La République en marche est repassée par les fonts baptismaux : elle s’appelle dorénavant Renaissance. Pour mieux absorber les Horizons d’Édouard Philippe et faire la nique à Reconquête, assurément. On n’est pas passé loin de Résurrection… Ce sera sans doute pour la prochaine fois, quand Emmanuel Macron, comme Poutine, aura passé un tour avant de nous revenir en sauveur du monde ?
Nouveau nom, mais vieilles méthodes. « Là où il y a de l’homme il y a de l’hommerie », disait saint François de Sales, ce qui, dans nos sociétés dégenrées, vaut aussi pour les femmes et les « iels ». Je veux parler ici de la course à la gamelle. Dans la course, l'ancien Premier ministre PS Manuel Valls, l'ancien Ministre du budget de Sarkozy Eric Woerth, tant d'autres hier et tant d'autres demain...
Les cyniques disent que la vertu n’existe pas, que chacun a son prix et qu’il suffit de le trouver : d’aucuns se couchent pour un hochet ou une médaille, davantage s’allongent pour un mandat. Et par les temps de pré-législatives qui courent, il y a pénurie de matelas pour allonger les candidats.
Ainsi, la tambouille à gauche a soumis le gros des troupes à l’Insoumis Mélenchon, éjectant quelques éléphants du chaudron où mitonne une gauche en grand danger de péremption. La droite mollassonne et le centre cucul font allégeance à « l’hyper centre » présidentiel pour gonfler les voiles de la Renaissance. Du passé faisons table rase. Tous pour un et un pour tous, voilà la nouvelle classe politique qui vagit dans son berceau.
On assiste ainsi à quelques ralliements étonnants, laissant à supposer, pour reprendre une autre formule empruntée cette fois à La Rochefoucauld, que les vertus pourraient bien se perdre dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer. On songe alors à Mme Zineb El Rhazoui, fraîchement investie par LREM/Renaissance dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, c’est-à-dire Maghreb et Afrique de l’Ouest.
Zineb El Rhazoui n’est pas n’importe qui. Zineb de son nom de plume. La Franco-Marocaine est journaliste, écrivain et militante des droits de l’homme. C’est une figure reconnue pour sa lutte contre l’islamisme radical. Menacée pour ses prises de position, elle vit d’ailleurs sous protection policière permanente depuis l’attentat de Charlie Hebdo. Salariée de l’hebdomadaire, où elle traitait du thème des religions, elle est devenue une icône de la lutte contre les djihadistes. Cette figure incontournable des plateaux de télé, couronnée de nombreux prix et trophées pour ses engagements, fut même conspuée par les troupes de Mélenchon lors de la Marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019, à Paris.
Or, voilà que celle qui publiait, en 2016, un livre intitulé Détruire le fascisme islamique dénonçant « les collaborationnistes français », rejoint un parti et demain peut-être, qui sait, un gouvernement dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en visite à la grande mosquée de Paris, prônait entre les deux tours une « reconquête inversée » par l’adhésion des Français à cette religion éclairée qu’est l’islam et la culture qui s’y rapporte.
Voisin de plateau de Zineb El Rhazoui, jeudi soir, dans l’émission de Pascal Praud sur CNews, Jordan Bardella a osé poser la question : « Qu’est-ce qu’Emmanuel Macron vous a promis ? » Outrée, Zineb El Rhazoui le toise : « D’abord, ça ne vous regarde pas ! » Elle enchaîne : « Comment pouvez-vous vous permettre de poser une telle question ? Vous pensez que je suis une corrompue ? » Pascal Praud tente d’interrompre la passe d’armes et finalement dénonce une formulation « pas très heureuse », mais Bardella insiste.
Le président du RN veut comprendre. « J’ai beaucoup de respect pour votre parcours […] et je suis très étonné, comme beaucoup de gens, de vous voir soutenir un candidat qui défend le burkini, le port du voile, qui refuse de fermer les mosquées radicales, qui laisse rentrer des centaines de milliers de personnes chaque année qui viennent remettre en cause la cohésion sociale… je suis étonné ! »
C’est étonnant, en effet…