Maire de Maisons-Laffitte, député des Yvelines jusqu'en juin 2017, Jacques Myard fut à l'origine d'une résolution de proposition déposée à I'Assemblée nationale au mois de mai 2014, demandant la création d'une commission d'enquête sur la cession d'Alstom « à un groupe étranger dans un contexte concurrentiel mondialisé ». Pour Monde&Vie, il revient sur le rôle joué dans cette affaire par Emmanuel Macron.
Vous avez été par parmi les premiers, en mai 2014 à demander que la lumière soit faite autour de la cession de la branche Energie d'Alstom à I'Américain General Electric. Pourquoi ?
J'ai en effet demandé une commission d'enquête. En commission des Affaires économiques, nous avions entendu et éreinté Patrick Kron, I'ancien PDG d' Alstom. Par ailleurs, j'ai été alerté par des amis, notamment Frédéric Pierucci, que j'ai reçu a Paris et qui a publié depuis Le Piège américain. Ma demande n'a pas été suivie d'effet parce que les socialistes ne se sentaient pas propres. Il y a eu ensuite les révélations de Montebourg sur le drôle de jeu joué par Macron. En 2018, mon collègue Olivier Marleix a repris le dossier, obtenu une commission d'enquête et porté plainte, au titre de l’article 40, en soupçonnant un pacte de corruption. On a découvert que les gens qui ont gagné de l’argent dans la vente d'Alstom ont ensuite figuré parmi les généreux donateurs de la campagne de Macron. Une enquête est actuellement en cours, mais va-t-elle avancer ? Je suis sceptique.
Macron était-il à la manœuvre des 2012 ?
Ça me parait tout à fait possible. Il a été vindicatif contre Montebourg. Lisez le très intéressant rapport parlementaire d'Olivier Marleix. C'est un scandale d'État et je ne pardonnerai jamais à Emmanuel Macron d'avoir trahi et dilapidé les intérêts français. Cette affaire illustre sa connivence avec les milieux financiers et son idéologie : pour lui, la France n'existe plus.
Eric Letty Monde&Vie 4 décembre 2021 n° 1005