Les médias ont raté leur mondial idéologique. Pourtant, ce sont eux qui sifflent les penaltys, distribuent des cartons jaunes ou rouges. Eh bien, ils ont raté tous leurs penaltys autoproclamés.
La Covid s’est-elle arrêtée à Doha ? On aurait pu le croire. Alors qu’en France certains demandaient le retour obligatoire du masque, au Qatar c’était un sujet tabou. Omerta totale. Les joueurs de l’équipe de France tombaient malades les uns après les autres, mais aucun journaliste n’a évoqué la Covid, parlant d’un virus mystérieux. Pas question de les tester ni encore plus de les isoler. Après la défaite en finale, on a enfin évoqué la Covid mais comme une cause de l’affaiblissement physique de nos joueurs. Ce qui n’existait pas est devenu quasiment une excuse. Il aurait fait beau voir un joueur tricolore confiné et les autres dénoncés comme à risque par leurs rivaux. Circulez, il n’y a pas de Covid à voir. Pas de Covid, donc, au Qatar, sauf après, et vive le mystérieux virus médiatique.
L’irritation pour ne pas dire plus quant au comportement de certains jeunes issus principalement de l’immigration et profitant du parcours marocain pour casser. Marocains, Algériens, Africains avec nombre de drapeaux palestiniens ont affolé les médias. Le doute sur l’origine des débordements et leurs motivations n’était pas permis. On a donc allumé un contre-feu. On a fort à propos contrôlé un groupe de quelques dizaines de militants de l’ultra-droite – à la droite de l’extrême droite, ça, ça fait peur. En fait, il ne s’est heureusement rien passé, mais on les avait sous la main. Darmanin et les médias avaient de nouveaux coupables présentables. On avait trouvé les nouveaux hooligans et supporters anglais du Stade de France. Comme on ne veut pas désigner les fauteurs majeurs de troubles, on en désigne d’autres. On passera sur la une de Libération, qui devrait discréditer à jamais ce journal que personne ne lit sauf dans la caste médiatique. Nuit bleue et peste brune sur fond d’images de flammes évoquant les pires des ratonnades. Il fallait tout de même le faire. Ils l’ont fait et ils ont été relayés complaisamment par une presse considérant la dénonciation du péril fasciste comme la priorité du devoir du journaliste dans le camp du bien. Quand on voit comment ce groupe a été identifié, contrôlé et neutralisé avant de pouvoir faire quoi que ce soit, on ne peut que s’étonner que les antifas, eux, passent par toutes les mailles de tous les filets. On remarquera que Marine Le Pen, par peur sans doute d’attraper une Covid brune, s’est indirectement ralliée à l’épouvante générale en demandant la dissolution de tous les groupuscules extrémistes. Comme le président, elle en fait parfois un peu trop. Penalty raté, donc, de la communication du président qui a diffusé dans des médias complaisants, avant de devenir critique à la suite des réactions, des images de son comportement inapproprié sur le stade et dans les vestiaires. Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Son besoin compassionnel tactile de contact avec certains, sa volonté d’être le grand consolateur ont été jugés indécents, ou au moins ridicules. Il a gêné les joueurs. Fier des footballeurs le lundi, il était fier de nos militaires le mardi sur le Charles de Gaulle au large de l’Égypte, un autre grand pays démocratique proche et client de la France.
Car le dernier penalty complètement raté des médias a été celui du boycott des méchants Qataris devenus on ne sait trop pourquoi des Qatariens. Record d’audience battue. Foot : 3 ; droits de l’homme : 0. Le Qatar triomphe sur tous les plans, faisant trembler d’indignation la cause homosexuelle et LGBT. Avec en plus un éloge de toutes les personnes interrogées sur l’organisation du mondial, la propreté de Doha et la sécurité. Le bon côté des régimes autoritaires qui ressort encore plus en comparaison de notre triste situation. Un exemple pour l’organisation des Jeux olympiques, sauf que la France n’est pas le Qatar… heureusement, mais parfois on le regretterait. Ce pays a montré qu’un pays arabe riche était capable d’une organisation parfaite, et les Marocains ont rendu fier leur peuple comme les Argentins et les Croates les leurs. Les Français aussi ont bien joué, mais cette fois curieusement pas de politisation excessive de la France de la diversité. Il est vrai que, dans la dernière magnifique partie de la finale perdue, il y avait assez peu de diversité. Qui a dit – ironisent les réseaux sociaux, et pas tous de la fachosphère – qu’il n’y avait pas d’équipe africaine en finale ? Les médias auraient pu le marquer, ce but, mais ils n’ont pas osé, ils se sont contentés de la fête des vrais supporters aux joueurs qui l’ont bien méritée. Quand le foot se contente d’être du foot, c’est tout de même mieux, non ?
Tribune reprise de Polémia