Indirectement mis en cause dans cette affaire, le maire EELV de Poitiers, Léonore Moncond’huy (photo). On rappellera que cette dame s’est déjà taillé une réputation glorieuse en déclarant que « l’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants aujourd’hui ». Et de supprimer, dans la foulée, le financement de 4.000 euros accordé jusque-là aux deux aéroclubs de la ville.
En revanche, Mme Moncond’huy a subventionné à hauteur de 15.000 euros, en juin dernier, l’organisation (par Greenpeace et Extinction Rebellion) d’un « Village des alternatives » sous l’égide de l’association Alternatiba. Celui-ci, explique le maire à BFM TV, « comprenait plus d’une centaine de villages » dont l’un, « qui s’appelait Résistance, comprenait plusieurs ateliers consacrés à la désobéissance civile ». Rien de méchant là-dedans : « Clairement, c’était de la formation théorique (sic), une initiation (resic) et c’est là où nous avons une divergence d’interprétation avec la préfecture de la ville », dit Léonore Moncond’huy.
En effet, le préfet de la Vienne a saisi le tribunal administratif, affirmant qu’on appelait, dans ces ateliers, à « détruire des engins de chantier ». Or, dit-il, « on a le droit de s’opposer, de manifester, mais on n’a pas le droit de s’opposer, de casser ». Encore moins d’utiliser pour cela les fonds publics.
L’idée de « désobéissance civile » n’est pas née avec EELV, pas non plus avec la CGT ou SUD Rail, et si les définitions de la démarche diffèrent quelque peu, toutes s’entendent au moins sur un point : la désobéissance civile est strictement non violente.
C’est une expression qu’on fait historiquement remonter au milieu du XIXe siècle, quand l’Américain Henry David Thoreau théorise la chose dans un essai où il expose son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Plus près de nous, on pense à nos voisins anglais et leur mouvement Don’t Pay UK, plus d’un million d’entre eux refusant désormais de payer leurs factures d’électricité.
Reste que la désobéissance civile prônée et financée par le maire de Poitiers sur des deniers publics est, semble-t-il, en soi un acte illégal : chargée de faire respecter l’ordre public et chef, de par sa charge, de la police municipale, comment l’édile peut-elle assumer son grand écart ?
Elle botte en touche : « Si c’est violent, c’est de l’activisme mais ce n’est pas de la désobéissance civile », mais répond au journaliste qui l’interroge : « Parler de désobéissance civile, c’est un enjeu de démocratie et c’est mon rôle de maire de garantir la démocratie dans la ville de Poitiers. » Coincée sur la question de la police municipale, elle avance les « droits fondamentaux en démocratie » et particulièrement « le droit de manifester », ajoutant « la démocratie garantit le droit de la liberté d’expression, celui de se poser la question de la légitimité des lois ». Quel rapport ?
Léonore Moncond’huy est dans la droite ligne de son parti et des groupuscules qui gravitent autour, associations extrémistes dont les membres se livrent à des actions aussi spectaculaires qu’imbéciles dans les musées ou les rassemblements sportifs.
Fière de désobéir, donc, à l’instar de ses collègues d’EELV, Léonore Moncond’huy s’est rendue « avec deux passagers » à la manif anti-bassines. Verbalisée, elle a pris une amende de 135 euros.
Marie Delarue
https://www.bvoltaire.fr/la-desobeissance-civile-faux-nez-des-activistes-et-autres-black-blocs/