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“Citez-moi une seule victoire industrielle française dans laquelle l’État a été un contributeur important”

“Citez-moi une seule victoire industrielle française dans laquelle l’État a été un contributeur important”

Exilé au Liban, Carlos Ghosn a été interrogé dans Valeurs Actuelles. Extrait :

Comment jugez-vous l’évolution des groupes automobiles français ?

Elon Musk et moi avions été les initiateurs de la voiture électrique. Dès 2011, nous avions participé ensemble à un film intitulé la Revanche de la voiture électrique. Lui s’en est mieux tiré que moi. Pourquoi ? Parce que j’ai eu la naïveté d’essayer de transformer deux grands groupes alors que lui y est allé par lui-même.

Aujourd’hui, son entreprise vaut plus de 1 000 milliards de dollars et c’est l’un des hommes les plus riches et les plus influents au monde. Ce que je veux dire, c’est que les groupes français dont l’État est actionnaire sont esclaves de leur héritage. S’ils veulent aller de l’avant, l’État est toujours là pour leur rappeler leurs obligations vis-à-vis de fournisseurs historiques et de sites historiques, de leur façon de faire obsolète et les obliger à maintenir des activités même non rentables, etc.

Posez-vous la question : pourquoi Tesla est valorisé 1 000 milliards de dollars et Renault 10 ou 12 milliards ? Parce que le management de Tesla raconte une histoire passionnante et crédible. Il court un 100 mètres en regardant devant lui et en voulant à tout prix gagner la course. Les constructeurs français sont handicapés par l’héritage du passé.

L’interférence de l’État est également visible chez EDF, Air France… qui doivent être recapitalisés. Que cela vous inspire-t-il ?

La liste des catastrophes industrielles ne s’arrête pas là. Areva, Alstom… citez-moi une seule victoire industrielle française dans laquelle l’État a été un contributeur important. Je n’ai personnellement aucun exemple à citer. C’est incroyable dans le pays de Descartes, le pays de la rationalité, de constater que la mauvaise performance constante ne pose pas question. On vous raconte cette sérénade que l’État français a sauvé des entreprises pendant les crises. Mais tous les États ont aidé leurs entreprises pendant la crise de 2008 : les États-Unis ont nationalisé General Motors mais ils sont sortis du capital une fois la crise terminée. Je considère que l’État doit seulement intervenir en cas de catastrophe forcée sur l’entreprise.

En France, il y a cette tradition d’interventionniste de l’État alors qu’il est incapable de gérer son budget, ses déficits et sa dette. Souvenez- vous de la tentative de rapprochement entre Renault et Volvo. Pourquoi cela a-t-il échoué ? Là encore, par l’intervention de l’État français. Il en est de même avec le Japon. Après la loi Florange, qui a instauré le droit de vote double pour l’État français et le déni de vote pour Nissan, pourtant actionnaire à même hauteur que l’État français dans Renault, la relation de confiance a été cassée. Les Japonais ne voulaient pas être traités de manière aussi désinvolte. À trop vouloir leur demander, l’État français a fini par ne plus rien avoir. Aujourd’hui, Renault est un membre faible parmi trois d’une alliance qui est un zombie, qui est une apparence d’alliance mais dans laquelle il n’y a plus de véritable travail en commun dans le cadre d’une vision commune. […]

https://www.lesalonbeige.fr/citez-moi-une-seule-victoire-industrielle-francaise-dans-laquelle-letat-a-ete-un-contributeur-important/

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