Le Premier ministre a présidé l’hommage à la secrétaire administrative, égorgée au commissariat de Rambouillet, vendredi 23 avril. Une cérémonie dénuée de toute grandeur.
Comme dans les meilleurs films de mafia, c’est l’un des commanditaires du meurtre qui est le premier à réciter l’éloge funèbre. Non que Jean Castex ait porté lui-même le couteau qui a servi à égorger Stéphanie Monfermé, un après-midi du 23 avril, mais c’est toute une politique qui peut être désignée comme responsable de ce genre d’attaque, en plein cœur d’un commissariat ! Une politique d’angélisme, qui se concrétise par un certain laxisme judiciaire, mais qui se retrouve également dans le discours de nos dirigeants. Plus encore lorsqu’il s’agit de rendre hommage à une victime d’acte islamiste. Le cadre était choisi avec soin par les cabinets du gouvernement, sur la place Thome-Patenôtre, face à la Lanterne, un lieu culturel de la commune francilienne.
La famille de Stéphanie est réunie discrètement, les officiels font face au Premier ministre, comme le président du Sénat Gérard Larcher et six ministres, dont Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Marlène Schiappa ou encore Gabriel Attal. La députée de Rambouillet, Aurore Bergé, la présidente de région, Valérie Pécresse et le maire, Véronique Matillon étaient également dans l’assistance.
Durant cet hommage « émouvant », Jean Castex a fait part de son « chagrin », illustré par le deuil de toute une profession. Une policière, très émue, a récité le poème de Simone Veil : « Il restera de toi ». Vient ensuite le collègue de bureau de Stéphanie qui a témoigné de son « rire communicatif » et de ses habitudes alimentaires « normandes », comme « son camembert étalé sur ses carottes ». Des mots que l’on pourrait entendre lors d’un discours d’adieu, dans le cercle privé d’une église, face à ses parents ou grands-parents… et encore.
Le Premier ministre a ensuite prononcé un discours, qui malgré le poids de l’événement, ne restera pas inscrit dans l’histoire. Nous sommes loin du discours profond d’Emmanuel Macron après le sacrifice d’Arnaud Beltrame.
Le 23e attentat en France depuis 2012
Pas question de pointer du doigt l’ennemi qui a mené sa 23e attaque sur notre sol, pour le Premier ministre qui s’est refusé de prononcer le nom de l’assassin de Stéphanie, le traitant « de lâche ». Après le couple Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider tués à leur domicile à Magnanville en 2016 et à l’automne dernier Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, Jean Castex a voulu rendre hommage « à tous ceux qui ont succombé sous les coups de la barbarie ».
Selon Jean Castex, c’est la « certaine façon de vivre la France » qui a été visée à travers Stéphanie. « Une vie paisible, laborieuse, serviable, une vie droite et simple », a-t-il rappelé soulignant que le terrorisme islamiste « ne peut tolérer cette liberté si française de croire au Ciel ou de ne pas croire ». Le chef du gouvernement a fini en citant Voltaire : « le fanatisme est un monstre ». Et l’islamisme, donc ?
Stéphanie Monfermé a été décorée de la Légion d’honneur à titre posthume, vendredi, au lendemain de ses obsèques célébrées dans l’intimité, mais en présence du président de la République, Emmanuel Macron. Jean Castex s’est félicité du travail des policiers, ayant permis de déjouer d’autres attentats et a annoncé le renforcement des outils de prévention, notamment numériques et des moyens renouvelés pour lutter contre les attentats. L’objectif étant de « protéger encore et toujours nos concitoyens ». Avec, encore et toujours, l’efficacité que l’on sait.
Etienne Lafage
Article paru dans Présent daté du 3 mai 2021