Jamais sans doute l’Etat n’a été plus étouffant que sous ce quinquennat. Il aura suffi, jeudi dernier, d’entendre l’interminable conférence de presse (plus de quatre heures !) d’Emmanuel Macron pour s’en convaincre. Dans les moindres détails de la vie des gens, le président-technocrate entend avoir son mot à dire. Ainsi s’est-il plaint ce jour-là : « On ne parle pas du tout du harcèlement des enfants à l’école ». Ce sujet est certes important. Mais il est bien d’autres thèmes qui sont occultés par le pouvoir, à commencer par sa propre omnipotence.
La société est anesthésiée sous le poids d’un Système aux coûts exorbitants et à l’inefficacité avérée. Jouant sur les peurs qu’il distille lui-même, Macron se laisse voir comme l’indispensable gestionnaire d’une société complexe et dépolitisée. Or cette posture est un leurre. L’accumulation des mesures techniques, égrenées par le candidat devant la presse, a fait en sorte de brouiller les priorités et de réduire le discours macronien à un mode d’emploi. Mais cette approche s’épargne de regarder l’éléphant qui s’est installé dans le salon, à savoir cet Etat gonflé comme une baudruche qui ne cesse de s’empiffrer d’un endettement que rien ne vient freiner. Le scandale des cabinets privés anglo-saxons de conseil, révélé notamment par une commission d’enquête du Sénat qui a rendu son rapport jeudi, illustre la dérive d’un mécanisme qui tourne à vide.
L’Etat emploie plus de cinq millions de fonctionnaires. Pourtant, le recours parallèle aux sociétés privées a pris des proportions considérables sous Macron. En trois ans, son gouvernement aurait passé environ 500 commandes pour un total chiffré à 43 milliards d’euros par un groupe de hauts fonctionnaires cité dernièrement par L’Obs ! Le Sénat, pour sa part, avance une dépense de plus d’un 1 milliard d’euros pour l’année dernière, notamment en paiement de conseils pour la stratégie sanitaire vaccinale fournis par le cabinet McKinsey (qui ne paierai pas d’impôts en France en dépit d’un chiffre d’affaires de 329 millions d’euros en 2020 !). La branche française est dirigée par Victor Fabius, le fils du président du Conseil constitutionnel. Or, comme le rappelle Stéphane Guyot (1), le système national de la santé est déjà une armée mexicaine d’agents publics : le ministre de la Santé, le directeur général de la Santé, le directeur de Santé Publique France, le directeur de la Haute Autorité de la santé, les directeurs des agences régionales de la santé, le directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé, le Centre national de recherche scientifique en virologie moléculaire, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Bref, L’Etat ventripotent, impotent, dispendieux ne fait plus confiance en ses agents pour gérer des problèmes ordinaires. Cela s’appelle un système en faillite. On en parle ?
(1) Abstention piège à cons, par André Bercoff, Stéphane Guyot, Philippe Pascot; Max Milo éditions
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