Sans grande surprise, les godillots macroniens ont définitivement entériné la mise en place du nouvel outil de contrôle social voulu par le gouvernement. Le texte « renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire » a ainsi été voté par 215 députés, tandis que 58 se sont prononcés contre et sept se sont abstenus. On pourra noter au passage que 297 « élus du peuple » n’ont même pas daigné se déplacer pour participer à ce vote. Sans doute des opposants (tardifs) au travail du dimanche… Outre la majorité macroniste, une partie des députés LR et PS s’est prononcée en faveur des nouvelles restrictions de libertés, notamment Eric Ciotti, la nouvelle idole des droitards.
Le passage devant le Sénat n’aura finalement été qu’une formalité alors que certains naïfs espéraient une plus grande « résistance » de la part d’une assemblée réputée plus « sage » et « conservatrice ». Au contraire, le seul amendement sénatorial inscrit dans la nouvelle loi ne laisse pas d’être inquiétant et possiblement destructeur : en cas de désaccord entre parents sur la vaccination de leur enfant de 5 à 11 ans, l’un des deux pourra décider unilatéralement de le faire vacciner alors qu’il fallait jusqu’à présent un accord commun. De biens tristes drames et chantages familiaux en perspective !
Dès que la loi sera publiée par décret (vers le 20 janvier, espère le gouvernement), ce passe vaccinal se substituera donc à l’actuel passe sanitaire pour accéder à l’essentiel des lieux publics et des activités de loisirs (restaurants, cafés, bars, salles de sport, piscines, foires, transports publics interrégionaux…). Les magasins ou les lieux de culte ne sont pas concernés par la mesure, tout comme les établissements et services de santé (dont l’accès reste conditionné à un test négatif). Les non-vaccinés pourront donc encore acheter des denrées alimentaires, prier et éventuellement se faire soigner. Quelle générosité et quelle clémence envers ces irresponsables citoyens de seconde zone !
Dans ce nouveau cadre, les contrôles seront bien évidemment renforcés, chacun, ou presque, devenant le kapo de son voisin. Ainsi les restaurateurs et organisateurs de spectacles pourront vérifier l’identité des personnes présentant un passe vaccinal, en exigeant soit une carte d’identité, soit un « document officiel comportant sa photographie ». Le passe vaccinal ne s’appliquera qu’aux personnes à partir de l’âge de 16 ans, les mineurs de 12 à 15 ans restant soumis à l’obligation de présenter l’actuel passe sanitaire.
Alors que désormais tout le monde s’accorde à reconnaître que le « passe », sanitaire ou vaccinal, n’empêche nullement la transmission massive du virus et que son seul intérêt serait de limiter les « cas graves » et donc la pression sur les services de réanimation des hôpitaux dans lesquels le gouvernement refuse d’investir massivement comme la logique la plus basique le voudrait, ce vote apparaît clairement comme l’expression d’une volonté de « punir » les réfractaires aux oukases gouvernementaux bien plus que comme une quelconque mesure sanitaire.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 17 janvier 2022