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Une campagne trafiquée

220311

C'est seulement de façon furtive que j'ai visionné le débat supposé déchirant ce 10 mars entre deux candidats de droite, dont je crois connaître les programmes. À lire froidement leurs textes écrits on les découvre d'ailleurs plus convergents sur le fond qu'on veut bien le dire et qu'ils le prétendent eux-mêmes. Et si leurs styles s'opposent leurs électeurs du premier tour devraient pouvoir s'additionner au second puis aux législatives. Du moins normalement.

Je dis : "normalement", parce que tout est construit par le régime, pour qu'au second tour leurs électeurs ne se rassemblent pas mais s'opposent. Concourrent à l'opération aussi bien le pouvoir exécutif sortant que certaines institutions dans sa dépendance et, plus encore, les médias à sa botte.

La ficelle peut sembler grosse, et pourtant elle passe.

Face à ce spectacle dégradant, mon choix est fait : je voterai contre Macron au second tour, s'il est encore en lice, et contre les macroniens sauf quelques exceptions peu probables : si par exemple le président sortant se trouvait en compétition avec Mme Hidalgo ou si, dans le 17e arrondissement où je vote encore, restait en compétition un candidat du PCF. Nous n'en sommes pas là.

Macron n’a rien inventé. Les droites, désormais largement et durablement majoritaires dans l’électorat, on le voit bien aux élections locales, ne perdent au second tour que par leurs divisions : par 2 sous Mitterrand et maintenant par 3.

Macron manipule et sabote la campagne, et ceci depuis des mois. Il entend se soustraire au débat avec ses adversaires et à esquiver la question de son bilan, en cherchant à enfumer les naïfs par des discours sur l'avenir.

Il viole ainsi la déclaration de 1789 dont se réclame pompeusement la constitution de la république. Celle-ci énonce en son article 15 : "la Société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration."

Les dirigeants de l'État central parisien aiment à entendre qualifier leur pays, celui dont ils exploitent les ressources et qu'ils ridiculisent, de patrie des droits de l'Homme.

Sur le fond, un principe démocratique devrait nous éclairer : tout élu, tout représentant de la nation en quête de réélection devrait accepter, comme le faisaient traditionnellement les députés, d'être évalués sur un compte rendu de mandat.

On pourrait sans doute questionner sur l'application de phrases ronflantes telles que l'article 2 : "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression". Où en sommes-nous de ces prétendus droits imprescriptibles ? Qui oserait même s'interroger sur leur mise en œuvre ?

Depuis son élection de 2017, largement artificielle sinon manigancée, Macron s'est trouvé plusieurs fois confronté au mécontentement profond des Français.

Souvenons-nous : successivement année après année, chacune fut marquée par l'affliction.

En 2018 il échoue lamentablement sur la réforme des régimes de retraites, grande promesse impréparée.

En 2019 apparaissent les gilets jaunes.

En 2020 puis 2021 on surjoue la terreur autour d'une pandémie qui occasionne elle-même plusieurs scandales successifs autour de sa gestion : scandales et mensonges à propos des masques, scandales des vieilles personnes sur-confinées et coupées de leurs familles, scandales des masques, puis des vaccins, etc.

Dans chaque crise, ce qui lui a permis de surnager aura résulté, non de la popularité, encore moins de la pertinence, des solutions qu'il portait, mais de règles tactiques, assez simples mais éprouvées : diviser ses adversaires, jouer sur la vanité des uns, la corruption des autres, Don Basile ne reste jamais loin, qui fredonnera toujours le grand air de la calomnie.

Ses discours poussifs et creux nous le montrent toujours égal à lui-même, certes dans la boursouflure et la vacuité, mais aussi dans la ruse. Aussi vieille que celle des gauches, unies au second tour par des accords aussi discrets qu'immoraux, la division des droites a certes toujours existé depuis la fin de l'Ancien Régime.

Mais l'amplifier artificiellement aujourd'hui pour maintenir au pouvoir la gauche caviar ne sert plus qu'à maintenir le profitariat du Régime. C'est l'instrument et la fonction de la Macronie.

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/2022/03/une-campagne-trafiquee.html

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