Alors que le Conseil constitutionnel étudie la validité du pass sanitaire, les Français se divisent en pour et contre. Une nouvelle fracture du pays à mettre à l’actif de Macron.
Députés et sénateurs se sont finalement mis d’accord sur le texte de loi mettant la nation sous contrôle sanitaro-judiciaire. Si la chambre haute a apporté quelques (très légères) atténuations au programme coercitif voulu par le gouvernement, la proposition originelle n’a pas connu de remaniement profond. L’Elysée attend maintenant l’avis du Conseil constitutionnel.
Saisi par le Premier ministre, Jean Castex, et par la gauche, le Conseil constitutionnel doit rendre son avis le 5 août prochain. Ce sera la dernière étape avant la promulgation officielle de la loi et l’entrée en vigueur des mesures, à moins que le Conseil constitutionnel ne décide de retoquer certaines d’entre elles. Hélas, on ne peut nourrir que de très minces espoirs quant à cette perspective lorsque l’on sait que le président de ce Conseil n’est autre que l’ancien Premier ministre socialiste, le très complaisant et macrono-compatible Laurent Fabius, grand spécialiste des affaires sanitaires depuis le dramatique scandale du sang contaminé. On se souvient par ailleurs que le gouvernement se fait conseiller, pour sa gestion de la stratégie de vaccination, par le cabinet McKinsey dont le directeur de l’antenne française est Victor Fabius… Peu de chances donc que le Conseil constitutionnel ne vienne gâcher les futurs repas de famille…
L’Elysée se montre de ce fait très confiant quant à la validation de l’assemblée des « sages » et « la célérité de l’application » des mesures d’imposition du pass sanitaire, malgré l’opposition qui enfle dans la rue quoi qu’en disent les médias aux ordres qui n’ont de cesse que de la minorer et de la caricaturer. En voyage en Polynésie, Emmanuel Macron a d’ailleurs adressé un message aux contestataires en affirmant : « Chacune et chacun est libre de s’exprimer dans le calme, dans le respect de l’autre. » Mais « la liberté où je ne dois rien à personne n’existe pas. Celle-ci repose sur un sens du devoir réciproque. ». En clair, pour le Président, les opposants à l’obligation vaccinale et à la société de contrôle induite par le pass sanitaire sont des égoïstes sans aucun sens civique. Bel exemple d’inversion accusatoire…
De son côté, le ministre du Travail Elisabeth Borne maintient également la pression en détaillant dans les médias, presque avec délectation, les sanctions prévues pour les salariés qui ne se conformeraient pas à l’obligation vaccinale les concernant. Elle a notamment déclaré : « Il ne faut pas laisser croire aux salariés qu’il ne peut pas y avoir de licenciements. Le droit commun du Code du travail s’appliquerait le cas échéant. »
Une formulation peu claire alors que le Sénat a supprimé de la loi la mention d’un possible licenciement après deux mois durant lesquels le salarié soumis à l’obligation vaccinale ne se serait pas mis en règle. Cela signifie-t-il que l’exécutif se moque du vote du parlement et qu’il fera ce que bon lui semble pour punir les récalcitrants aux injonctions vaccinatoires ?
Au regard de son actuelle frénésie d’autoritarisme, cela ne serait, hélas, guère étonnant.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 26 juillet 2021