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L’Allemagne : Une colonie des États-Unis ?

par Prof Michel Chossudovsky

Introduction 

Il n’y a jamais eu d’« opération secrète » pour s’assurer qu’un acte de sabotage de Nord Stream serait « intraçable ».

Le projet avait été discuté à huis clos en 2021 comme l’avait souligné Seymour Hersh, mais la planification réelle de cette soi-disant « opération secrète » a commencé en décembre 2021, s’étendant jusqu’à son exécution en juin 2022 et le sabotage proprement dit les 26 et 27 septembre. 2023. (voir carte ci-dessous).

 

Fin décembre 2021, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a convoqué ce qui a été décrit comme « un groupe de travail nouvellement formé » (chefs d’état-major interarmées, CIA, département d’État et Trésor) concernant les préparatifs de guerre de la Russie.

Au sein du groupe, il y a eu un débat sur les mesures à prendre concernant Nord Stream. « La CIA a fait valoir que cela devrait être secret. Toutes les personnes [dans le groupe de travail] impliquées ont compris les enjeux ».

Début 2022 : Une opération secrète est envisagée. La CIA a rapporté au groupe de travail (Inter-agency task forrce) : « Nous avons un moyen de faire sauter les pipelines » (à savoir que  ça serait « intracable »).

Bien que nous ne soyons pas au courant des conversations dans le Oval Office de la Maison Blanche entre le président Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz, les déclarations publiques de Biden et de Scholz lors de la conférence de presse à la Maison Blanche du 7 février 2022 confirment ce qui suit :

  • L’« Opération Secrète » n’était plus Secrète,
  • La décision a été rendue publique,
  • Il y avait de facto un « accord bilatéral » entre le président américain Biden et le chancelier allemand Scholz pour procéder à l’acte de sabotage de Nord Stream 2. 

La conférence de presse Biden-Scholz à la Maison Blanche

Le 7 février 2022 : Conférence de presse de la Maison Blanche : le président Biden avec le chancelier allemand Olaf Scholz (qui était en visite officielle aux États-Unis)

Les questions ont été adressées à la fois au président Biden et au chancelier Scholz : 

Andrea (Reuters) : Q Merci, Monsieur le Président. Et merci, chancelier Scholz. Monsieur le Président, je voulais vous interroger sur ce projet Nord Stream auquel vous vous êtes longtemps opposé. Vous ne l’avez pas mentionné tout à l’heure, pas plus que le chancelier Scholz. Avez-vous reçu aujourd’hui l’assurance du chancelier Scholz que l’Allemagne mettrait fin à ce projet si la Russie envahissait l’Ukraine ? Et avez-vous discuté de ce que pourrait être la définition d’« invasion » ?

Biden : La première question d’abord. Si l’Allemagne – si la Russie envahit – cela signifie que des chars ou des troupes traversent à nouveau la frontière ukrainienne – alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. 

Q : Mais comment allez-vous – comment allez-vous faire cela exactement, puisque le projet et le contrôle du projet sont sous le contrôle de l’Allemagne ?

Biden :  Nous allons – je vous promets que nous pourrons le faire. (conférence de presse de la Maison Blanche, nous soulignons)

« Le projet est sous le contrôle de l’Allemagne »

Le chancelier Olaf Scholz répond à la journaliste de Reuters concernant la décision de Biden de « débrancher » (pull the plug) Nord Stream 2 :

Andreas (Reuters) Q : [au chancelier Scholz] Et vous engagez-vous aujourd’hui – vous engagez-vous aujourd’hui à éteindre et à débrancher (pull the plug) Nord Stream 2 ? Vous ne l’avez pas mentionné.

Scholz : Comme je l’ai déjà dit, nous agissons ensemble, nous sommes absolument unis, et nous ne prendrons pas des mesures différentesNous ferons les mêmes pas (We will do the same steps), et ils seront très, très durs pour la Russie, et ils devraient comprendre. (nous soulignons)

Sa réponse est sans équivoque. Il approuve la décision de Biden de bombarder Nord Stream, tout en évitant d’aborder le fond de la question de la journaliste de Reuters : c’est-à-dire « sous le contrôle de l’Allemagne » dont il est le chef du gouvernement.

« Opération secrète » bafouée 

« Opération secrète » ? C’est un sujet de débat par de nombreux journalistes.

Il s’agit, cependant de comprendre que cette dite opération secrète a été rendue publique lors de de la conférence de presse à La Maison Blanche du 7 février 2022, au cours de laquelle le président Biden et le chancelier Scholz ont confirmé leur intention de faire sauter Nord Stream.

En d’autres mots la soi-disant « opération secrète » était devenue nulle et non avenue.

L’Allemagne est-elle devenue une « semi-colonie » des États-Unis ?

Le chancelier Scholz se conforme pleinement aux exigences de Washington, agissant en tant que « proxy » des États-Unis. « Nous ne prendrons pas des mesures différentes », dit-il.

Olaf Scholz était parfaitement conscient que cet acte de sabotage contre Nord Stream avait été envisagé par les États-Unis (avec l’aval du gouvernement allemand), au détriment de plus de 400 millions d’Européens.

Les déclarations de Scholz lors de la conférence de presse suggèrent qu’il s’agissait d’une décision conjointe.

Entrevue vidéo : Michel Chossudovsky et Caroline Mailloux

Le chancelier Olaf Scholz donne « le feu vert » à Joe Biden

La déclaration de la conférence de presse de Biden, soutenue par le chancelier allemand Scholz, invalide l’idée qu’une soi-disant « opération secrète » se déroulait et que l’attaque américaine serait « intraçable ».

Ce n’était pas une gaffe de la part de Joe Biden. C’était une décision politique du président et de son entourage politique, dont Nuland, de rendre cette décision publique, à savoir qu’un acte de sabotage des États-Unis américain à l’endroit de Nord Stream était envisagé (avec le soutien du gouvernement allemand).

La déclaration publique de Biden reconnaît de facto que l’opération de sabotage prévue serait « traçable à la Maison Blanche ».

La déclaration de Biden a été formulée avec l’approbation du chancelier allemand Scholz plusieurs mois avant que le soi-disant acte secret de sabotage fut initié en juin 2022. 

Plusieurs analystes et journalistes se sont demandé « qui était responsable du sabotage ».

La réponse est évidente. Le président des États-Unis avec le soutien sans réserves du chancelier allemand Olaf Scholz, qui a accordé « le feu vert » à la mise en œuvre d’un acte de sabotage contre l’Allemagne et l’Union européenne.


source : Mondialisation

https://reseauinternational.net/lallemagne-une-colonie-des-etats-unis/

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