Il aura suffi d’un petit nombre d’électeurs pour qu’ E. Macron bénéficie d’un second mandat présidentiel alors que majoritairement les Français s’accordaient à trouver son premier quinquennat calamiteux et rejeter le candidat Macron. Contrairement à ce que les mainstream prétendent, il n’est pas nécessaire avec le régime présidentiel issu de la 5eme République, de réunir un taux phénoménal de voix pour être élu au second tour. En effet, la Constitution ne prévoit pas de quorum au deuxième tour du scrutin. Nonobstant les nombreuses failles constitutionnelles de la 5eme République, c’est dans cette brèche que depuis 60 ans maintenant s’engouffrent tous les scrutins, comme dans un entonnoir où s’étrangle et crève nos « Libertés », individuelle, collective.
N’importe quel prétendant au trône élyséen - obligatoirement issu du sérail - animé un tant soit peu d’instincts dictatoriaux peut se présenter, être élu sans avoir à prouver quoi que ce soit de ses qualités intrinsèques humaines, intellectuelles, morales et de son goût pour l’intérêt public général. Une vaste opération d’élimination des candidats à la présidence non conformes au sérail, est effectuée avec le principe des signatures par les maires sous pression par les plus hautes instances du pouvoir. Ce même pouvoir ayant renforcé son étau en publiant les noms des maires et leur choix de candidat. Ce qui n’est pas la moindre des escroqueries morale et constitutionnelle.
Mais, le plus affligeant reste la propagande massive auprès de l’opinion publique pour la promotion d’un candidat (choisi d’avance par ses thuriféraires comme le proférait J. Attali), dotée de tous les moyens financier, technologique, mass media, cabinets de conseils, instituts de sondages, etc. menée en amont des élections afin d’établir un préalable. Aucun scrutin n’y a échappé. Des millions d’Euros sont consacrés et dépensés à chaque scrutin, pour faire des élections présidentielles un grand spectacle médiatique à la manière des Etats-Unis où des millions de dollars sont en jeu pour favoriser tel ou tel candidat (démocrate ou républicain).
Je ne reviendrai pas sur la longue liste d’élus « destructeurs de la France », nous la connaissons, qui ont bénéficié de ces détestables pratiques que dénonçait en son temps, Debord, dans sa « Société du spectacle ».
Les hommes passent, les institutions demeurent. Mais ce qui également demeure depuis la naissance du suffrage universel direct à deux tours, c’est ce que Jean-François Revel nommait « le présidentialisme à la française ». L’excellent feu Jean-François Revel dénonce dans la fonction présidentielle portée aux nues, un « désastreux mariage, d’abus de pouvoir et l’impuissance à gouverner, l’arbitraire et l’indécision, l’omnipotence et l’impotence, la légitimité démocratique et le viol des lois, l’aveuglement croissant et l’illusion de l’infaillibilité, l’État républicain et le favoritisme monarchique, l’universalité des attributions et la pauvreté des résultats, la durée et l’inefficacité, l’échec et l’arrogance, l’impopularité et le contentement de soi. »
Voilà qui résume parfaitement le trou noir constitutionnel d’un régime qui actuellement ne se contente plus d’être indigent, mais se soumet à visage découvert à des « intérêts étrangers », comme une Union Européenne sous la coupe des Etats-Unis. L’UE est en quasi faillite et entraîne dans sa chute finale à très court terme ses pays membres qui par leur politique interne de soumission accélèrent le processus. La France est à ce titre, en tête du peloton d’allégeance aux diktats de l’UE. Nous le prouve, le refus obstiné du gouvernement de réintégrer les personnels soignants non vaccinés jetés hors de l’hôpital public sans salaire, mis au ban de la société, au moment où plus de 20 000 lits ont été supprimés par le gouvernement, où les patients sont entassés dans les couloirs, où des patients meurent faute de soins par manque de personnel soignants.
Pour que la Commission de Bruxelles composée de non-élus puisse imposer sa « dictature », le régime présidentiel tel qu’il se présente aujourd’hui, après plusieurs modifications arbitraires de la Constitution, sans consultation du peuple souverain, et généralement en catimini, s’avère très utile. En ce sens, il l’a prouvé à maintes reprises. Si bien qu’arrivés au stade de déliquescence où se trouve la France, n’oublions pas non plus le Parlement ni le Sénat (bi caméralisme), et leur « déchéance parlementaire » actuelle. Sous un régime présidentiel aussi envahissant et "obèse" avec la main-mise de l'exécutif sur les deux chambres, ils se voient étouffés, empêchés de toutes leurs prérogatives législatives, constituant les tandems indispensables au renforcement du pouvoir personnel du Président de la République. Car il s'agit bien d'un pouvoir personnel d'un homme, que la Constitution de la 5eme, "taillée sur mesure pour le Général de Gaulle", pousse sur la pente dangereuse d'un pouvoir sans bornes, confondant sa propre subjectivité avec celle des lois.
