par Mike Whitney.
Les attaques de drones de la semaine dernière contre des bases militaires russes représentent une grave escalade dans la guerre par procuration que Washington mène contre la Russie. L’une de ces attaques a visé un aérodrome situé à moins de 320 km de Moscou. Naturellement, l’incident a irrité le président russe Vladimir Poutine, qui a convoqué une réunion d’urgence de son Conseil de sécurité afin d’étudier les possibilités de représailles. Nous ne doutons pas que les hauts gradés russes aient recommandé des frappes de missiles titanesques au-delà des frontières de l’Ukraine en guise de représailles. Heureusement, le sang-froid l’a emporté et l’armée s’en est tenue à sa stratégie actuelle consistant à détruire les infrastructures essentielles des villes du pays. Les attaques contre le fragile réseau électrique ukrainien constituent la préparation essentielle au lancement d’une offensive hivernale largement anticipée. Voici plus d’informations tirées d’un article du World Socialist Web Site :
« L’attaque par drone d’hier contre un aérodrome à Koursk marque une escalade majeure dans la guerre de l’OTAN contre la Russie. (…) La localisation des attaques et leur mise en œuvre indiquent une fois de plus l’implication directe des États-Unis. (…) Le bombardement des pipelines Nord Stream… Les explosions dans le port naval de Sébastopol le 29 octobre (et) Les explosions du 15 novembre dans un village agricole polonais qui ont tué deux civils. (…) Chacune de ces actions pue l’implication secrète des États-Unis et de l’OTAN, chacune étant plus imprudente et potentiellement dangereuse que la précédente. (…) Un schéma se dessine, dans lequel les États-Unis et l’OTAN continuent de pousser la Russie afin de tester jusqu’où ils peuvent aller sans provoquer de réponse du régime de Poutine. (…) L’escalade incessante et imprudente de la guerre par les États-Unis comporte le risque que le gouvernement russe réponde par une escalade majeure de son côté, avec des conséquences potentiellement catastrophiques »1.
Quelques heures à peine après la troisième attaque, le secrétaire d’État Anthony Blinken a fait une déclaration dans laquelle il a nié toute responsabilité dans cet incident. Il a déclaré :
« Nous n’avons ni encouragé ni permis aux Ukrainiens de frapper à l’intérieur de la Russie ». Comme on pouvait s’y attendre, le démenti de Blinken est loin de constituer une répudiation officielle de l’attaque elle-même. Plus précisément, il semble que les États-Unis aient été directement impliqués, étant donné que « les observateurs de l’OTAN et de la Russie (affirment) que des satellites américains ont participé à des attaques contre des bases russes ». Voici ce qu’ils ont trouvé :
« De multiples sources militaires dans les pays de l’OTAN ainsi qu’en Russie (…) rapportent que les drones russes Tu-141 reconditionnés que l’Ukraine a lancés sur les bases aériennes russes ont utilisé les données GPS des satellites américains pour atteindre leurs cibles.
Les drones de reconnaissance russes datant des années 1970 ont été convertis en missiles de croisière, équipés de nouveaux systèmes de guidage et dirigés par des satellites américains, précisent les sources. L’Ukraine n’a pas la capacité de guider des missiles par elle-même, ont-elles ajouté.
Le ministère russe de la Défense a identifié l’une des armes comme étant le Tu-141 dans une déclaration du 6 décembre. Selon des sources militaires russes, les Russes ont identifié le Tu-141 à partir de fragments récupérés après que les missiles aient frappé les bases aériennes russes de Dyagilevo et Engels.
Si, contrairement au démenti de Blinken, les États-Unis ont fourni des directives pour l’attaque de missiles, alors Washington doit être bien conscient que cela amène les forces de l’OTAN au bord d’une implication directe dans la guerre en Ukraine et l’administration Biden doit être prête à courir ce risque »2.
Alors, que signifie cette nouvelle incitation et comment va-t-elle affecter la conduite de la guerre ?
Nous pensons que Washington a adopté une nouvelle approche tactique que l’on pourrait qualifier de « témérité calculée », c’est-à-dire que les États-Unis lancent des attaques méticuleusement planifiées qui sont faites pour ressembler à des actes impulsifs d’agression par leur mandataire, l’Ukraine. L’objectif de ces attaques est de provoquer une réaction excessive de Moscou, c’est-à-dire des frappes de représailles sur des cibles situées en dehors de l’Ukraine. Cette réaction pourrait à son tour servir à justifier l’entrée de l’OTAN dans le conflit, ce qui, ostensiblement, est l’objectif de Washington.