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“Ce cauchemar a bousillé notre vie” : en Bretagne, la banque réclame 500.000 € à un agriculteur, qui a subi de lourdes pertes suite à l’implantation d’éoliennes. “40 porcelets électrocutés par semaine !”

Agriculteur à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines, près de Ploërmel (Morbihan), Jean-Yves Elie a été assigné en justice par le Crédit Agricole, qui lui réclame 500 000 €. Le jugement sera rendu mardi 22 novembre 2022.

À cause de cette affaire, je dois avouer que je n’ai pas dormi toutes les nuits. Ce véritable cauchemar a bousillé quinze ans de notre vie​, soupire Jean-Yves Elie. De plus, je suis touché par une maladie orpheline qui me dirige vers la cécité.

L’homme de 54 ans est agriculteur à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines, près de Ploërmel (Morbihan), depuis 1991. Isabelle, son épouse, est salariée de l’exploitation. Le couple s’occupe du post-sevrage et de l’engraissement de porcs, tout en cultivant céréales et légumes.

En 2010, avec deux associés, l’exploitant lance une maternité collective de porcelets, à Ménéac. Quasiment en même temps, dans un champ voisin, un parc éolien avec sept mâts voit le jour. Et la maternité rencontre de sérieuses difficultés : décès de porcelets, croissances anormales, problèmes neurologiques des porcins qui augmentent sans explication. En principe, les animaux se vendent entre 95 et 97 kg, les nôtres ne dépassaient jamais les 85 kg.

C’est une géobiologue qui va découvrir l’origine du problème : un courant électrique passe dans la source, au niveau des bâtiments agricoles. Il provient du transformateur des éoliennes, implanté sur la source. Nous avions jusqu’à 40 porcelets électrocutés par semaine ! ​Après l’installation de piquets pour protéger l’élevage, le problème est résolu. Mais deux ans et demi se sont écoulés. L’exploitation a subi de lourdes pertes financières, engendrant de sérieuses difficultés de trésorerie. Pour éviter un redressement, un règlement amiable judiciaire est mis en œuvre en 2014. Une procédure qui débouche sur un nouvel échelonnement des prêts. Tous nos créanciers, y compris le Crédit Agricole, sont d’accord »,​indique l’agriculteur.

Cette histoire douloureuse est un enchevêtrement de tuiles. Les créanciers, comme Coréal et Porc Armor, ont toujours joué le jeu. Sauf le Crédit Agricole qui a su faire preuve d’une absence totale de dialogue, intervient Me Anthony Juette, avocat de l’agriculteur. Des propositions amiables ont été faites, avec un refus catégorique non motivé, sans aucune contre-proposition. C’est dommage, nous avions l’opportunité de sortir ce dossier de façon amiable dans l’intérêt de tous.

Car, alors que tout semblait entendu, la banque a souhaité des garanties supplémentaires, en incluant la valeur des terres agricoles appartenant à Jean-Yves Elie, ainsi qu’à sa sœur, par le biais d’un avenant.

Face au refus de l’exploitant, mais aussi à son problème de santé et à l’évolution de celui-ci, le Crédit Agricole abandonne l’idée de l’avenant et propose… de nouveaux prêts. J’ai décliné l’offre. Avec un avenant, les assurances sont maintenues. Avec de nouveaux prêts, les assurances, compte tenu de ma maladie, sont nettement plus onéreuses.

En 2019, l’exploitant reçoit une assignation du Crédit Agricole, qui lui réclame un remboursement de prêts de 500 000 €. L’audience s’est déroulée au tribunal judiciaire de Vannes, le 22 septembre 2022, et le jugement sera rendu mardi 22 novembre.

Dans cette affaire, il y avait la place au bon sens, à l’humanité,​regrette Me Juette.L’épicentre du problème reste l’implantation du parc éolien. Cela fait maintenant huit ans que ce couple vit dans le bricolage financier. Malgré cela, il conserve beaucoup de pudeur et d’humilité.

Ouest-france

https://www.fdesouche.com/2022/11/22/ce-cauchemar-a-bousille-notre-vie-en-bretagne-la-banque-reclame-500-000-e-a-un-agriculteur-qui-a-subi-de-lourdes-pertes-financieres-a-la-suite-de-limplantation-deoliennes-40-porcelets-e/

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