Il est des mots que l’on ne doit pas prononcer, des mots que l’on devrait oublier comme si les cacher pouvait anéantir la réalité qu’ils désignent… Mais chassez le naturel ; il revient au galop ! Le mot « race » fait partie de ces mots interdits. Et pourtant, il n’a jamais autant monopolisé l’espace public que depuis l’annonce de son inexistence ! Dans son dernier essai, Renaud Camus revient sur l’histoire de ce terme maudit, qui a connu ses errances et ses évolutions.
Après une somme monumentale sur le thème de la dépossession, Renaud Camus nous propose à travers un court essai en deux parties l’exploration d’un thème qui sous-tend l’ensemble de ses réflexions : la race. Ou plutôt, le mot « race ».
Du « profond murmure » évoqué par Bernanos à sa pure acceptation biologique, la race occupe depuis bien longtemps une place centrale dans nos sociétés sans pour autant avoir été définie, si bien qu’une généalogie de son acceptation s’imposait. Car à la lecture de ces pages, on comprend vite qu’elle est ce qui nous permet de vivre, de sortir du présent, d’hériter d’un passé et de construire un avenir, de se concevoir dans le temps long.
Plus on les abolit, plus les races se font ressentir, dans des domaines toujours plus grands, de manière plus précise, plus prégnante. Et ce malgré le dogme imposé de l’inexistence des races. Car oui, on n’apprend plus rien à l’école mais on apprend quand même que les races n’existent pas ! Mais le remplacisme global de la doxa ambiante est un génocide contre les peuples, une attaque contre le temps pour imposer un perpétuel présent et nier les singularités de l’espèce humaine.
À contre-courant, ce livre est un manifeste pour la sublimation du mot « racisme », compris non pas comme la détestation mais plutôt comme l’amour des races et de leur préservation, avec leurs différences et leurs particularités, qui les rendent capables de dialoguer et de coexister.
Là où l’antiracisme veut tuer l’homme blanc, il nous invite à revendiquer le privilège d’être une race, d’appartenir à une race, privilège aujourd’hui réservé aux seuls non-blancs, les « racisés », face aux « non-racisés » que nous serions supposés être. Il répond aussi à une conviction, celle que le XXIème siècle sera celui des races, de leur gloire ou de leur chute.
Le raciste – l’ethno-différencialiste, dirons-nous plutôt puisque le mot « raciste » ne saurait être bien compris – aime les races et ne veut la mort de personne, seulement la survie de sa propre race et la reconnaissance de son unicité. Il répond ainsi à l’injonction de François Mauriac, pour qui notre premier devoir est de sauver la race.
Le profond murmure, précédé de Le Mot « race », Renaud Camus, éditions de La Nouvelle Librairie, 76 pages, 9,00 €