Toutefois, le projet de loi de finance américaine – en supposant la guerre gagnée ou la paix acquise - n'est pas que militaire et comporte aussi une aide à la reconstruction.
Toujours vendredi, le porte-parole du département d'État (Affaires étrangères) a fait publiquement la remarque ironique que ce jeudi 22 décembre, Vladimir Poutine a, pour la première fois, abandonné le terme absurde d'« opération spéciale » pour parler de « conflit », en souhaitant « qu'il se termine le plus tôt possible ». Ce porte-parole a ajouté : « Depuis le 24 février, les États-Unis et le reste du monde savaient que "l'opération militaire spéciale" était une guerre non provoquée et injustifiée contre l'Ukraine... Finalement, après 300 jours, Poutine a appelé la guerre par son nom... Comme prochaine étape dans la reconnaissance de la réalité, nous l'exhortons à mettre fin à cette guerre en retirant ses troupes d'Ukraine. » Rappelons ici que le fait d'utiliser le mot « guerre » (война́ = voïna) au sujet de l'Ukraine a fait condamner, en Russie, de nombreuses personnes à la prison pour « propagation de fausse nouvelle ». Évolution géopolitique ou lapsus au Kremlin ?
Sur le plan de la politique intérieure américaine, il faut noter que la Chambre des représentants, dont le vote est essentiel en matière budgétaire, a adopté le projet de budget primitif par 225 voix contre 201, ce qui évite un shutdown imminent. Cela signifie que démocrates et républicains ont pu trouver un accord à l'issue d'intenses tractations, une pratique totalement ignorée dans l'Hémicycle français, nettement plus idéologique et querelleur. Mais il ne s'agit que d'un projet de budget et rien ne dit que, dès le 4 janvier - alors dégagée des hésitations de la période transitoire et du « moment Zelinsky » -, la Chambre républicaine n'ajoutera pas au budget définitif des conditions supplémentaires, moratoires, reports et réductions de programmes, selon une pratique connue du droit budgétaire américain. Les républicains veulent amener Russes et Ukrainiens à la paix et ils en ont les moyens militaires, financiers et politiques. Ce n'est pas être pro-OTAN ou pro-USA que de le dire, mais simplement réaliste.
La France aurait eu un rôle important à jouer mais il eût fallu qu'elle eût un vrai Président. Notamment, depuis six ans, pour faire appliquer les accords de Minsk. Par ailleurs, la France aurait dû encourager, cet hiver, une grande campagne nationale de production céréalière (il est encore à peine temps pour les labours d'hiver et de printemps), y compris sur les jachères. Car le blé manque déjà au monde et va manquer encore plus en 2023. Une conjoncture qui va affecter sérieusement les pays importateurs mais favoriser la Russie, dont la production céréalière d'exportation est maintenue à son niveau quasi normal. Le blé français aurait pu être stratégique.
Henri Temple
https://www.bvoltaire.fr/les-etats-unis-entendent-noyer-larmee-russe-sous-une-mer-de-dollars/