Analyse d’Alliance pour la France :
Les sujets structurants sont généralement les grands absents des débats présidentiels. J’entends par sujets structurants ceux qui travaillent la société de l’intérieur, font prendre à notre Nation voire à notre civilisation, souvent silencieusement, insensiblement, à petits pas, une direction qui peut rapidement devenir un fatum, un destin irréversible. J’en vois aujourd’hui deux, qui supplantent tous les autres, y compris ceux qui touchent au quotidien matériel des Français comme le chômage, le « pouvoir d’achat », les retraites, la croissance économique. Ces deux sujets sont le Grand Remplacement et la Grande Réinitialisation.
Le Grand Remplacement a été pris à bras-le-corps par Eric Zemmour. De manière à mon sens exemplaire et courageuse, il a repris mot pour mot l’expression de Renaud Camus, en a livré un diagnostic complet et distille, au fil de ses interventions, des solutions politiques pour en atténuer voire en inverser le cours : aucun tabou sur la défrancisation de la France, sur la sécession, la colonisation que nous subissons par des peuples allogènes qui viennent se substituer au nôtre dans des quartiers entiers. Rien n’est occulté sur l’islamisation conquérante, sur le scandaleux renoncement de l’école (voir nos résultats TIMMS en mathématiques, nos performances calamiteuses en lecture) et le déclassement intellectuel qui s’ensuit préparant une perte d’influence désastreuse dans le monde. Ce point a été soulevé de manière irréversible et sera placé au centre de la campagne à n’en pas douter. Eric Zemmour a fait émerger dans les mots ce qui était senti, pensé, mais refoulé, emmuré dans un silence apeuré. Le Grand Remplacement est devenu un sème politique. Il le restera et structurera la campagne. Cela ne signifie pas que la partie est gagnée mais le temps de l’occultation, du grand silence est désormais derrière nous.
Il n’en va pas de même pour la Grande Réinitialisation. Je ne reviens pas exhaustivement sur le concept lui-même que j’ai maintes fois abordé dans mon site. Je prie le lecteur de bien vouloir s’y reporter. Le Covid-19, très faiblement létal, est, selon Klaus Schwab, le président du Forum Economique Mondial de Davos, une « fenêtre d’opportunité » pour changer de paradigme sociétal, politique et anthropologique. Il s’agit de passer d’une ère de la proximité à une ère de la distance (voyez le lexique « distanciation sociale », « masque », « gestes barrière »), d’une ère de la matérialité physique à une ère de réalité numérique, l’homme ayant lui-même vocation à devenir une donnée, un QR Code, à abandonner son identité physique pour une identité hybride à la fois physique, biologique et numérique. Schwab évoque même – à travers l’expression la plus mystérieuse de son livre – une « politique quantique » qui révèle bien cette ambition d’essence révolutionnaire : refaire l’homme sur la base de la 4ème Révolution industrielle, construire un artefact amélioré à partir des nanotechnologies et des neurotechnologies qui permettront une optimisation du cerveau, déjà obsolète selon Larry Page, refaire l’ingénierie sociale, dissoudre l’amitié politique pour un individualisme de masse, parodiant l’harmonie universelle de Leibniz. Or, les élites le savent : les peuples auraient refusé un tel programme s’il avait été discuté démocratiquement. Il a fallu donc procéder autrement, davocratiquement. On connaît l’histoire : les répétitions générales comme Event 201 en octobre 2019, le rôle plus que trouble de la Chine au début de l’épidémie, le saisissement, la peur, le confinement général, les couvre-feux, le contournement des institutions démocratiques au profit de conseils de défense, de conseils scientifiques, la fabrique progressive du consentement par slogans, la mystique vaccinale, le pass sanitaire, puis le pass vaccinal, les instruments de discrimination d’une citoyenneté désormais double. Bref, tous ces événements montrent le glissement de l’Occident vers une tyrannie oligarchique, mondialiste et totalitaire faisant de ces années 2020 et 2021 une leçon d’histoire sur la montée des totalitarismes du XXème siècle. On le voit, la Grande réinitialisation est le phénomène le plus politique qui soit : il pose les bases d’un contrat social nouveau, d’un homme nouveau. Or, le silence est assourdissant en ce début de campagne. J’y vois quatre raisons.
Tout d’abord, l’arithmétique électorale. Avec, au 19 décembre 2021, une couverture vaccinale de 89,2% des plus de 12 ans soit 51,43 millions de Français dont 19,17 millions ont eu un rappel (33,2 % de couverture vaccinale avec rappel !) et quelques 6 millions de Français non-vaccinés, on ne peut pas dire raisonnablement que le numéro scandaleux du sinistre Macron le 12 juillet 2021 n’ait pas fonctionné. Bien sûr, nombreux sont les Français qui ont subi cette obligation vaccinale déguisée mais force est de constater que la fabrique du consentement a globalement marché et que la Grande Réinitialisation, dans son caractère néfaste et destructeur pour l’homme, a été occultée dans le débat public par la simple question vaccinale, qui, elle, n’a pas donné lieu à une résistance massive. Ainsi, se lancer politiquement dans un débat sur la Grande Réinitialisation est malheureusement une excellente occasion de perdre des plumes et d’obérer son avenir politique, du moins si l’on considère les cibles électorales comme des masses statiques.
