Lorsqu’Alain Duhamel, peu suspect de soutenir Zemmour, critique la manière dont Gilles Bouleau a conduit l’interview du candidat au 20 heures de TF1 puis salue le meeting de Villepinte comme une réussite, on peut s’appuyer sur cet effort d’objectivité pour percevoir le degré de partialité qui règne dans le paysage médiatique français, où la désinformation est monnaie courante. Les grands médias de la presse écrite et audiovisuelle, les journaux sans lecteurs mais largement subventionnés, le scandaleux service “dit public” financé par nos impôts, investis par les plumitifs et perroquets adoubés par “Libération” dans les écoles de journalisme, déversent une eau tiède qui se met à bouillir de rage dès qu’une personnalité tient un discours cohérent, conservateur ou patriote.
Dieu merci, des îlots de résistance et de reconquête se manifestent car la subvention n’est pas tout, l’audimat attire la publicité qui n’est pas rien. Si Zemmour n’avait pas fait un carton sur CNews, les autres chaînes ne se seraient pas bousculées pour l’inviter. Mais une fois le nombre de spectateurs assuré, l’émission tourne au traquenard ou au procès stalinien, de Salamé et Ruquier réunis à Bourdin en passant par Bouleau. Zemmour n’est pas un candidat à l’élection présidentielle, mais une cible à pourfendre.
Ce déséquilibre est une plaie ouverte dans le fonctionnement de notre démocratie en danger. Comme l’analyse Onfray dans sa “Théorie de la dictature”, le monde orwellien de “1984” que le roman situe dans un Etat sinistre et implacable peut parfaitement s’épanouir dans nos sociétés soucieuses de “paix et de contentement”. Simplement, au lieu d’une surveillance tyrannique, constante et implacable, d’une terreur absolue de Big Brother, le contrôle des citoyens s’insinue plus subtilement par des peurs entretenues dans le souci d’une bienveillance collective, contre les risques de la pandémie, contre la menace du changement climatique, contre les fantômes de l’extrême-droite et des heures sombres de l’histoire. Les méthodes employées par la dictature dure décrite par Orwell et par le despotisme sournois actuel sont les mêmes. La désinformation en est l’arme principale : elle vise le passé avec une lecture imposée de l’histoire qui entraîne des sanctions pour ceux qui s’en écartent ; elle censure le présent en omettant un fait tandis qu’elle en grossit un autre ; elle conditionne le futur en créant une inégalité entre ceux qui souhaitent participer à son écriture. Le vecteur principal de la communication, le langage subit le traitement de la “novlangue” d’Orwell ou encore celle dont Victor Klemperer étudia la mise en oeuvre : la langue du IIIe Reich. A la distinction et à la précision, celle-ci substitue la désignation grossière et péremptoire, facilite les amalgames, échange les étiquettes et en arrive à réduire la réflexion au réflexe.
Zemmour est la victime privilégiée de ce système. Né dans le sérail journalistique, il en connaît les détours, les dénonce avec lucidité, les franchit en les bousculant, et suscite dans la foule de ses médiocres confrères l’envie et la haine. Il suffit d’entendre par exemple le pauvre Apathie pour s’en convaincre. Alors, on va lui reprocher d’être “pétainiste”, parce qu’il constate qu’objectivement l’existence du régime de Vichy a réduit en France le nombre des victimes de la Shoah. Une occupation totale avec soumission intégrale du pays à l’armée d’occupation comme en Pologne ou en Hollande a effectivement accru l’horreur. Pour autant qu’il se réfère à un modèle historique, le choix de Zemmour porte sur de Gaulle et non sur Pétain. Mais on préférera accepter que d’autres se réclament du gaullisme alors qu’ils l’ont trahi de fond en comble. En défendant la souveraineté de la France, son identité culturelle, sa grandeur dans l’histoire et dans le monde, Zemmour se situe pourtant bien dans le sillage du Général.
Le meeting de Zemmour a été une superbe réussite. La foule était présente et enthousiaste. L’écrivain brillant, mais moins bon à l’oral, a mué : il est devenu un orateur capable d’exalter ses auditeurs. Le contempteur du “grand remplacement” s’est hissé sans difficulté en chantre de la reconquête industrielle avec des propositions solides à l’appui. C’en était trop. Un commando de SOS racisme est venu provoquer un public chauffé à blanc et a obtenu ce qu’il cherchait : une riposte musclée de militants. Mission réussie : la victime de la provocation devient le coupable et les “violences” prennent le pas dans de nombreux médias, des journaux de province, par exemple en plus bien sûr de la presse nationale de gauche largement majoritaire. Le succès de la manifestation, la transfiguration du candidat, la densité du discours et sa cohérence disparaissent derrière les violences marginales qui témoignent de son extrémisme. On oublie l’agression qu’il a subie, on tait l’intolérance systématique de la gauche qui veut faire taire Zemmour, qui veut interdire ses réunions, et qui vient manifester là même où il parle quand aucun militant de droite ne va perturber les manifestations de gauche. Lorsque les “antifas” agressent les “identitaires” et que ceux-ci se défendent, c’est bien sûr ces derniers que l’on dissout !
Eric Zemmour est un écrivain conservateur, qui se réfère au gaullisme, qui fait revivre le RPR tel qui était à ses débuts, avec les mêmes idées et la même ferveur. Pour la meute médiocratique, il est un “polémiste d’extrême-droite”, condamné pour des propos racistes. Ce glissement sémantique signe la malhonnêteté intellectuelle de ceux qui l’utilisent. D’abord, quel respect peut-on avoir pour un journaliste qui se félicite des lois liberticides qui ont altéré la liberté de la presse ? Une meilleure connaissance du fonctionnement de la justice leur apprendrait que la jurisprudence est favorable à cette liberté. Zemmour a simplement eu le tort de ne pas faire appel ou de ne pas se pourvoir en cassation pour une ou deux affaires. Il a gagné dans les autres. On peut souhaiter que son succès dans cette campagne soit salutaire pour la France, mais aussi pour le rétablissement de la démocratie dans notre pays !
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