Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Frédéric Lemoine, l’homme d’affaires dans l’ombre de Pécresse

1024px-fredericlemoine-845x475.jpg

Pour que vous compreniez où vous allez mettre les pieds, commençons par une anecdote. Elle va peut-être vous révolter, mais, dans ce milieu-là, c’est assez banal.

Nous sommes en mars 2009, l’empire industriel Wendel est dans la tourmente. Des complots, une famille qui se déchire, et surtout un endettement colossal qui met en danger l’existence même de l’entreprise.

La confiance est rompue et les banques se détournent. Ernest-Antoine Seillière, qui préside Wendel, doit trouver rapidement un successeur au directeur général qui vient d’être débarqué.

Un impératif : il faut rassurer. Le choix se porte alors sur un ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République auprès de Jacques Chirac.

Énarque, inspecteur des finances, c’est un homme de réseaux et, surtout, un symbole du pantouflage à la française avec ses hauts fonctionnaires naviguant entre public et privé.

Ministères, gros cabinets de conseil, secrétariat général de la présidence, son CV est intéressant.
Oui, mais voilà, son arrivée à la tête de Wendel se fait en plein psychodrame et certains auraient préféré un recrutement au sein de la famille. Alors, ils vont tenter d’en savoir plus sur cette recrue, chercher les failles.

Bingo, avec la rémunération. N’oublions pas dans quelle situation financière se trouve l’entreprise à l’époque, avec un résultat net en recul de 82 % sur l’année précédente.

Pas grave, le nouveau patron a obtenu un package d’environ 4 millions d’euros sur deux ans, révèle La Tribune. Et surtout - ce qui va très mal passer auprès de la famille actionnaire - un « welcome bonus » de 400.000 euros.

L’information ayant fuité dans la presse, le nouveau patron est obligé de rembourser le chèque encaissé tout en prétendant qu’en réalité, il avait refusé cette prime. Encaissé mais refusé ! De la communication de crise efficace et crédible.

Son poste à la tête de Wendel le conduit à côtoyer les clubs des élites mondialisées, et notamment le Forum de Davos. Et, comme Valérie Pécresse, il fréquente également le club très fermé Le Siècle, où se retrouve l’élite française des affaires, des médias et de la politique.

Il n’en sera pas moins débarqué à son tour de Wendel en 2017. Depuis, pas grand-chose, sinon le lancement d’un fonds d’investissement. Alors, pourquoi pas la  pour se relancer ?

Un autre monde, me direz-vous, où se mêlent politique, finance et haute fonction publique. La France d’en haut, bien éloignée de notre quotidien.

Mais, au fait, je parle, je parle, et je m’aperçois que je ne vous ai même pas dit son nom. Il s’agit de Frédéric Lemoine. Un ami de trente ans de Valérie Pécresse. Elle l’a nommé directeur en charge de son programme pour la présidentielle. Un « homme d’affaires d’inspiration libérale », nous dit Le Point« chef d'orchestre de la centaine de “cerveaux” qui planchent au secret sur son projet ».

Intéressant car, après tout, si  se veut la « Dame du faire », il faut la prendre aux mots et donc s’intéresser moins à sa personnalité et plus à son projet. Et surtout à celui à qui elle l’a confié : dis-moi qui s’occupe de l’élaboration de ton programme, je te dirais qui tu es ?
Un « homme d’affaires », donc, car dans le fond, Pécresse n’a pas modifié le logiciel de cette  anachronique qui continue à penser que c’est par les réformes économiques que se régleront l’ensemble de nos problèmes de société.

Macron, en 2017, annonçait une « révolution ». Pécresse répète comme un mantra sa « furieuse envie » de faire des réformes et Frédéric Lemoine dit la rejoindre « pour que les choses changent »« Tout changer pour que rien ne change », la devise des élites libérales.

Le reste (l’immigration, la sécurité) fait partie de la cuisine électorale laissée à Patrick Stefanini pour ne pas perdre les LR « tendance Ciotti » sans lesquels elle ne peut l’emporter.

Le 8 février dernier, Le Point rapportait les propos d’un des « éminents participants » du dîner du Siècle. Ce membre de l’élite de l’élite s’amusait à l’évocation du match Pécresse – Macron : « Je connais très bien Emmanuel et Valérie depuis longtemps. Ils sont pro-Européens, pro-entreprise et efficaces. Pour ce qui me concerne et pour mes activités, que l'un ou l'autre remporte la présidentielle ne changera rien. »

Effectivement, pour les élites,  ou Pécresse, ça ne changera rien. On avait compris.

Frédéric Lassez

https://www.bvoltaire.fr/frederic-lemoine-lhomme-daffaires-dans-lombre-de-pecresse/

Les commentaires sont fermés.