Ensuite, les bulles cognitives. Les réseaux sociaux, nos aspirations intellectuelles, nos habitudes cognitives nous entraînent naturellement à fréquenter des pensées-miroir, des réactions-écho – si je puis dire – et ce, de manière récurrente, presque quotidienne. Au quotidien, en effet, je vois dans les réseaux sociaux la remarquable mobilisation de Florian Philippot, l’effet d’entraînement que suscite son combat et son énergie à toute épreuve. Qu’il en soit d’ailleurs à l’occasion de cet article sincèrement remercié. Une fois en effet que vous avez porté un regard sur ce qui s’est passé le 3 juin 2020 entre le Prince Charles et Klaus Schwab, vous ne quittez plus le sujet des yeux. Vous approfondissez la question, vous nourrissez votre argumentaire, vous, oui, mais autour de vous ? Avec l’effet miroir déformant des réseaux sociaux, vous avez tendance à vous raconter le récit d’une prise de conscience collective, vous avez vu le scandale au départ et vous en voyez ainsi le processus se développer et s’accomplir irrémédiablement. Je crains que si la Grande Réinitialisation n’est pas aujourd’hui un sujet politique, c’est en partie, parce qu’une majorité de Français a raté le fait générateur, ne s’est pas « branché » – pourrait-on dire – assez tôt sur ce phénomène inouï, n’a pas ensuite considéré que les décisions politiques liberticides faisaient partie de l’ingénierie destinée à nous y conduire. A nous de les convaincre, inlassablement.
De nombreux candidats à la présidentielle occultent le phénomène, non qu’ils l’ignorent. Ils considèrent qu’il s’agit d’une opportunité politique pour satisfaire le besoin d’ordre qu’ils sentent dans la société. Et, en effet, il n’est pas rare d’entendre des concitoyens considérer que les non-vaccinés sont facteurs de désordre, d’affaiblissement de la cohésion nationale, qu’une obligation vaccinale pure et simple aurait tout simplifié. Les gestionnaires du nouveau parti de l’Ordre pensent pouvoir tirer les dividendes politiques de l’émergence d’un nouveau tragos : le non vacciné, fauteur de trouble, miasme de la cité qu’il convient de chasser ou de sacrifier. C’est ce que j’appelle l’extrême-centre : le PS, LREM, LR notamment à travers les déclarations récentes et scandaleuses de Valérie Pécresse ou auparavant de Xavier Bertrand. Non seulement ils refusent la réalité du Grand Remplacement, ne veulent pas le nommer, pensent qu’il est possible d’aménager le chaos et de gérer l’invasion mais, de surcroît, ils occultent la Grande Réinitialisation car ils y voient une occasion cynique de dessiner un nouveau contrat social autour de la soumission. Ces personnages se disqualifient d’eux-mêmes et j’espère que les Français leur rendront la monnaie de leur pièce en temps voulu.
Les autres candidats perçoivent le problème mais ne le mettent pas dans son contexte et n’éclairent pas, par conséquent, le débat public. Marine Le Pen évoque le sujet assez régulièrement et montre une sensibilité louable à cette question des libertés publiques. Le lecteur connaît mon respect politique pour Eric Zemmour mais, franchement, dans l’Opinion, il a fait le service minimum. S’il confirme qu’il n’y aura plus « de confinement ni de restrictions des libertés individuelles comme le pass sanitaire ou vaccinal », ce qui n’est déjà pas mal, il ne déconstruit pas, pour le coup, le Great Narrative de Klaus Schwab. En évoquant le redressement, sans doute nécessaire, du système hospitalier, il occulte le grand mensonge sur la « tension hospitalière » qui a motivé le confinement. En mentionnant, le retour des « traitements », justement salués, il n’affronte pas la question de l’irrationalité vacciniste, qui s’est présentée comme une alternative exclusive, compte tenu des effets indésirables nombreux et de l’inefficacité patente en terme d’immunité et de propagation de la maladie. Et surtout, en promettant un « retour à la vie normale », il fait le choix de ne pas dialoguer avec Klaus Schwab qui répond à ce sujet, nettement, distinctement, « Jamais ! ». On a l’impression qu’il ne « sent » pas le sujet.
Or, face à un sujet d’une telle importance, et avec des ennemis politiques placés à un tel niveau, avec des intentions si délétères, il n’y a pas d’arithmétique qui compte. Il faut renverser la table, dire un non net et global, sortir des bulles cognitives et aller convaincre sans discontinuer sur l’objectif de cette entreprise funeste qu’est la Grande Réinitialisation. Bien sûr qu’il s’agit d’un sujet politique ! C’est même une tempête politique, anthropologique dans laquelle nous sommes tous entraînés, vaccinés, non-vaccinés, tous !
J’ai vu, ce soir, et cela fait chaud au cœur, que Florian Philippot, Jean-Frédéric Poisson ont répondu à l’appel de Philippe Murer sur une déclaration commune le 8 janvier contre l’« apartheid sanitaire », sollicitant les candidats à la présidentielle quant aux manifestations liberticides de la Grande Réinitialisation. La Déclaration de Bethléem du 15 décembre 2021 signée par des évêques, des prêtres, notamment l’Abbé Guy Pagès en France « s’oppose avec véhémence » aux injections expérimentales contre le COVID-19, qualifiées de « moralement illicites » et dénonce, enfin, la blessure que cette entreprise impose à la nature et à l’homme lui-même. Que dire du Doctothon qui a montré que des médecins, nombreux, voient que leur art est méprisé, foulé aux pieds par une technocratie sanitaire qui crache quotidiennement sur le Serment d’Hippocrate ?
C’est dès maintenant qu’il faut mobiliser les Français sur ce sujet. C’est le temps de la prise de risque. Le temps où les sondages peuvent encore baisser sans trop de dégâts. Il faut l’accepter. En février, il sera déjà trop tard. Il s’agit de l’homme, de notre civilisation. Un nanhomme qui marche, masqué, hagard, apeuré, n’est ni Européen ni Français !
https://www.lesalonbeige.fr/la-grande-reinitialisation-est-elle-un-sujet-politique-pour-2022/