L’enquête ouverte par le parquet de Lyon déterminera les causes du départ de feu mais tous les regards des habitants pointent vers les dealers qui s’étaient installés dans le hall de l’immeuble avec canapé, chauffage d’appoint et réchaud.
(…) Le deal est partout dans ce quartier, en particulier dans le secteur Cervelières-Sauveteurs, où a eu lieu l’incendie, un ensemble d’immeubles composé de treize copropriétés. Perturbé quelques jours par le défilé des politiques et des journalistes, le trafic s’est déjà réinstallé. Un ballet de guetteurs, un flux de clients qui passent commande par téléphone : une chorégraphie que les habitants connaissent par cœur.
« Les gens étaient épuisés de faire la chasse aux dealers. Moi, j’ai une dizaine d’embrouilles à mon palmarès, mais les personnes âgées, elles ne peuvent plus », raconte Aylan qui décrit le 12 chemin des Barques comme un organisme fragilisé, qui n’a plus de défenses immunitaires et qui sombre.
(…) « À l’époque, c’était magnifique ! », nous raconte Felippe*, retraité, qui a acheté son appartement en 1976 et qui raconte, année après année, la lente descente aux enfers de son immeuble. Les propriétaires qui vieillissent, revendent à des propriétaires bailleurs qui, n’occupant pas les lieux, se désintéressent de plus en plus de l’entretien. La dégradation de l’image de Vaulx-en-Velin, après les émeutes, n’aide pas. Au fur et à mesure des années, la dépréciation des appartements conduit à l’arrivée de marchands de sommeil et de dealers qui squattent les immeubles en déshérence.