Pour le gouvernement qui prétend vouloir sauver le système de retraite par répartition, la démographie devrait être la priorité.
La baisse de la natalité aura, sur le long terme, de graves conséquences sur le financement de notre protection sociale et pèsera lourd sur notre croissance économique, alerte le haut fonctionnaire Tristan Claret-Trentelivres. La France est entrée en crise démographique. En octobre 2022, le nombre des naissances a été inférieur de 10 % à celui d’octobre 2021. Depuis 2015, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF), qui mesure le nombre d’enfants moyen par femme, ne cesse de diminuer, lentement mais sûrement. De 2,0 en 2015, il était de 1,83 en 2021, désormais loin du taux de remplacement de 2,1, permettant de stabiliser la population hors flux migratoires.
Cette crise ne se limite pas à l’Europe. L’Asie, où vit près de 60 % de la population mondiale, est en train de vieillir. L’Inde va devenir le pays le plus peuplé de la planète avec 1,43 milliard d’habitants, dépassant la Chine et ses 1,42 milliard. Mais cette progression ne doit pas faire illusion, car le ralentissement démographique est bien réel. Selon l’économiste James Pomeroy, dans une étude publiée en août par le groupe bancaire HSBC :
«La baisse du taux de fécondité mondial signifie qu’entre 2022 et 2025, il y aura plus de 14 millions de bébés en moins dans le monde par rapport aux prévisions de l’ONU. L’impact pourrait être beaucoup plus marqué à l’avenir et la baisse du taux de fécondité pourrait entraîner la réduction de moitié de nombreuses populations pendant le reste du siècle.»
«l’effondrement des taux de natalité pendant la pandémie est l’une des choses les plus importantes qui soit arrivée à l’économie mondiale de notre vivant».
Avec un taux de fécondité de 0,81 en 2021, la Corée du Sud est le premier pays de l’OCDE à être passé sous le seuil d’un enfant par femme en 2018. C’est désormais le cas également de Taiwan (0,97), suivi par la Chine avec 1,15 et le Japon avec 1,34. Très loin du renouvellement des générations établi à 2,1 enfants par femme.
Les projections de l’Institut national d’études démographiques pour 2050 mettent en avant des baisses significatives de population dans cette région du monde : moins 110 millions en Chine, moins 20 millions au Japon, moins 6 en Corée et moins 2 à Taiwan.
La Chine sera affectée par des changements colossaux. Il y a deux ans et demi, une vingtaine d’experts de l’université de Chicago publiaient une étude dans The Lancet indiquant que le pays pourrait perdre la moitié de sa population à la fin du XXIe siècle.