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Fred Hermel sur le documentaire ”Colonisation, une histoire française” : « un brûlot anti-français qui insulte notre pays avec l’argent du contribuable »

Vu sur FdeSouche

Replay : Colonisation, une histoire française (France 3)

En trois épisodes de 60 minutes, la série documentaire exceptionnelle Colonisation, une histoire française revient pour la première fois à la télévision sur l’histoire de la colonisation française, d’Alger à Madagascar et de Dakar à Saigon. De cette confrontation violente entre des peuples va naître une irréversible communauté de destin. Une histoire qui nous raconte aussi la France d’aujourd’hui.

Épisode 1 : Conquérir à tout prix, 1830-1914

Avec la conquête de l’Algérie en 1830, c’est un siècle d’expansion sans précédent qui s’ouvre sur les territoires africains puis en Asie. Une expansion menée au nom du « progrès » et de la « mission civilisatrice » de la France. Mais, en réalité, cette extension territoriale française a été, partout, le fruit de conquêtes militaires particulièrement violentes. Car là où la France a tenté de planter son drapeau, elle a dû faire face à une résistance acharnée, de l’Algérie à l’Afrique noire, puis de l’Indochine au Maroc.

Épisode 2 : Fragile apogée, 1918-1931

L’empire français, le deuxième au monde après celui des Britanniques, atteint en 1920 son apogée territorial. Avec le Liban, la Syrie, le Cameroun et le Togo, jamais le domaine colonial de la France n’avait été aussi étendu. Les Années folles seront celles de l’âge d’or de l’empire. Mais cet empire tout-puissant est en réalité un colosse aux pieds d’argile. Au Maroc comme en Syrie, plusieurs rebellions armées vont sonner comme un avertissement. Alors, la France, au pied du mur, doit mener de profondes réformes et associer enfin les peuples colonisés aux destinées de leurs territoires. C’est ce que tenteront, en vain, plusieurs gouvernements de gauche (Cartel des gauches en 1924 et Front populaire en 1936). Car il est trop tard. La France, sous la pression du lobby colonial, est incapable de réformer en profondeur un système qui semble donc voué à l’échec.

Épisode 3 : Prémices d’un effondrement, 1931-1945

Le 6 mai 1931, le président de la République Gaston Doumergue, accompagné du maréchal Lyautey, inaugure à Paris la plus grande exposition coloniale jamais imaginée. Plus de huit millions de visiteurs vont se presser au bois de Vincennes pour découvrir ces territoires mystérieux de l’empire que l’on a ici reconstitués avec minutie. Tout a été pensé pour offrir l’image d’un monde colonial idéalisé et parfait. Mais ces visiteurs ne peuvent imaginer que leur empire vient en réalité de vivre son apogée et que les millions de sujets de cet empire, d’Alger à Hanoï et de Tunis à Beyrouth, vont, les uns après les autres, remettre en cause la tutelle française. Et bientôt vont apparaître les prémices d’un effondrement qui va être accéléré par la Seconde Guerre mondiale. 

Note du réalisateur Hugues Nancy

C’est toujours un immense privilège que de pouvoir défricher un terrain audiovisuel presque vierge. Jamais il n’avait été raconté à la télévision l’histoire de la colonisation française dans le détail, et notamment la naissance de l’empire colonial français à la fin du XIXe siècle.

C’est notamment grâce à des fonds d’archives exceptionnels que ce programme de trois heures a pu voir le jour. L’institut Lumière possède les premières images filmées de cet empire à partir de 1895, qui ont été restaurées et scannées en HD pour la première fois à l’occasion de ce projet. La même méthode a été appliquée à l’incroyable fonds colonial de Gaumont Pathé Archives qui recèle des trésors dès les années 1900 et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Des images peu ou jamais utilisées jusqu’à aujourd’hui comme ces rushes non diffusés, tournés dans le quartier réservé de Bousbir à Casablanca à la fin des années 1920 ou comme ces images amateures rassemblées par plusieurs fonds spécialisés qui nous font découvrir d’une autre manière la vie des colons en Algérie comme l’exposition coloniale de 1931…

Grâce à la richesse de ces très nombreux fonds d’archives filmées et grâce aussi au fonds photographique de l’ECPAD (ministère de la Défense), qui rassemble les reportages photographiques réalisés par des militaires en poste dans les colonies, nous avons pu essayer de nous rapprocher au plus près de la réalité de cette vie coloniale. Une vie coloniale souvent tragique pour les peuples colonisés soumis à la puissance française. 

Surtout, avec ces archives uniques et bouleversantes une fois rassemblées, il était enfin possible de regarder en face ce passé douloureux et d’en faire le récit pour les téléspectateurs de France Télévisions.

