Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Justice et police en otages

6a00d8341c715453ef027880286271200d-320wi.jpg

Ce 7 mai à 20 h 26, les lecteurs du Monde pouvaient apprendre sur le site internet de leur quotidien favori, garant de la vérité officielle, que le garde des Sceaux s'impliquait dans la compétition électorale régionale et départementale de juin.

Dans La Voix du Nord, était publié le même jour un entretien encore plus explicite. Il y définissait à grands traits la nature de son engagement "pour la Région", dit-il. Et il n'hésite pas à préciser :"je veux dire que cette terre est une terre d’immigration, j’en suis le fruit."[1]

D'autres considérations, plus intelligentes, ornent cette déclaration, sans doute volontairement conformiste, politiquement correcte, mais aussi, n'hésitons pas à le dire, fondamentalement dérisoire.

Que veut dire, en effet, "immigration" dans une langue qu'il manie parfaitement et professionnellement, cette langue dont nos amis Flamands disent avec amertume qu'elle sait "si bien mentir" ? Éric Dupond, né à Maubeuge, d'un père français, est français de naissance ; il bénéficie d'une double nationalité du fait de sa mère, certes une femme méritante, d'origine italienne. Mais il n'est en rien un "immigré". Rien de commun, sinon la condition humaine, avec les illégaux, les faux réfugiés, les revendeurs de drogue, les prétendus déboutés du droit d'asile et tous ceux qui, alimentant la délinquance, le crime, et l'islamo-terrorisme, nous rendent depuis quelque 50 ans l'immigration de moins en moins supportable.

En réalité, Le Mondele souligne à plaisir, son intention politique est clairement affirmée : il est "candidat dans les Hauts-de-France pour chasser le RN".[2]

Or, il fait l'impasse sur le fait que ce parti, pour lequel il éprouve une "détestation physique", n'exerce à ce jour la présidence d'aucune région administrative, ni d'aucun département, et que s'il parvient à s'emparer d'une ou deux de ces pièces artificielles du millefeuille territorial, voire plus, les candidatures macroniennes, vouées pour la plupart à un échec cuisant, contribuent puissamment à une telle hypothèse.

La phrase clef cependant est prononcée en direction des lecteurs de La Voix du Nord : "Je suis pleinement ministre de la Justice et je serai pleinement engagé dans cette campagne."

Voilà le point crucial. La tradition de la Cinquième république implique, ou plutôt impliquait, qu'un ministre battu aux élections doit, ou plutôt devait démissionner car désavoué par le peuple. On s'en éloigne singulièrement.

Le titre officiel de Dupond-Moretti ce n'est pas seulement ministre de la justice, et comme tel responsable de l'administration pénitentiaire. Garde des Sceaux, cela veut dire en charge d'une autorité, certes liée au gouvernement puisqu'il y siège, mais aussi que l'on présente et que l'on respecte comme gardienne de la Loi avec un grand L, indépendante et arbitrale.

Le contexte actuel, illustré par les affaires criminelles les plus récentes, appelle, de toute évidence, une plus grande fermeté dans la politique judiciaire et la gestion pénitentiaire de l'État, mais aussi, une priorité, notamment budgétaire, aux missions régaliennes : justice, police, maintien de l'ordre, défense des frontières, défense nationale, lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée.

Le manque de moyens de tous les ministères en charge de ces missions reste un scandale que les bonnes paroles du Premier ministre, en réponse aux drames quotidiens, ne suffisent pas à combler.

Tout cela se révèle-t-il compatible avec la chasse à un parti, désigné comme tel, et qui, précisément semble associé à la revendication sécuritaire des Français ? M. Dupond-Moretti découvrira bientôt que non, et son maître aussi.

Désavoués par les électeurs, ils découvriront que non. Ils ne devraient donc pas pouvoir prendre la justice et la police en otages.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] cf. Éric Dupond-Moretti, candidat aux régionales : "Oui, je m’engage pour la Région !" : Fin du suspense. Laurent Pietraszewski sera bien la tête de liste LREM aux régionales, épaulé par Éric Dupond-Moretti, numéro un dans le Pas-de-Calais...

[2] cf. article d'Olivier Faye et Alexandre Lemaire : "Régionales : Eric Dupond-Moretti, candidat dans les Hauts-de-France pour chasser le RN"

https://www.insolent.fr/

Les commentaires sont fermés.