Emmanuel Macron, protecteur des Français, saura-t-il être à la hauteur du destin qu’il s’est donné ? Le doute est permis. Une chose est de déclarer la « guerre » à un virus en faisant du vaccin un acte moral et patriotique. Une autre est d’être le rempart à l’islamisme revigoré par la victoire des talibans en Afghanistan. Mardi, le président a donné le sentiment d’une confusion volontaire des mots et des rôles en rappelant, à propos de la chute de Kaboul le 15 août, « combien la liberté, la dignité (…) sont fragiles quand l’obscurantisme revient ».
Mais de quel obscurantisme parlait-il ? Ce terme est aussi devenu l’accusation rituelle du pouvoir et de ses snippers contre les Français qui manifestent tous les samedis contre le passe sanitaire. De fait, Macron ne retient pas ses coups contre ceux qui jugent disproportionnée sa stratégie sanitaire.
Il explique : « Etre citoyen ce n’est pas demander toujours des droits supplémentaires, c’est veiller d’abord à tenir des devoirs à l’égard de la Nation ». Or ce que ne comprend pas Macron, pour le paraphraser, c’est qu’être président ce n’est pas s’octroyer toujours des droits supplémentaires, c’est veiller d’abord à tenir des devoirs à l’égard de la Nation. Son autoritarisme, qui s’exerce sur la question sanitaire, masque mal ses faiblesses sur les questions identitaires et civilisationnelles. Le président « protecteur » est un commode artifice de communication.
La reconquête de Kaboul par les talibans redonne une dynamique à l’expansion du totalitarisme islamiste. Toutefois, ni l’Occident angélique ni la France pusillanime ne sont armés pour résister à une offensive, qui serait autrement plus dangereuse que le Covid. Mardi, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a illustré la naïveté officielle en déclarant, parlant de l’Afghanistan : « Il faut un gouvernement inclusif qui montre que les talibans ont changé ». Mais les talibans entendent appliquer l’immuable charia (loi islamique), qui instaure l’infériorité de la femme et la soumission de tous à Allah. Laisser croire qu’il pourrait y avoir des talibans modérés revient à faire l’autruche. Le chef de l’Etat lui-même, s’il donne d’abondantes leçons de civisme pour pousser à la vaccination, se garde de tenir ce discours contre ceux qui, dans les cités islamisées, sèment le désordre permanent.
Quant aux dévots du président Joe Biden, ils ont passé sous silence sa prophétie du 8 juillet : « En aucun cas vous verrez des gens être évacués du toit d’une ambassade…L’hypothèse que les talibans s’emparent de l’ensemble du pays est hautement improbable ». On devine les commentaires si une telle légèreté avait été tenue par son prédécesseur. Les dirigeants français dramatisent le Covid mais relativisent les talibans. Macron est fort contre le virus mais faible contre l’islamisme. On aimerait l’inverse.
Ivan Rioufol
Texte daté du 18 août 2021 et repris du blog d’Ivan Rioufol