L’anthologie de l’arrogance méprisante, Emmanuel Macron et son petit gang de managers vulgaires et suffisants nous l’ont égrenée, récitée, depuis 2014. On se souvient ici de la fameuse sortie du jeune ministre sur les “illettrées” de Gad. Elle fut comme libératrice du mépris si profond porté par la France bourgeoise qui a fait le macronisme.
Le macronisme est-il autre chose que le mépris de caste ?
Jamais probablement un Président de la République n’avait à ce point incarné le mépris social ordinaire d’une caste qui connaît si mal la France et la pense comme une nation obsolète, à la limite du barbare. Avec lui est arrivée au pouvoir la France des managers zélés et obtus, des employés qui se croient patrons, des courtisans et des petits marquis insolents, de tous ces esprits médiocres si satisfaits de leur petite réussite sociale, de leur BMW, de leur montre en or et de leurs vacances sur l’île de Ré. Et nous connaissons tous leur rengaine à vomir, servie tous les jours avec des sauces différentes, mais avec une opiniâtreté étrange par les valets de la presse subventionnée et de son cartel.
La rengaine de ces faux-monnayeurs qui jouent aux aristocrates alors qu’ils ne sont que des parvenus, est fondée sur un simplisme binaire d’une pauvreté confondante : eux, ils sont les Lumières, la raison, la pensée, l’intelligence, le progrès. Nous, nous sommes l’obscurantisme, le complotisme, le conspirationnisme, la passion aveugle, la bêtise, l’erreur, l’arriération. Macron l’a suffisamment répété dans ses discours, en ajoutant qu’il était pour “l’Europe des cafés” contre “l’Europe des nationalismes”.
N’oublions jamais cette phrase du discours de la Sorbonne :
Car cette Europe où chaque Européen reconnaît son destin dans le profil d’un temple grec ou le sourire de Mona Lisa, qui a pu connaître des émotions à travers toute l’Europe en lisant MUSIL ou PROUST, cette Europe des cafés, dont parle STEINER, cette Europe dont SUARES disait qu’elle est « une loi, un esprit, une coutume », cette Europe des paysages et des folklores, cette Europe dont ERASME, dont on disait qu’il en était le précepteur, disait qu’il fallait demander à chaque jeune, déjà, de « parcourir le continent pour apprendre d’autres langues » et « se défaire de son naturel sauvage », cette Europe, parcourue par tant de guerres, de conflits : ce qui la tient, c’est sa culture.
L’Europe de Macron, c’est une construction cérébrale de la caste, faite de Musil, de Proust, de Steiner, d’Erasme, une abstraction de fils à papa, de nanti hors sol et mondialisé, loin du “nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli”, visés dans le même discours.
Lorsque Macron a décidé que seuls les vaccinés pourraient, à l’avenir, fréquenter les cafés, le sens de ce bannissement était clair : les “anti-vax” ne faisaient plus partie de la culture européenne.
Une cécité du mépris, sans limite
J’ai rappelé plus haut les propos caricaturaux tenus par l’une des chouchoutes de Macron, Agnès Pannier-Runacher, pour qui être ouvrier sur une ligne de production, “c’est la magie”. Cette fille de banquier illustre à la perfection la fausse monnaie méprisante battue chaque jour par le macronisme : des privilégiés donnent des leçons de vertu et d’humilité à des ouvriers éberlués par autant de bêtise suffisante. Et, lorsqu’ils font part de leur mécontentement, la police du régime sort les LBD et menacent de leur crever les yeux.
Une autre fausse monnayeuse macroniste, Laurence Boone, ministre de l’Europe, a poussé la bêtise jusqu’à viser les Italiens dans ce mépris moraliste. Elle a indiqué, après les élections italiennes, que la France surveillait désormais le respect de l’Etat de droit chez ses voisins du Sud.
Le manichéisme binaire des petits marquis macronistes n’est donc pas seulement une pièce mal jouée devant les Français. Il s’inspire d’un scénario auquel les acteurs de la pièce croient vraiment, et qu’ils dupliquent à l’étranger, jusqu’à se ridiculiser et à discréditer la France.
On se demande comment tant de gens diplômés peuvent être aussi bêtes et bouffis d’un orgueil pathétique. Laurence Boone, par exemple, sort de la London Business School. Son mari est polytechnicien. Elle fut admnistratrice du groupe Kering (François Pinault). Elle incarne, elle aussi, cette bourgeoisie managériale, qui, à force de connivence, a pris le pouvoir sans réviser ses valeurs étroites de bonne élève bien née qui confond les manuels scolaires avec la réalité.
La révolte gronde, les lanternes sont prêtes
Les macronistes n’ont peut-être pas mesuré l’ampleur du rejet, de la haine, de l’écoeurement, de la nausée, que l’étalage de leur médiocrité hautaine a nourri chez les Français depuis 5 ans. Il faut dire que l’omerta imposée par le cartel de la presse subventionnée sur la réalité du pays a participé à la dissimulation des dégâts, et à la sous-estimation de la colère qui gronde.
Depuis 5 ans, toute divergence d’opinion sur les bienfaits de l’Europe, de la mondialisation, de l’atlantisme aveugle, expose à des accusations infamantes. Vous vous étonnez de la promptitude avec laquelle le COVID a, en quelques jours, autorisé une violation générale des libertés ? Vous êtes complotiste, forcément, conspirationniste, ou d’extrême-droite, et vous devenez infréquentable.
Il existe même une officine digne de la Stasi, appelée Conspiracy Watch, dans la mouvance de Bernard Henri-Lévy, chargée de ficher tous les opposants et de diffuser urbi et orbi dans la caste le nom des suspects.
Face à cette militarisation évidente de l’information, face à ce fascisme gris qui s’est mis en place, les benêts qui sont arrivés au pouvoir dans les valises de Macron se sont laissés prendre à leur propre piège. Ils sont réellement convaincus, parce qu’ils l’ont lu dans un journal possédé par un milliardaire, que seule une infime minorité d’excités complotistes les déteste. Très sincèrement, ces petits marquis en dentelle sont absolument certains que les Français sont des veaux obéissants prêts à renoncer à leurs libertés et à leurs droits naturels pour prendre un verre en terrasse ou recevoir une allocation.
Tant de naïveté confond.
La réalité est tout autre. Le macronisme, avec sa police, ses BRAV à moto, ses journaux aux ordres, ses sourires méprisants pour le peuple, ses mensonges éhontés qui nous expliquent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quand le pays manifestement s’effondre, a semé la haine et la colère. Et comme Macron a été suffisamment incompétent pour faire taire, grâce à la presse détenue par ses amis, toute expression contraire à ses fantasmes, il n’a pas vu la vague monter.
La colère a-t-elle commencé à s’exprimer ?
Les grèves dans les raffineries constituent un sérieux avertissement sur l’état moral du pays, et sur la capacité de la détestation à faire tache d’huile désormais. J’ai souligné hier comment Macron a dangereusement laissé faire cette grève, nourrie, aiguisée, par le mépris de Patrick Pouyanné pour le sens de l’exemplarité qui devrait guider sa conduire.
Les jours qui viennent vont être un test : soit les soudaines concessions de Total éteignent l’incendie. Soit le régime s’expose à une contamination virale de la colère, qui pourrait, dans les mois qui viennent, constituer une cause majeure de déstabilisation.
Et le macronisme aura montré ce qu’il est : une idéologie de grenouille qui se croit boeuf.