Le Président de la République élu au suffrage universel est-il au service de l'Etat ou l'Etat est-il au service du Président de la République ? Or, l'Etat a pris la direction du service exclusif de l'Exécutif, légitimant ainsi tous les abus clientélistes découlant d'un arbitraire omnipotent de la présidence. En 2022, nous sommes passés à la vitesse supérieure du pouvoir autoritaire, avec une virulence jamais égalée encore sur le terrain institutionnel, d'ailleurs peu respectueux des institutions. Un drôle de paradoxe. Pompidou et Giscard – les libéraux – avaient préparé le terrain, où Mitterand n'avait plus qu'à appliquer la formule "L'important n'est pas ce que vous ferez mais ce que vous avez le pouvoir de faire". Mitterand très finement se servit des mécanismes que lui offrait sur un plateau, la constitution de la 5eme pour hypertrophier sa conception du pouvoir, dans une synergie constante entre sa personne et la "diathèse" socialiste. Pour un homme à telle enseigne épris de pouvoir, l'exécutif annihilait tous les autres pouvoirs : législatifs, médiatiques, judiciaire, etc... Pas de contre-pouvoirs, ou si peu !
Régis Debray disait : "Le pouvoir rend furieux, fou et méchant", mais comme le souligne avec une particulière justesse J.F Revel "... l'accession au poste suprême détruit la lucidité de l'impétrant... Par quelque bout qu'on le prenne, le système présidentiel français semble bien contenir un virus fatal, puisqu'il aboutit, sans qu'aucun frein puisse l'en empêcher, à ce résultat qu'il n'existe plus en France qu'un seul pouvoir celui du président...".
Souvent, la question se recentre autour du "pouvoir du Parlement", et de quelle façon faire renaître sa mission première : voter les lois.
Nous avons l’exemple du fameux « 49-3 », une spécialité de la 5eme. Cet article aurait dû depuis longtemps être abrogé, dans un seul souci d’équité et de contrôle par les parlementaires. Eh bien, si les choses étaient normales dans ce pays, seuls les parlementaires seraient à même de voter les lois en toute conscience, sans interférence présidentielle, ni d'aucune autre provenance et, je pèse mes mots, car il s'agit ouvertement d'insupportables ingérences dans le processus législatif, mettant à bas son indépendance.
Grâce au « 49-3 » imposé comme à coups de laminoir sur les parlementaires, un texte de loi « sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité » peut être adopté par la force, même s’il représente un grave danger pour la société tout entière avant même que le projet de loi soit débattu, comme cela se passait ces dernières heures, au moment où Mme Borne, Premier Ministre, décidait d’imposer le 49/3, pour la 7eme fois consécutive. Or, un texte de loi doit être abondamment discuté, disputé même avec véhémence, c’est le rôle du Parlement, et engager honorablement la parole parlementaire, d’accord avec le texte ou pas. En cas de contestation prolongée, la motion de censure est de mise, mais le risque de « renverser le gouvernement » est tel, que peu de parlementaires aujourd’hui ne s’aventureraient à aller jusqu’au terme de cette procédure, assez froids à la perspective de voir une dissolution de l’Assemblée Nationale après l’éviction du Président de la République en fonction. Nos nombreux parlementaires godillots y risqueraient de perdre leur siège, et tout ce qui accompagne la fonction.
On peut relever cependant de trop rares députés à s’élever contre les pratiques délétères en cours, ce, dans la droite ligne d’un Montesquieu et de « l’esprit des lois. ». Ils honorent leur fonction de député. Une vidéo circule sur Internet montrant 1 député (de droite) tout seul (dans un hémicycle vide), dénoncer cette immonde mascarade ! Je vous invite à la regarder. Elle est éloquente et le député ne mâche pas ses mots devant un parterre de ministres... Distraits et parfaitement indifférents ! Une autre, montre un Député (de gauche) très caustique, dénonçant la supercherie sur un ton pamphlétaire.
Alors, que font les députés devant la motion de censure, cet instrument législatif de sanction ? Ils s’affrontent non pas pour discuter de sa légitimité, ni de sa mise en perspective dans l’intérêt du peuple souverain ! Non, les députés s’affrontent mollement entre partis adverses pour éviter la motion de censure qui menacerait le fauteuil élyséen et par ricoché leur confortable strapontin, sur des questions oiseuses, des pudibonderies de vierges effarouchées, des rodomontades, tout ça pour échapper à leurs responsabilité sans avoir à statuer sérieusement sur la motion de censure, fort compromettante pour ces affidés du pouvoir. Une motion de censure bien évidemment rejetée, faute de combattants sincères, teigneux, pugnaces et… Vertueux !
Voilà où nous en sommes en 2022, avec le régime présidentiel, ayant réduit à zéro le rôle des parlementaires, en les transformant en chiens de cirque qui aboient mais ne mordent pas la main de leurs maîtres.
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