Car, longtemps, on a tenté en France de minimiser les crimes commis au nom de l’ambition coloniale française. Ainsi est née la « légende rose » du « temps béni des colonies ». Comme si l’on avait inconsciemment la nostalgie de ces cartes du monde qui subjuguaient les écoliers avec tous ces territoires de l’empire, colorés en rose, pour montrer la puissance de la France et son ambition civilisatrice…

En réalité, rien n’a jamais été « rose » dans les territoires colonisés. D’abord parce que, contrairement à ce l’on croit souvent, aucun peuple colonisé n’a accepté la présence française sans s’y opposer violemment, et ce dès le début de l’expansion. Surtout, la colonisation s’est fondée à la fois sur une profonde inégalité de droits entre les hommes et sur l’exploitation de richesses par la puissance coloniale. Une domination et une exploitation rendues uniquement possibles par la force militaire ou policière, nécessaire pour faire respecter un équilibre social et politique de plus en plus précaire au fil des décennies.

L’histoire de la colonisation, c’est donc d’abord une histoire de sang et de larmes qu’il faut regarder en face, sans occulter aucun des manquements moraux ni aucune des responsabilités des empires coloniaux européens.

Mais à l’inverse, aujourd’hui, on voudrait ne retenir que la « légende noire » de l’époque coloniale, ses crimes et surtout l’immoralité de l’idée même de colonisation, faisant fi des processus politiques à l’œuvre dans le monde du temps de cette expansion coloniale européenne. Car le processus d’occupation territoriale par des puissances européennes, mais aussi asiatiques, a été un phénomène généralisé à compter de la découverte des Amériques au XVe siècle, puis à partir du XIXe siècle. Cette part de l’histoire de l’humanité concerne tous les continents et a été la matrice du monde tel que nous le connaissons.

En quelques siècles, une poignée d’États européens est parvenue à contraindre la majeure partie de la planète. Et à compter du jour où un Européen a mis le pied sur une terre loin de son continent, l’avenir de celui qui y vivait venait de basculer. Et leurs histoires, à tous les deux, colonisateur comme colonisé, étaient alors irrémédiablement liées.

C’est ce que démontrent aujourd’hui les historiens des empires coloniaux avec le concept de « mondialisation impériale » qui explique comment les peuples autochtones ont été « coproducteurs » de l’entrée de l’humanité dans la modernité.

C’est en effet par la confrontation avec l’Europe, par l’immersion des nouvelles générations colonisées dans l’effervescence politique de l’Europe de l’entre-deux guerres, que les « indigènes » comme on les appelait, sont devenus des militants nationalistes qui ont libéré leurs pays de la domination européenne.

La colonisation a ainsi été comme une véritable « révolution » dans l’histoire du monde et des peuples. Une révolution qui a changé la géopolitique de la planète comme le destin des peuples colonisés.

C’est donc une part de « notre Histoire commune » que cette grande fresque télévisuelle tente d’aborder, en regardant en face ce que fut l’expérience impériale française et en racontant surtout comment, du côté des colonisés comme des colonisateurs, des hommes et des femmes ont eu le courage de se dresser pour dire non à la fois aux atrocités engendrées par l’occupation française comme à l’idée même de colonisation.

Notre série documentaire, en tentant d’éviter l’anachronisme d’une dénonciation « a posteriori », donne ainsi en priorité la parole à ceux qui ont résisté dans les colonies comme à ceux, certes minoritaires, qui ont osé contester en métropole le processus de colonisation.

Ce sont ces « résistants » colonisés, des personnalités souvent inconnues ou oubliées, qui vont ainsi nous permettre de raconter la folie coloniale française de 1830 à 1946 : Abd El Kader (Algérie, 1830), Béhanzin, roi du Dahomey (Bénin, 1890), Samory Touré (Afrique de l’Ouest, 1893), reine Ranavalona (Madagascar, 1895), Phan Boi Chau (Indochine, 1908), sultan Moulay Abdelaziz (Maroc, 1908), émir Fayçal (Syrie, 1920), Abdelkrim El Khattabi (Maroc, 1921), sultan El Attrache (Syrie, 1925), Blaise Diagne (Sénégal, 1931), Nguyen Tat Thanh, dit Hô Chi Minh (Indochine, 1931 et 1946), Allal El Fassi (Maroc, 1934), Aimé Césaire (Antilles, 1935), Tayeb El Oqbi, Ferhat Abbas, Messali Haj (Algérie, 1937 et 1945), Habib Bourguiba (Tunisie, 1938).

Et au regard de ces hommes qui n’acceptent pas la colonisation de leurs terres, notre récit prend également appui sur la dénonciation de cette colonisation par des Français, contemporains des événements : Guy de Maupassant (Algérie, 1880), Georges Clemenceau (Madagascar, 1885), Pierre Savorgnan de Brazza (Afrique-Équatoriale, 1905), Jean Jaurès (Maroc, 1908), Jules Roy (Algérie, années 1920), Alexandre Varenne (Indochine, 1925), André Gide (Congo, 1927), Albert Londres (Congo, 1928), Léon Blum (1936), Maurice Violette (Algérie, 1937)…

En redonnant la parole et une place dans notre mémoire collective à tous ces « héros » qui ont combattu la colonisation française, en rappelant que nombre de Français ont aussi tenté de s’y opposer, il devient peut-être possible de partager cette histoire par-delà les antagonismes qui fracturent la société française. Une histoire qu’il est temps d’assumer tous ensemble.

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