Marc Eynaud : Vous avez déposé une résolution cosignée par 56 députés de votre groupe pour faire de la natalité une grande cause nationale. Pourquoi cette initiative ?
Caroline Parmentier. Parce que la natalité s’est effondrée. Cela s’explique, bien sûr, par la réalité sociale que subit notre pays, il y a des inquiétudes de pouvoir d’achat chez des familles qui ne savent pas comment elles vont pourvoir aux besoins de leurs enfants, et pourtant elles souhaitent avoir plus d’enfants. Le désir d’enfant est estimé à 2,39 enfants par femme alors que l’indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,87. Ce décalage est tout à fait préoccupant, d’autant plus que, loin de s’atténuer, il s’accentue. L’État doit aider et soutenir financièrement les familles qui hésitent à avoir un enfant. La natalité, c’est l’avenir de notre pays : la vie des familles, les emplois, les retraites. C’est la vie d’un pays.
M. E. Devant la désertification des zones rurales, Emmanuel Macron a proposé d’y installer des migrants en parlant de « transition démographique ». Que vous évoque cette expression ?
C. P. C’est en effet une riche idée ! Sous le mandat d’Emmanuel Macron, les entrées sur le territoire ont augmenté de 10 % et l’immigration est devenu hors de contrôle. À présent, il veut répartir les migrants dans les campagnes pour, en quelque sorte, en faire des dortoirs à clandestins. Il faudra demander l’avis des personnes qui habitent dans ces zones rurales pour voir comment elles accueillent cette idée. Face à la dénatalité, la seule réponse d’Emmanuel Macron est l’immigration de peuplement. Ces dernières années ont bien montré que durant les quinquennats Hollande et Macron, la famille n’était pas une priorité ; au contraire, ils en ont fait une variable d’ajustement pour leur politique du dépenser moins. Les fautes majeures qu’ils ont faites sur les budgets famille avec la réduction de la prime naissance, la fin de l’universalité des allocations familiales, ont constitué des mesures extrêmement brutales et pénalisantes pour de nombreuses familles.
M. E. On a l’impression que le Grand Remplacement, la transition démographique ou la créolisation sont une même réalité. Quel est votre avis ?
C. P. Je dénonce avec force le fait de remplacer les naissances par une immigration de peuplement. Le Rassemblement national défend la natalité française, c’est pourquoi nous proposons une part fiscale pleine pour le deuxième enfant au lieu d'une demi-part, instaurer un prêt public à taux zéro dont le capital restant dû serait annulé dès le troisième enfant. C’est un ensemble de mesures concrètes et opérationnelles qui pourront aider les Français qui désirent avoir davantage d’enfants.
M. E. Ces propositions ne vont-elles pas à rebours de l’évolution de la société ?
C. P. Je ne pense pas. Pendant la campagne électorale, j’ai côtoyé beaucoup de femmes qui souhaitent avoir plus d’enfants, à condition qu’on leur en donne la possibilité. Le désir d’enfant est supérieur à l’indicateur de fécondité. Il y a un décalage. Les familles sont très inquiètes pour leur pouvoir d’achat, le coût de l’énergie. Leurs inquiétudes de ne pas pourvoir aux besoins économiques de leurs enfants est légitime. L’État doit aider et soutenir financièrement les familles qui veulent avoir des enfants. Déclarer la natalité française grande cause nationale, c’est donner un souffle à cette cause, une visibilité plus grande et inviter les pouvoirs publics à la promouvoir.
Marc Eynaud