L’Union européenne, c’est la paix, vraiment ? Pour Ursula von der Leyen, il est plus important d’envoyer des armes à l’Ukraine que d’aider les pays voisins à accueillir et nourrir les réfugiés ukrainiens.
Monseigneur Krzysztof Zadarko, président du Conseil des évêques polonais pour la migration, le tourisme et les pèlerinages, a rappelé ces derniers jours :
« L’ampleur de l’aide humanitaire fournie par l’Église catholique en Pologne est énorme. Il n’y a pas de paroisse qui ne veut pas participer… il y a un besoin d’assistance systémique à long terme ».
Et les Polonais peuvent se demander : mais où est l’Europe ?
Le sort des réfugiés pour les pays frontaliers avec l’Ukraine est, comme dans le cas de la Pologne, désormais insoutenable. Les données du HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, sont claires : la Pologne accueille 3,4 millions de réfugiés sur un total de 6,2 millions qui ont fui la guerre. Composés de mères, d’enfants, de personnes âgées qui fuient les conflits dans des conditions de pauvreté, cette masse de réfugiés a besoin d’être nourrie, de travailler, d’étudier, de pouvoir avoir un lit sûr. « La Pologne a besoin de l’aide de l’UE pour faire face à la vague de réfugiés en provenance d’Ukraine », a répété dignement le vice-ministre polonais de l’Intérieur lundi 16 mai. Paweł Szefernaker a réitéré cette demande après une réunion à Varsovie avec les législateurs polonais, lituanien, letton et estonien, exprimant en même temps que le sommet européen très demandé, qui se tiendra plus tard ce mois-ci à Bruxelles sur les réfugiés et l’aide aux pays qui les accueillent, prenne les décisions « nécessaires » et urgentes.
La semaine dernière, les représentants des pays confrontés à cette vague d’Ukrainiens fuyant le conflit, ont demandé d’une seule voix à l’Europe :
« Nous avons besoin d’un fonds de milliards d’euros, non pas pour aider la Pologne, mais pour aider les réfugiés qui arrivent dans notre pays ».
Ils étaient réunis le 9 mai à Varsovie où se tenait la 1ère conférence des pays européens qui font le plus d’efforts pour accueillir et intégrer les Ukrainiens : Roumanie (924 000 réfugiés), Hongrie (610 000 réfugiés), Slovaquie (424 000 réfugiés) et Moldavie (464 000 réfugiés), avec la participation de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de l’Autriche, de la République tchèque et des trois Pays baltes.
Malgré ces appels répétés à une aide financière plus conséquente, l’Union Européenne reste silencieuse. Seule concession faite : la possibilité d’utiliser les fonds des politiques de cohésion, relatifs au budget 2014-2020, ainsi qu’une partie des fonds React-EU pour le Covid (17 milliards au total), pour soutenir l’accueil des réfugiés. Cependant, l’argent peine à arriver et, comme le prétend le récent rapport du groupe de réflexion Bruegel 40 milliards d’euros seraient pourtant nécessaires pour les réfugiés ukrainiens.
Au contraire, pour l’envoi d’armes et d’argent pour en financer l’achat, Ursula va-t-en-guerre est prolixe : lors de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’UE du 17 mai dernier, 500 millions d’euros supplémentaires ont été alloués, ce qui porte à au moins deux milliards le total de l’engagement de dépenses actuel de l’UE en faveur de l’armement de l’Ukraine (achat et transport principalement depuis les États-Unis). Aux dépenses officielles et immédiatement disponibles de l’Union européenne pour la guerre, il faut également ajouter celle des dizaines de millions que chaque pays de l’OTAN peut et doit à son tour payer et envoyer pour obéir à l’OTAN elle-même et aux USA et poursuivre la devise de l' UE :
« La Russie doit perdre la guerre ! ».
N’étions-nous pas un continent de paix et d’hospitalité ?
Francesca de Villasmundo