L’ « orbanisation » des esprits est en marche. Diabolisé par les médias, le premier ministre hongrois Viktor Orban s’impose progressivement en défenseur écouté des frontières, des nations, des peuples souverains. La France qui se droitise (Le Figaro, ce mercredi) est perméable à ses discours contre l’immigration de masse, le multiculturalisme, la défense des racines chrétiennes ou l’intrusion du lobby LGBT au sein de l’école. Mardi, Marine Le Pen a été reçue en grandes pompes à Budapest par celui qui reste la bête noire d’Emmanuel Macron et d’une Union européenne impériale.
« Je ne partage rien de ses valeurs », avait dit d’Orban le chef de l’Etat français, en avril 2018. « L’illilibéralisme n’est pas notre identité », avait-il persisté en décembre 2020. Macron avait même, en 2018, limogé l’ambassadeur de France en Hongrie, Eric Fournier, au motif que ce dernier avait récusé l’accusation en antisémitisme portée contre Orban et avait considéré ce pays comme un « modèle » dans « sa gestion des mouvements migratoires illégaux (mon blog du 2 juillet 2018).
En France, les médias anti-Orban alertent sur ses atteintes à la liberté de la presse ou à l’indépendance de la justice. Mais ces mêmes dénonciateurs ne disent jamais rien de la gauche française qui monopolise l’audiovisuel public, du gouvernement qui multiplie les lois pour mettre les réseaux sociaux sous surveillance, ou de la Justice qui reste sous la tutelle du pouvoir politique. Notre démocratie n’a rien d’exemplaire.
En réalité, Orban récolte les fruits de sa résistance face à une Union européenne arrogante et brutale, coupée des Etats-nations et de leurs lois. L’Europe de Visegrad (Hongrie, Pologne Tchéquie, Slovaquie), par l’attachement qu’elle porte à ses racines et à ses protections identitaires, attise l’intérêt de ceux qui, notamment en France, veulent accompagner le réveil des peuples oubliés.
Ce n’est pas un hasard si Eric Zemmour et Marion Maréchal ont été également reçus par Orban il y a un mois, dans le cadre moins officiel d’un colloque. Quand le Hongrois déclare à l’adresse de Bruxelles, en mars 2015 : « Nous avons renvoyé le sultan et ses janissaires, l’Empereur Habsbourg et ses soldats, les Soviets et leurs camarades (…) », il rappelle le profond attachement historique de son peuple à sa liberté et à son indépendance. Orban fait aussi comprendre que l’actuelle Union européenne pourrait bien connaître le sort funeste de l’Union soviétique si elle devait s’entêter à imposer des « valeurs » – ouverture à l’Autre, relativisme des cultures, soumission aux minorités, accommodements unilatéraux avec l’islam – décrétées par des juges européens sans légitimité démocratique. Dans le bras de fer que Bruxelles cherche à engager avec la Pologne ou la Hongrie rebelles, les apparatchiks européistes risquent d’accélérer la solidarité des nations renaissantes; la France en fait partie.
Ivan Rioufol
Texte daté du 11 octobre 2021 et repris du blog d’Ivan Rioufol