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Aux origines de l’Europe

Aussi loin que nous remontions dans le passé, nous baignons dans une culture commune à tous les Européens. Dénommée “Religion cosmique”, son axe principal est un système de trois cycles, de trois couleurs puis de trois fonctions. Cette religion est à la base d’une conception globale de la société qui s’est transmise d’âge en âge au moyen de mythes, légendes et contes, voire de données historico-légendaires.

Cycle cosmique et structure sociale

Les cycles temporels sont au centre de la vision commune. Le premier cycle est celui de la nuit, du jour, du binôme aurore-crépuscule. L’année est le second cycle composé d’une partie diurne, la belle saison, d’une partie nocturne, la ténèbre hivernale, d’une aurore (le printemps) et d’un crépuscule. Le cycle cosmique est la succession d’une nuit, le chaos, d’une aurore, l’âge d’or, d’un jour et d’un crépuscule qui, à son terme, l’âge sombre, aboutit à une nouvelle nuit

Les couleurs des trois cieux sont : le blanc du ciel du jour (le blanc est la couleur des nuages) ; le noir du ciel nocturne qui est aussi la couleur de la terre ; le rouge qui renvoie à la notion de coupure : ce qui est coloré en rouge désigne le ciel auroral ou vespéral.

Le ciel du jour qualifie les Deux souverains qui n’ont aucun pouvoir en dehors du jour et de la belle saison, tels Zeus en Grèce ou Jupiter à Rome. Le ciel nocturne est habité par les Dieux nocturnes et les esprits des morts. Le ciel étoilé des Grecs s’appelle Ouranos et Wotan chez les Germains. Le crépuscule et l’aurore sont des coupures entre les deux précédents. Pour cette raison, le dieu Cronos est castré, et de nombreuses déesses puis héroïnes représentent les divinités du ciel rouge auroral ou vespéral. Leur diversité correspond exactement à la situation d’intermédiaire. Les Aurores, d’Aphrodite à la Belle au bois dormant, sont les garantes du retour de l’ordre selon une séquence cohérente : le dieu du jour est rallié par lie souverain nocturne est évincé ; le jeune Dieu solaire naît.

La société humaine est considérée comme triple. Ses deux premiers composants, le blanc et le rouge, forment la couche supérieure. Le blanc est la couleur du principe spirituel sur lequel repose la souveraineté religieuse et magique. Le groupe supérieur, dont la couleur est le blanc, est doté de “lumineuses” qualités : clarté, bonté, sagesse. Le rouge est la couleur du principe d’ardeur et de passion constitutif de la force et notamment de la force dans les combats. L’union des deux couleurs symbolise l’existence d’une élite sans laquelle la société ne serait qu’une masse informe. Les trois couleurs des trois cieux sont associées à des principes spirituels et cosmiques qui trouvent leur correspondance dans l’organisation sociale harmonieuse des trois fonctions.

La préoccupation pour l’harmonie, fond commun des bons européens

La religion cosmique commune se définit aussi comme religion de la vérité, car est vrai ce qui est concordant, bien ajusté. Le retour régulier des saisons, et notamment de la belle saison, est une image de la vérité. L’ajustement correct en tant que définition de la vérité est une caractéristique profonde de la civilisation européenne. C’est en effet l’idée de recherche de la vérité et la préoccupation d’être un bon technicien pour ajuster les cycles, qui a conditionné en Europe l’essor prodigieux de la science et de la technique puis façonné l’esprit critique et philosophique. Il n’y a pas de corps de vérités toutes faites, surtout si elles doivent être imposées par un pouvoir idéologico-politique.

L’harmonie est une préoccupation quotidienne car il s’agit d’un idéal qui norme le comportement. Le cheminement vers la vérité ainsi que la recherche du comportement conforme à sa position sociale et à ses fonctions se raniment tous les matins au lever du soleil, chaque année pour chasser la ténèbre hivernale, au cours du temps pour lutter contre le chaos. Il nous faut affronter aujourd’hui comme hier le mensonge, les mauvais esprits, les forces du néant et notamment celles du dissensus. Depuis l’origine des temps, c’est le rôle et la grandeur des hommes d’élite que de restaurer l’harmonie au sein de notre continent.

► Frédéric Valentin, Nouvelles de Synergies Européennes n°44, 2000.

http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/43

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