« Le twerk est pour moi une véritable démarche politique, affirme Fannie Sosa, artiste féministe. Le twerk est antipatriarchal, anticapitaliste et anticolonial.[1] » Ceci peut expliquer la prestation offerte par le collectif Booty Therapy lors d’une manifestation contre les « violences sexistes » à Paris, le 20 novembre dernier[2]. On y voit une vingtaine de « danseuses » (puisqu’il faut les appeler ainsi) secouer leurs hanches et leurs fesses en cadence. Blanches, en grande partie. Miley Cyrus, lors du même exploit aux MTV Music Awards en 2003, avait été accusée d’appropriation culturelle. Identitaires et wokistes sont d’accord pour une fois : les Européens ne devraient pas s’avilir avec le twerk et le laisser aux femmes-objets des clips de rap.
On fait remonter le twerk aux esclaves noirs américains, on la relie à des danses ethniques d’Afrique de l’Ouest qui auraient essaimé en Jamaïque, colonie noire emblématique. On peut invoquer les origines les plus anciennes qui soient, il n’en reste pas moins que le twerk de Rihanna n’était pas dansé par les nounous du Sud confédéré ni par les matriarches de l’Afrique tribale. Le twerk contemporain vient du hip hop de la Nouvelle-Orléans et de la musique afro-américaine moderne, non du blues ou de la soul.
Le collectif Booty Therapy (« Thérapie du cul », littéralement) twerke pour « montrer que ce n’est une danse de putes mais une façon de se reapproprier son corps et de s’empouvoirer ». Derrière ce gloubi-boulga féministe, il faut comprendre une énième idéologisation d’un goût très personnel pour une danse très particulière. On pourra lui donner toutes les justifications politiques, essayer d’en faire un étendard de la déconstruction, le twerk reste un énième argument de vente pour réifier la femme, en faire un objet commercial, une potiche vendeuse. Peu importe leurs motivations, les twerkistes roulent pour la société de consommation et n’honorent pas la féminité.
Entre le twerk et l’art moderne obscène, comme Milo Moiré qui pond des œufs avec son vagin[3], on voit bien que l’argument politique est devenu l’alibi de tous les manques d’imagination et des obsessions névrotiques des néo-féministes. Le militantisme n’est plus, dès lors, un outil au service de la Cité, un moyen d’expression public, mais un défouloir personnel que la majorité des gens normaux sont sommés de regarder et, surtout, de tolérer. Redonner ses lettres de noblesse au politique passe immanquablement par un décentrement vis-à-vis de soi-même et par le primat accordé au discours, plutôt qu’à l’exhibition narcissique.
[1] 16 juillet 2015, https://observers.france24.com/fr/20150716-twerk-danse-sexe-emancipation-liberation-therapie
[2] 21 novembre 2021, https://www.valeursactuelles.com/societe/video-manifestation-nous-toutes-un-collectif-de-femmes-twerke-pour-montrer-que-ce-nest-pas-une-danse-de-putes
[3] 16 avril 2014, https://www.lematin.ch/story/elle-pond-des-ufs-avec-son-sexe-162406423663
Clément Martin
Texte repris du site de : Les Identitaires