« Le trône doit être le protecteur des libertés de tous, et c’est dans cette protection qu’il trouve sa solidité, la garantie de son existence. » Louis Philippe
Le mois dernier, dans la perspective de la présidentielle dont dépend aussi, malheureusement, l’avenir de la France, nous avions rappelé en quoi le double slogan, ou plutôt le double souci de tout homme politique désireux de diriger les affaires du pays se résume à cette double injonction : protéger les Français, libérer les énergies. Nous avions alors traité le premier membre du diptyque. Abordons maintenant le second.
« Libérer les énergies » : on sait ce que cela a signifié pour les révolutionnaires de 1789. Très vite oublieux du devoir de protéger les Français, ils ont livré les plus modestes d’entre eux à l’appétit vorace du capitalisme naissant, tandis qu’ils les privaient du droit de vote en le rendant censitaire, et du droit d’association, puni de mort par les décrets Allard et la loi Le Chapelier de 1791. Ils n’oublièrent pas, en revanche, de leur offrir le glorieux droit de mourir pour la République — « Un Français doit mourir pour elle », selon la rengaine bien connue —, en décrétant la conscription générale, afin d’assurer les guerres inconsidérées qu’ils décrétèrent à l’Europe jusqu’en 1815 — car Napoléon n’est à ce titre que l’hériter de la Révolution.
Certes, la Restauration et la Monarchie de Juillet, en dépit des royalistes les plus fidèles à la doctrine royale, commirent l’erreur pusillanime de ne pas rompre avec l’héritage révolutionnaire sur ces points, ce qui fut la cause première de leur double échec. C’est la raison pour laquelle très tôt, les Princes, de Henri V à Philippe VIII, puis leurs successeurs jusqu’à Jean IV, renouèrent avec la tradition capétienne. C’est que le Bien commun, souci unique de la monarchie royale, est le fruit d’un équilibre respectueux des droits inaliénables des Français, entre une nécessaire autorité, garante de la sécurité de la nation et de la justice, et le développement des droits profonds du pays réel. Or nous vivons aujourd’hui dans une situation apparemment paradoxale : tandis qu’une administration tatillonne bride les énergies, qu’un État soupçonneux réduit chaque jour davantage nos libertés fondamentales, d’un autre côté, il favorise la précarisation généralisée de la société. Il montre ainsi comment une bureaucratie aux relents totalitaires peut épauler la mise en place d’un capitalisme de plus en plus sauvage. Car parler d’État providence, c’est parler le langage du siècle passé. Nos gouvernants, aux ordres de l’oligarchie, ne font plus qu’acheter la paix sociale — comme ils ont tenté de le faire pour mettre fin à la crise des gilets jaunes —, tandis qu’ils déconstruisent le code du travail, favorisent une immigration incontrôlée afin de dissoudre les solidarités sociales et culturelles, imposent une métropolisation déshumanisante et destructrice de tout aménagement du territoire, privent les Français « qui ne sont rien » des services publics, organisent les déserts économiques, sociaux et médicaux.
Non, pour les royalistes, « libérer les énergies », ce n’est pas instaurer une société fondée sur la lutte pour la vie, dont toute forme de solidarité nationale serait bannie, pour laisser la place, comme les réactions au Brexit l’ont illustré, à une solidarité internationale de classe. Marx se trompait : les prolétaires, plus que les autres, ont une patrie. Libérer les énergies, c’est redonner, sous un État protecteur, au pays réel la possibilité de développer son formidable appétit de vivre par son travail. Pour cela, il faut libérer l’État de l’oligarchie qui trouve son compte à enfermer les citoyens dans un carcan de mesures plus aliénantes les unes que les autres, décourage l’effort et favorise l’assistance, au plus grand profit d’une classe mondialisée, qui a perdu toute attache nationale. Seule l’alliance du Roi et du peuple concilie l’exigence de justice et le respect des libertés.
François Marcilhac
Source : https://www.actionfrancaise.net/