiquement si la “Grande muette” est en sommeil durant les périodes de calme elle sort de sa torpeur en période de tempête et resserre les rangs, or nous vivons actuellement le début d’une convulsion sociétale. Nous militaires et anciens militaires sommes bien placés pour connaitre la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui notre pays. Nous savons parfaitement les différences qui existent entre la réalité d’une situation politique et sociale et les circonvolutions d’un gouvernement. Elle se devait donc, à travers ce site et cette missive, de s’engager.
Le gouvernement français semble pourtant beaucoup plus préoccupé, voire obnubilé, par la question sanitaire, véritable nouvelle religion mondiale, et qui semble vouloir prendre le pas sur tous les autres dangers sécuritaires, économiques, sociaux… qui menacent la France aujourd’hui. Que viennent faire les militaires dans ce contexte ?
Les militaires n’ont qu’un avis de citoyen, un avis personnel sur cette question. Tant que les institutions ne sont pas remises en cause, tant que le droit est respecté je ne vois pas pourquoi prendre parti dans un domaine qui n’est pas le nôtre. Même si nous ne sortons pas du Covid, l’Armée est toujours engagée dans l’opération Sentinelle. Dommage que nos gouvernants n’aient pas fait appel à elle dans un autre domaine, celui de réguler les actions sanitaires de l’Etat : hôpitaux, réanimation, tests, vaccination et surtout établissement d’un état-major pour synchroniser les actions médicales engagées par le gouvernement.
La crise, caractérisée par l’apparition venant des Etats-Unis de toutes ces nouvelles théories que sont la “cancel culture”, le “wok”, le racialisme, la pensée décoloniale, vous parait-elle dangereuse ? L’islamo-gauchisme est-il un risque mortel pour notre pays ? Dans ces conditions, l’armée française serait-t-elle le recours ultime avant la disparition et la mort de la France, privée de ses racines ?
Il faut faire attention car il suffit d’une pomme pourrie pour gâter tout le tas (panier). Nos gouvernants ne doivent pas laisser se développer à loisir ces théories moisies (dangereuses). Ils doivent y répondre par la réalité de l’humain et la pérennité de l’identité nationale. S’ils ne le font pas c’est toute une jeunesse en perte de références qui pourrait succomber à ces sirènes apocalyptiques. Ce qui manque à notre pays c’est un idéal suscitant un engouement, une autorité acceptée, or le soldat, parce qu’il met sa peau au bout de son engagement et qu’il vénère son pays, possède ces qualités. Un guerrier à travers les valeurs militaires est un générateur d’idéal. Si les militaires souvent gardent un souvenir poignant de leurs périodes militaires, qu’ils soient officiers, sous-officiers ou hommes du rang c’est parce que les femmes et les hommes qui y servent durant cette période sortent d’un cadre banale et pantouflard pour rentrer dans l’originalité et une abnégation qui les transcende. Voilà pourquoi nous pensons que notre rôle est crucial.
Qu’attendez-vous aujourd’hui ? Souhaitez-vous que les militaires qui vous lisent aujourd’hui vous rejoignent et signent votre « Lettre ouverte » sur www.place-armes.fr ? Et que ferez-vous si le gouvernement ne répond pas à votre lettre ?
Bien évidemment nous souhaitons dans un premier temps, grâce à la lettre, regrouper un grand nombre de militaires à la retraite de toutes armes et de tous grades. Une fois cette lettre signée par un maximum de nos camarades elle sera portée à l’Elysée par une délégation (exemple : un général, un officier, un sous/officier et un hdr) et remise à un conseiller du Président de la République. Il ne faut pas oublier qu’en sa qualité de Président, Emmanuel Macron est chef des Armées. Si nous n’avons pas de réponse (ou une réponse inappropriée), nous considérerons que les questions posées dans notre lettre n’intéressent pas les plus hautes autorités du pays, à commencer par le chef de l’Etat. Nous agirons alors en conséquence en portant la lettre et la réponse négative à la connaissance des Français, par l’intermédiaire des médias. Un moyen de nous affirmer et de démontrer qu’une majorité de Français sont derrière nous comme l’ont révélé trois sondages. Le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour LeFigaro et France Info du 14 juillet 2018 où quasiment neuf Français sur dix (87 %) ont une bonne opinion globale des militaires. Le sondage Odoxa, en 2019 cité par Le Point, qui établit que 50% des Français acquiesceraient à l’arrivée temporaire, au pouvoir, d’un militaire en cas de nouveaux attentats. Enfin en 2020 le sondage Elabe pour BFMTV où 40% des Français estimaient que l’armée devait être plus impliquée dans la lutte contre le Covid-19.
La grande Muette a vécu, aujourd’hui elle n’est ni sourde ni aveugle et ces chiffres montrent combien nos concitoyens croient en son efficacité et à son dévouement pour la nation. Certes on nous objectera que notre site et la lettre s’adressent avant tout à des retraités mais notre osmose avec l’active nous permet de savoir, même s’ils craignent de signer pour leurs carrières (1), que leurs préoccupations rejoignent les nôtres.
Je veux ajouter en conclusion que cette lettre, si elle est le témoignage d’un état d’esprit grandissant du corps militaire, n’est pas notre but ultime. Ce n’est pas un hasard si nous employons entre nous le terme “camarade”, aussi derrière cette missive nous voulons engendrer une solidarité réelle et profonde en constituant une association d’entraide de la communauté militaire. Pour de plus ample connaissance de nos futurs objectifs, je répondrais que le chemin se trace en marchant !
(1) Il est important de noter que, d’après les textes : “Les militaires disposent de la liberté individuelle d’expression, ils n’ont besoin d’une autorisation pour l’exercer que lorsqu’elle porte sur des questions susceptibles de nuire à la sécurité publique ou sur des informations acquises dans le cadre de leurs fonctions.”
La lettre :
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.
Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots “Honneur et Patrie”. Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.
- Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.
- Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.
- Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.
Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements, des spectateurs passifs.
Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.
Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.
Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.