Au village, sans prétention, ils ont mauvaise réputation. Les 1.002 habitants de Técou, dans le Tarn, ont mal voté. 52,42 % des voix pour Marine Le Pen. La Dépêche.fr rapporte que monsieur le maire n'a pas fermé l’œil de la nuit. Au matin, Jean-François Baulès sortait hirsute de son domicile pour clamer sa honte de diriger une commune composée d'un tel pourcentage de vauriens. L'homme « ne se sent plus représentant de sa commune ».
Plus de goût à rien. À l'exception des manifestations patriotiques, l'élu déprimé se fera porter pâle pour toute autre événement public. Restera chez lui devant BFM. Écoutera la radio... « Non, les braves gens n'aiment pas que/L'on suive une autre route qu'eux. » Non, pas cette chanson-là.
Ce fin démocrate tarnais tient l'explication de son mélodrame local : « Le vote Mélenchon s’est fondu avec celui du RN. Ils utilisent les mêmes leviers du populisme, la peur, la haine de l’autre, la jalousie de ceux qui ont plus que soi. » Excepté la jalousie dont on ne sait ce qu'elle vient faire là (peut-être le manque de sommeil), l'élu répète soigneusement le refrain de sa chaîne d'info préférée. Encore vivant, Brassens l'aurait mis en musique.
Dans sa grande bonté, Jean-François Baulès n'a pas songé à identifier les vilains votants pour les expulser du village. Après une bonne purge des électeurs de Mélenchon, de Marine Le Pen et Éric Zemmour, la vie aurait repris son cours normal. Entre bons macroniens qui ne haïssent pas l'Autre.
Foi d'élu trahi par ses administrés, il ne briguera pas un quatrième mandat en 2026. Non. Il partira peut-être vivre dans une communauté « En marche ! » Une place forte avec des remparts du haut desquels il pourra jeter des bassines d'huile bouillante sur les populistes. Il peut aussi déménager pour aller rejoindre son alter ego dans la Meurthe-et-Moselle, cet ancien maire de Xirocourt qui a décidé d'annuler la réactivation d'un festival de musique en raison du score abominable réalisé par Marine Le Pen. 42 % ! Encore trop ! Ces gens-là ne méritent pas d'être bercés par le « swing » prévu initialement. L'ex-organisateur a rejoint le notable de Técou dans sa lutte pour la tolérance : « Je refuse de consacrer du temps et des efforts pour la promotion d'un village dont le nom est devenu synonyme de rejet, d'exclusion, de repli sur soi. » Même refrain, même chansonnette... Les deux maires seraient sur le point de former un duo basé sur les reprises des grands standards de BFM TV. Festival en vue dans une quelconque agglomération ayant bien voté. Tout le monde viendra les voir vaincus. Sauf les culs-de-jatte, bien entendu.