Traditionnellement, la gauche et les médias – pléonasme ? – n’aiment guère avoir des nouvelles d’un réel qui n’en finit plus de les contredire. Il existe néanmoins des exceptions, tel Jean-Carles Grelier. Ce député macroniste de la Sarthe, ce 20 octobre, est venu dire tout haut sur CNews et chez Jean-Marc Morandini ce que tant de Français persistent à penser tout bas.
Inutile de préciser que, en plein drame Lola, la question des OQTF (obligation de quitter le territoire français) se pose plus que jamais. Et voilà que notre édile admet la triste réalité : « Il y a 700.000 personnes sous OQTF en France, affirme Jean-Carles Grelier. Où trouve-t-on les moyens, le temps et la possibilité de créer 700.000 places ? » Et le meilleur pour la fin : « Je reconnais que les procédures ne permettent pas aujourd’hui de régler le problème. »
Jean-Marc Morandini rétorque illico : « Il y a 700.000 personnes sous OQTF aujourd’hui ? Donc 700.000 personnes qui ne devraient pas être en France. […] On est des malades, en France, excusez-moi. C’est une catastrophe ! » Devant ce presque million d’indésirables, Jean-Carles Grelier n’a alors d’autre choix que d’admettre : « C’est la réalité des choses aujourd’hui. […] L’OQTF est un dispositif qui ne fonctionne pas. » L’aveu est de taille. Mais ce ne serait pas la première fois que l’Élysée enverrait au front quelques affidés, histoire de rassurer la branche droitière de son électorat afin de cacher le caca du chat, comme on le dit en des cercles moins huppés.
En ce registre, Gérald Darmanin, le « mini-moi » de Nicolas Sarkozy, comme dans la réjouissante saga d’Austin Powers, demeure à l’évidence insurpassable dans le registre du pompier pyromane censé à l’avance éteindre les incendies à venir. Ainsi, dans Le Figaro du 21 août dernier affirme-t-il de manière plus que virile : « 55 % des délinquants interpellés à Marseille sont étrangers. » Et cet enfant autoproclamé de l’immigration de marteler : « Il serait idiot de ne pas dire qu’il y a une part importante de la délinquance qui vient de personnes immigrées. […] 48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris sont des étrangers. » Ces choses dites, il n’a pas tort en affirmant que « bien sûr, l’étranger n’est pas par nature un délinquant. Mais il est évident que nous avons un problème de délinquance étrangère. »
Heureusement, affirme-t-il, « l’étranger » en question ne devrait plus avoir le choix : « Un étranger qui commet un acte de délinquance doit être expulsé très vite, parce qu’il crache sur le sol qui l’accueille. » Si l’on résume, voilà ce que Gérald Darmanin mettrait en œuvre si, d’aventure, il se retrouvait au pouvoir. Le problème est qu’il y est déjà. Avec les résultats qu’on sait. Et encore oublie-t-il d’autres chiffres cités par le criminologue Xavier Raufer, selon lequel « 70 % des individus fréquemment interpellés par les forces de l’ordre en région parisienne auraient des noms à "consonance étrangère non européenne" ».
Le 4 août, notre ministre de l'Intérieur multirécidiviste en rajoutait même une couche quand, interrogé par les journalistes d’Actu Lyon, il assurait que « 40 % des faits de délinquance étaient commis par des étrangers », assumant ainsi un « lien entre immigration et délinquance ». De quoi faire tousser Grégory Doucet, maire écologiste de la capitale des Gaules, qui dénonce une « instrumentalisation nauséabonde ». Bref, la « gauche olfactive », si bien décrite par la pétulante Élisabeth Lévy, dans toute sa splendeur.
En attendant, nous sommes en droit de nous demander à quoi joue ce gouvernement : donner tort à Marine Le Pen pour sa prétendue récupération d’une situation plus qu’inquiétante ? Ou tout simplement lui donner raison en confirmant les chiffres alarmants qu’elle avance ? La question demeure ouverte.
Pour les Français, les fins de mois sont certes difficiles. Mais pour le gouvernement, la fin de règne ne s’annonce pas sous les meilleurs augures.