En juin dernier, lors du Conseil européen, sa présidente Ursula von der Leyen prétendait vouloir « infléchir la hausse des prix de l'énergie », redoutant que la zone ne s’enflamme : « Des mouvements sociaux ne sont pas à exclure », nous disait-on.
Le prochain Conseil européen se tiendra en octobre, avec des perspectives sans doute encore plus sombres puisque nos dirigeants n’ont rien d’autre à nous proposer que la hausse de 2 °C des climatiseurs en été et la réduction de 2 °C du chauffage en hiver, résolutions censées nous faire économiser « l'équivalent de l'approvisionnement en gaz du gazoduc Nord Stream 1 ». Vu les temps caniculaires, c’est déjà mal parti…
En revanche, côté producteurs d’énergie, c’est carrément la fête. Joe Biden l’a dit, le 10 juin : « Exxon a gagné plus d'argent que Dieu cette année. » Sachant, comme le signalait en juin Le Point, que les importations de GNL (gaz naturel liquéfié) en provenance des États-Unis sont déjà en hausse de 75 % sur un an et qu’un pays comme l’Allemagne en est à songer au rationnement des entreprises et des particuliers, on comprend que le plafonnement des prix à l’importation est une aimable plaisanterie.
Bref, seule prédiction en voie de réalisation : les mouvements sociaux ! Ce sont nos voisins britanniques qui ont ouvert la saison avec « Don’t Pay UK ».
Un article du Guardian (relayé par Le Point) nous apprend que « des dizaines de milliers d'Anglais refusent de payer leur facture énergétique pour protester contre la hausse des tarifs ». Une hausse vertigineuse qui n’est pas contenue, comme c’est le cas en France (jusqu’à la fin de cette année 2022), par le fameux « bouclier tarifaire » qui limite la hausse du prix de l’énergie à 4 %. Après, ça va aussi flamber…
Les Anglais, eux, ont subi une hausse de 54 % du plafond des prix du gaz et de l'électricité au 1er avril et se préparent à devoir subir une nouvelle augmentation de 78 % au 1er octobre.
Ainsi, écrit le Guardian, « le montant de la facture de gaz et d’électricité pourrait atteindre en moyenne l'équivalent de 350 euros par mois dès cet automne ». À quoi s’ajoute l’inflation galopante sur les produits de première nécessité… Entre manger et s’éclairer, il va falloir choisir.
On comprend alors que « Don’t pay UK », un mouvement de désobéissance civile, prenne de l’ampleur. Car « pour eux, la solution est simple : ils ne paieront pas leur facture d'énergie », écrit le Guardian. Concrètement, « plus de 75.000 personnes avaient jusqu'à présent signé pour se joindre à la grève si le gouvernement ne prenait pas de mesures radicales. Plus de 21.000 personnes venant des villes comme Bristol, Brighton, Manchester et Londres ont distribué plus de 1,6 million de tracts. » Cela, au grand dam du gouvernement qui les qualifie de « hautement irresponsables ».
Bien au contraire, répondent ces activistes qui espèrent faire école ! Car leur objectif est de créer ainsi de « sérieux problèmes » aux compagnies d’énergie afin de les contraindre à la négociation : « Nous voulons les amener à la table des négociations et les forcer à mettre fin à cette crise », écrivent-ils.
Alors, on se prend à rêver : et si les citoyens européens se mobilisaient ? S’ils prenaient conscience qu’ils sont les dindons de cette sale farce ? Un jour pas si lointain (cf. le rapport d’Amnesty international), on s'interrogera sur cette guerre russo-ukrainienne et les postures morales de nos dirigeants… Mais il sera trop tard.
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