« Après avoir été contactée par des étudiants de l’ENS de Lyon, j’ai enquêté pendant un mois. » Isabelle Surply, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes, lance l’alerte sur la création d’une association étudiante musulmane au sein de l’ENS de Lyon, alors même que cette école avait banni l’aumônerie catholique.
Une association religieuse
L’entrisme islamique au sein de l’Éducation nationale ne concerne plus seulement les banlieues et territoires abandonnés de la République. D’après une information révélée par Valeurs actuelles, ce 18 octobre, l’École normale supérieure (ENS) de Lyon, graal pour de nombreux étudiants et berceau de l’élite intellectuelle française, est également confrontée à la création d’une association étudiante musulmane. Enregistrée au Journal officiel le 14 juillet dernier, l’Association musulmane de l’ENS de Lyon (AMENS) se présente comme une « association culturelle et caritative ». Sur son site Internet, toujours en cours de création, l’AMES propose « aux étudiants d’échanger au sujet de la culture, de l’histoire et de la philosophie arabo-musulmane » et assure mener « des actions caritatives : maraudes, actions sociales, etc. » Mais à y regarder de plus près, si l’aspect culturel existe bel et bien, l’aspect religieux n’est pas négligé pour autant. En effet, sur son compte Facebook, suivi par une vingtaine de personnes, l’AMES n’hésite pas à relayer les fêtes religieuses et à conclure ou introduire ses publications par des références explicites à l’islam telles que « Que Allah vous bénisse ». D’autre part, en plus de proposer des échanges de lectures, l’AMES commence ses réunions du mercredi soir « par la lecture de quelques récits prophétiques (hadith) ». Une plaquette qui circule sur les réseaux sociaux montre également que l’association entend « permettre aux musulmans de l’école de vivre pleinement leur spiritualité ». Enfin, le 5 septembre dernier, lors du Forum des associations de l’ENS de Lyon, l’AMES tenait un stand sur lequel étaient mis en avant six livres. Parmi eux se trouvait Les Jardins des vertueux, écrit par l’imam Al-Nawawi au XIIIe siècle. Cet ouvrage, dans lequel on peut notamment lire que les croyants « combattent pour la cause de Dieu en tuant », est classé « radical » par une note blanche du renseignement.
La création de l’association n’a donc pas manqué de faire réagir certains étudiants de l’ENS de Lyon. « Plusieurs élèves m’ont contactée par mail pour m’informer de la création de cette association. Ils étaient hallucinés qu’elle ait le droit d’exister au sein de l’ENS », nous explique Isabelle Surply, connue pour avoir permis l’expulsion d’un imam extrémiste. Et ce, d’autant plus que l’aumônerie catholique de l’ENS de Lyon avait été bannie de l’établissement au motif de la laïcité. L’article 43 du règlement intérieur de l’ENS de Lyon dispose en effet que « le principe de laïcité […] s’adresse à tous les agents du service de l’enseignement public mais également aux élèves » en vertu de leur statut de fonctionnaire-stagiaire. Alors que les étudiants catholiques se retrouvent aujourd’hui contraints de se réunir à Notre-Dame des Anges, à un kilomètre de l’école, Isabelle Surply s’interroge : « Pourquoi l’aumônerie serait interdite et une association musulmane autorisée ? »
Face à ce deux poids, deux mesures inquiétant, l’élue n’a pas manqué de solliciter la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais « ils font trainer le dossier… » déplore la conseillère municipale de Saint-Chamond. Pour l’heure, le cabinet de Laurent Wauquiez s’est contenté d’écrire un courrier à la direction de l’ENS afin d’obtenir des explications. Dans une réponse que BV a pu consulter, l’établissement assure que « c'est à l'occasion du forum des associations, tenu [le 5 septembre], que nous avons découvert l'existence de l’AMES ». Comment l’AMES a-t-elle donc pu obtenir une domiciliation au sein de l’ENS de Lyon sans que la direction ne soit mise au courant, alors même que l’article 34 du règlement intérieur oblige l’association à présenter son projet social à la présidence de l’établissement au préalable ? Contacté à ce sujet, l’ENS de Lyon n’a pour le moment pas encore répondu. D’autre part, dans ce courrier, la direction insiste sur le caractère culturel de l’AMES en oubliant de mentionner l’aspect cultuel indéniable.
Si la région Auvergne-Rhône-Alpes persiste à ne pas réagir et refuse de suspendre son partenariat avec l’établissement, Isabelle Surply promet de faire un signalement à la préfecture du Rhône.